La Chine entreprend depuis le mois de mars des actions visant à rendre son économie imperméable aux cryptomonnaies, des efforts ayant notamment conduit au bannissement des fermes d'extraction de cryptomonnaies. Le Conseil d'État chinois a interdit l'extraction et le commerce des cryptomonnaies en mai, invoquant des préoccupations environnementales et financières. Ce faisant, l'Empire du Milieu a provoqué l'exode des mineurs à la recherche d'une énergie bon marché et de politiciens favorables aux cryptomonnaies. Les propriétaires de fermes d'extraction ont déplacé leur activité vers des pays voisins ou carrément vers les États-Unis.
« L'interdiction de l'extraction de bitcoins en Chine a entraîné la "grande migration minière" », a déclaré Sam Tabar, directeur de la stratégie chez Bit Digital, un mineur de bitcoins basé à New York. L'entreprise réduisait ses activités en Chine depuis octobre 2020, mais l'a totalement suspendue après l'interdiction. Le Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index, un site du Cambridge Centre for Alternative Finance qui suit le hashrate minier du bitcoin, montre que les États-Unis ont dépassé la Chine en tant que première source mondiale d'extraction de bitcoins, seulement quelques mois après que Pékin a entamé sa répression des cryptomonnaies.
En effet, les bitcoins extraits en Chine avaient jusqu'alors dominé l'offre mondiale. Elle seule représentait près de 67 % du minage de bitcoins dans le monde il y a un an. Sa domination a maintenant été réduite à néant par la répression de Pékin. En mars, moins de la moitié des bitcoins du monde étaient extraits en Chine, et en juin, ce chiffre était tombé à environ 34 %. En juillet, les opérations minières en Chine continentale avaient effectivement disparu, bien que les données du Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index montrent que certaines des installations minières ont pu être déplacées vers les pays frontaliers ou de la sous-région (cas de la Russie).
L'exploitation minière au Kazakhstan, qui borde la Chine au nord, est passée de 8,8 % en juin à plus de 18 % en août. La part des États-Unis dans le hashrate mondial est passée de 17 % en avril à 35 % en août. En outre, en septembre, Pékin est allé plus loin dans ces mesures de répression, qualifiant d'illégales toutes les activités liées aux cryptomonnaies et étendant son interdiction aux opérateurs étrangers. Michel Rauchs, responsable des actifs numériques au sein de l'observatoire de Cambridge, a déclaré que "l'effet de la répression exercée par le gouvernement chinois est une distribution géographique accrue du hashrate à travers le monde".
Il a ajouté que cela pouvait être considéré comme "un développement positif pour la sécurité du réseau et les principes décentralisés du bitcoin". « La fermeture de la Chine a été formidable à la fois pour l'industrie et les mineurs américains », a déclaré Fred Thiel, directeur général de Marathon Digital Holdings, une société d'extraction de cryptomonnaies basée à Las Vegas. « Du jour au lendemain, moins de joueurs s'en prenaient au même nombre fini de pièces », a-t-il ajouté. Thiel a déclaré que la concurrence s'est intensifiée à mesure que les mineurs chinois s'installaient dans de nouveaux endroits, notamment au Kazakhstan.
Cependant, les mineurs dispersés ont également été confrontés à des barrages routiers dans leurs nouveaux pays, soulignant les difficultés pour les entreprises de monnaie numérique d'identifier des environnements politiques prévisibles, alors que les inquiétudes augmentent quant à la surveillance financière du secteur. Didar Bekbauov, cofondateur de Xive, une plateforme de minage de cryptomonnaies basée à Almaty, a déclaré qu'"immédiatement après l'interdiction, le Kazakhstan a reçu beaucoup de machines de minage, principalement de la part de mineurs chinois qui voulaient redémarrer leurs activités dès que possible".
Les autorités ont rendu les chasseurs de cryptomonnaies exilés responsables des récentes pénuries d'énergie, en imposant aux mineurs gourmands en énergie des surtaxes pour la consommation d'électricité. Le gouvernement kazakh a également adopté une taxe sur l'exploitation des cryptomonnaies qui entrera en vigueur en 2022. Par ailleurs, l'interdiction de Pékin serait également motivée par son projet de devise numérique nationale. Le pays déploie sa propre monnaie numérique, que les autorités espèrent tester lors des Jeux olympiques d'hiver de Pékin en février 2022.
Source : Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index
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En quoi cela affectera-t-il les sources d'énergie dans le pays, quand on sait qu'avant cela, il y avait déjà des pannes fréquentes d'électricité ?
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