
estimant que le système de balayage d'Apple sape la communication confidentielle
Le Parlement allemand est la première institution gouvernementale à s'inviter dans le débat sur les nouvelles fonctionnalités de détection d'images de CSAM qu'Apple a prévu de déployer sur les iPhone et les iPad plus tard cette année. Dans une lettre envoyée au PDG d'Apple Tim Cook, Manuel Hoferlin, le président de la commission de la stratégie numérique du Parlement allemand lui a fait part de ses préoccupations concernant une surveillance de masse. Le responsable a écrit à l'entreprise qu'elle s'engage sur une "voie dangereuse" et que sa décision met en danger "la communication sécurisée et confidentielle".
Les critiques des projets d'Apple concernant les nouvelles fonctions de protection de l'enfance ne s'arrêtent pas. Depuis que l'entreprise a annoncé la semaine dernière qu'elle déploiera de nouvelles fonctionnalités pour détecter localement les photos connues d'abus d'enfants (Child Sexual Abuse Material - CSAM) sur les iPhone et d'autres dispositifs de la marque, le projet a suscité beaucoup d'inquiétudes et de controverses concernant la vie privée des utilisateurs. Le géant de Cupertino est accusé de vouloir mettre en place une porte dérobée pouvant permettre aux gouvernements autoritaires ou répressifs de cibler, surveiller et réprimer les opposants ou d'autres sujets.
Désormais, le débat n'est plus seulement entre Apple et la communauté, regroupant les experts en cybersécurité, les lanceurs d'alertes, les organismes de défense de la vie privée en ligne et les journalistes. Les critiques ont maintenant atteint le Bundestag allemand, le Parlement national, qui se mêle de l'affaire. Celui-ci s'aligne derrière la communauté et dénonce également une surveillance de masse qu'Apple s'apprête à mettre en place. Dans une lettre adressée à Tim Cook, le chef de la commission de la stratégie numérique du parlement allemand, Manuel Hoferlin, souhaite qu'Apple reconsidère ses projets de CSAM en vue de préserver les acquis en matière de vie privée en ligne.
La nouvelle de lettre a été rapportée pour la première fois par le média allemand Heise Online. Selon Hoferlin, avec la reconnaissance locale prévue des photos d'abus sur les iPhone, Apple s'engage sur une "voie dangereuse" et porte atteinte à la "communication sécurisée et confidentielle". Selon le parlementaire, Apple doit s'abstenir de mettre en œuvre la fonction - à la fois pour éviter des "problèmes prévisibles" pour l'entreprise et pour protéger la société de l'information moderne. Il suggère que les mesures de protection prévues par l'entreprise contre les cas de détournements possibles ne pourront rien face à la menace des gouvernements.
« Le balayage prévu par le CSAM serait la plus grande violation de la barrière pour la confidentialité de la communication que nous ayons connue depuis l'invention de l'Internet », a écrit Höferlin dans la lettre qu'il a envoyée à Tim Cook mardi. « Chaque contenu scanné finit par détruire la confiance des utilisateurs dans le fait que leur communication n'est pas surveillée. Sans les communications confidentielles, cependant, Internet devient le plus grand outil de surveillance de l'histoire. Ainsi, la promesse d'Apple de limiter étroitement les fonctions ne pourrait rien y changer » a mis en garde le membre du Bundestag.
Malgré les assurances données par Apple, le parlementaire insiste sur le fait qu'une porte dérobée étroite reste une porte dérobée. Selon lui, les demandes d'ouverture de la porte dérobée pour scanner d'autres types de contenu sont inévitables et Apple pourrait risquer l'accès aux principaux marchés internationaux si elle les rejette. « Même une porte dérobée étroite resterait en fin de compte une porte dérobée », a écrit Höferlin, faisant référence à Édouard Snowden et à l'organisation de défense des droits civils EFF (Electronic Frontier Foundation) qui avaient déjà critiqué les nouvelles fonctions prévues par Apple avec des arguments similaires.
« Les demandes d'extension de la fonction de balayage à d'autres contenus sont prévisibles et Apple pourrait perdre l'accès à de vastes marchés en refusant ces demandes », a-t-il poursuivi. Jusqu'à présent, Tim Cook, le patron d'Apple est resté silencieux par rapport à la controverse que suscitent les nouvelles fonctionnalités de l'entreprise pour la détection d'images de CSAM. Pour rappel, les fonctions de protection de l'enfance prévues par Apple pour l'automne prochain comprennent un filtre pour les photos de nus dans iMessage et un système indépendant de détection des contenus connus d'abus sur les enfants dans les photos iCloud.
Dans le cas de ce deuxième système, une partie fonctionnera localement sur les iPhone et iPad. Selon les précisions d'Apple sur ce système, lorsqu'un seuil d'environ 30 occurrences est atteint sur le dispositif d'un utilisateur, l'entreprise en est informée et peut passer les photos au crible, puis les signaler aux autorités compétentes. Après une communication de crise mouvementée, le patron des logiciels d'Apple a tenté une nouvelle fois de dissiper les inquiétudes à la fin de la semaine dernière. La communauté semble impatiente d'écouter les explications de Tim Cook sur ces nouvelles fonctionnalités sensées accroître la protection des enfants.
Par ailleurs, la lettre du Bundestag arrive un jour après qu'un syndicat allemand de journalistes a demandé à la Commission européenne de se pencher sur la question, en raison de la perception d'une "violation de la liberté de la presse". En effet, les outils CSAM d'Apple ont également suscité les critiques des journalistes d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse. Le syndicat de journalistes DJV, l'association des journalistes allemands, estime qu'Apple "a l'intention de surveiller les téléphones portables localement à l'avenir". Dans un communiqué de presse, le syndicat qualifie ces outils de "violation de la liberté de la presse".
Il a demandé instamment à la Commission européenne et aux ministres fédéraux de l'intérieur autrichien et allemand de prendre des mesures. « Apple a introduit un outil avec lequel une entreprise veut accéder aux données d'autres utilisateurs sur leurs propres appareils, comme des contrats et des documents confidentiels, ce qui constituerait une violation des règles du GDPR », dénonce Hubert Krech, porte-parole de l'association AGRA. Dieter Bornemann, porte-parole du conseil de rédaction de l'ORF, suggère que les gouvernements peuvent se servir de ces fonctionnalités pour réprimer les journalistes engagés dans la cause LGBT.
Frank Uberall, président du DJV, ajoute que cela pourrait être la première étape d'une longue série. « Les images ou les vidéos des opposants au régime ou les données des utilisateurs seront-elles vérifiées à un moment donné à l'aide d'un algorithme ? », a demandé Uberall. Le groupe rejette également l'affirmation selon laquelle il ne s'appliquera qu'aux États-Unis, car la plupart des médias européens ont des correspondants dans le pays. « Ce qui commence aux États-Unis suivra certainement en Europe aussi », a déclaré le DJV. Il est important de noter qu'Apple a déclaré que les fonctionnalités seront déployées en premier lieu aux États-Unis, puis dans les autres pays, selon les lois locales.
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