Publicité mensongère ou mauvaise utilisation de l'Autopilot ?
L'étude du MIT s'est penchée sur ce que les chercheurs appellent le "désengagement non critique de l'Autopilot de Tesla en conduite naturaliste sur autoroute". Elle a pour but de déterminer si les conducteurs deviennent inattentifs lorsqu'ils utilisent des systèmes de conduite partiellement automatisés. La principale prémisse de l'étude est que l'impact sur la sécurité de l'inattention au volant avec des systèmes comme l'Autopilot est inconnu jusqu'à ce que nous ayons des données sur la façon dont le comportement visuel est modifié par l'automatisation. L'étude a examiné les données de 290 cas de désengagements de l'Autopilot à l'initiative de l'homme.
En outre, les chercheurs ont aussi étudié la durée et la transition du regard à l'aide de modèles mixtes linéaires généralisés bayésiens. Le rapport, intitulé "A model for naturalistic glance behavior around Tesla Autopilot disengagements", a suivi des propriétaires de Tesla Model S et X pendant leur routine quotidienne sur des périodes d'un an ou plus dans la grande région de Boston. Les véhicules étaient équipés du système d'acquisition de données Real-time Intelligent Driving Environment Recording1, qui recueille en permanence des données provenant du bus CAN, d'un GPS et de trois caméras vidéo 720p.
Ces capteurs fournissent des données telles que la cinématique du véhicule, l'interaction du conducteur avec les contrôleurs du véhicule, le kilométrage, la localisation et la posture du conducteur, son visage et la vue devant le véhicule. Le MIT a collecté près de 804 672 km de données. Les chercheurs ont constaté que les regards en dehors de la route étaient plus longs lorsque l'Autopilot était actif que lorsqu'il était inactif. L'équipe a également constaté que la fréquence des regards hors route spécifiquement liés à la conduite était moins fréquente lorsque l'Autopilot était actif que lorsqu'il était en conduite manuelle.
Selon le rapport, pendant la conduite, les regards non liés à la conduite vers le bas ou vers la console centrale étaient les plus fréquents et les plus longs, 22 % de ces regards dépassant deux secondes. L'étude a révélé peu de différences dans la durée des regards sur la route. Elle conclut que les comportements visuels changent avant et après l'utilisation du système Autopilot. Avant que l'Autopilot ne soit désactivé, les conducteurs de l'étude regardaient moins la route et se concentraient davantage sur des zones sans rapport avec la tâche de conduite que lorsqu'ils conduisaient manuellement.
« Les modèles de comportement visuel changent avant et après le désengagement [de l'Autopilot] », indique le rapport. « Avant le désengagement, les conducteurs regardaient moins la route et se concentraient davantage sur des zones non liées à la conduite, par rapport à après la transition vers la conduite manuelle. La proportion plus élevée de regards hors de la route avant le désengagement vers la conduite manuelle n'a pas été compensée par des regards plus longs vers l'avant », ont déclaré les chercheurs. L'étude du MIT note que les conducteurs n'utilisent peut-être pas l'Autopilot comme il est recommandé.
Les chercheurs ont découvert que ce type de comportement peut être le résultat d'une mauvaise compréhension de ce que les fonctions de l'Autopilot peuvent faire et de ses limites, qui est renforcée lorsqu'il fonctionne bien. Les conducteurs ayant activé l'Autopilot peuvent naturellement s'ennuyer après avoir essayé de maintenir une vigilance visuelle et physique, ce qui, selon les chercheurs, ne fait que créer davantage d'inattention.
Tesla devrait améliorer le contrôle de l'attention au volant
Tesla fabrique les véhicules électriques les plus populaires du marché actuel. De nombreux véhicules Tesla sont équipés du système d'aide à la conduite Autopilot, qui permet aux véhicules de se conduire eux-mêmes dans certaines situations. Le système Autopilot de base de Tesla se compose d'un régulateur de vitesse adaptatif, d'un freinage d'urgence, d'une surveillance des angles morts et d'une assistance au maintien dans la voie. La voiture peut rester dans sa voie sur l'autoroute, adapter sa vitesse en fonction du véhicule qui la précède et éviter de provoquer une collision, mais pas plus.
L'Autopilot amélioré, appelé "Full Self-Driving" (FSD) ajoute la capacité de changer de voie. Les voitures équipées du pack FSD sont également capables de reconnaître les feux de signalisation et les panneaux stop. Tesla serait sur le point de mettre au point une technologie permettant à ses voitures de se diriger elles-mêmes dans les rues de la ville (même si la législation actuelle de nombreux pays ne permet pas de l'utiliser). Les systèmes de conduite autonome qui fonctionnent aussi bien en ville que sur l'autoroute constituent l'une des dernières étapes vers la création de voitures capables de se conduire complètement seules.
Cependant, le système Autopilot ne rend pas les voitures Tesla totalement autonomes et le système requiert l'attention du conducteur. Malgré son nom, l'Autopilot (ou le Full Self Driving) n'est pas un système autonome, mais plutôt un système avancé d'aide à la conduite (ADAS), et il n'est peut-être pas si sûr que cela. Au cours de ces derniers mois, plusieurs accidents très médiatisés ayant entraîné des décès se sont produits alors qu'Autopilot était enclenché. En raison de cela, les États-Unis ont ouvert le mois dernier une enquête sur le système Autopilot après que 11 véhicules Tesla se sont écrasés contre des véhicules d'urgence.
Par ailleurs, ce n'est pas la première fois que le problème du manque d'attention au volant est évoqué en ce qui concerne les conducteurs de voitures Tesla. En 2019, une enquête a révélé que le nom "Autopilot" prêtait à confusion. Selon l'enquête, le nom "Autopilot" peut conduire les conducteurs à surestimer les capacités réelles des voitures Tesla. L'année dernière, le sénateur américain Edward Markey a déclaré la même chose à propos de l'Autopilot. Selon lui, ce nom peut non seulement induit les conducteurs en erreur, mais serait également à l'origine du manque d'attention au volant. Il a demandé à l'entreprise de changer le nom.
Cette fois, les chercheurs du MIT ont déclaré que l'objectif de l'étude n'est pas de faire honte à Tesla, mais plutôt de plaider en faveur de systèmes de gestion de l'attention du conducteur, capables de lui donner un retour d'information en temps réel ou bien d'adapter les fonctionnalités d'automatisation en fonction du niveau d'attention du conducteur. À l'heure actuelle, l'Autopilot utilise un système de détection des mains et des roues pour contrôler l'engagement du conducteur, mais il ne surveille pas l'attention du conducteur par le biais du suivi des yeux ou de la tête.
L'étude soutient le développement de solutions visant à garantir que les conducteurs restent suffisamment engagés dans les tâches de conduite. Cela aiderait non seulement les systèmes de surveillance des conducteurs à traiter les regards "atypiques", mais cela peut également servir de référence pour étudier les effets de l'automatisation sur le comportement du conducteur en matière de sécurité. Des sociétés comme Seeing Machines et Smart Eye travaillent déjà avec certains constructeurs automobiles afin d'apporter des systèmes de surveillance du conducteur par caméra aux voitures équipées d'un système ADAS.
Ils cherchent aussi à apporter des solutions pour résoudre les problèmes causés par la conduite en état d'ivresse ou sous l'emprise de l'alcool. Selon les analystes, la technologie existe. La question est de savoir si Tesla l'utilisera. D'ici la fin de la semaine, des milliers de propriétaires de Tesla pourraient tester la dernière version bêta du FSD, la version 10.0.1, sur les routes publiques. Cette version promet davantage de fonctions de conduite automatisée.
Source : Rapport de l'étude
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Pensez-vous que le nom Autopilot induit les conducteurs en erreur ?
Changer le nom permettra-t-il de résoudre le problème du manque d'attention au volant ?
Voir aussi
Autopilot de Tesla : les États-Unis enquêtent sur la fonctionnalité après que 11 Tesla se sont écrasées contre des véhicules d'urgence
Un sénateur US estime que le nom "Autopilot" de Tesla peut emmener les conducteurs à surestimer les capacités réelles du véhicule et demande à l'entreprise de le modifier
Le nom de système "Autopilot" peut conduire les conducteurs à surestimer les capacités réelles des Tesla, selon une enquête