
elle permettra de surveiller les mouvements et l'état de santé des gens dans les lieux publics
Alors que les pays déploient les uns après les autres le pass sanitaire sur le Vieux Continent, Ruili, une petite ville chinoise frontalière du Myanmar (ex-Birmanie), a choisi d'utiliser des caméras de reconnaissance faciale afin de surveiller les déplacements des habitants et d'éradiquer un petit foyer de Covid-19. Pour ce faire, les caméras devraient suivre les mouvements et l'état de santé d'une personne lorsqu'elle entre et sort de zones résidentielles, de supermarchés, de centres de transport et d'autres lieux publics dans la région. Il s'agit du premier cas rapporté publiquement d'utilisation de la reconnaissance faciale dans la lutte contre le Covid-19.
La Chine est l'un des pays les plus surveillés au monde, le gouvernement aurait fait installer plus de 200 millions de caméras de vidéosurveillance pour couvrir tous les espaces publics au cours des cinq dernières années. La surveillance a été largement utilisée pour combattre le Covid-19 en Chine, qui a été le premier pays à adopter un système de code QR pour enregistrer les résultats des tests et suivre les contacts. Selon les statistiques publiées dernièrement, le pays a presque vaincu le virus, mais de nouveaux petits foyers de propagation voient toujours le jour, comme c'est le cas dans la ville de Ruili.
Ruili, une ville de plus de 210 000 habitants, est un important point de passage depuis la ville de Muse, au Myanmar voisin, qui connaît des troubles croissants depuis le coup d'État du 1er février. Les autorités chinoises craignent le fait que les gens traversent la frontière chinoise pour échapper à la violence. Selon la Commission provinciale de la santé de la province du Yunnan, près de la moitié des nouveaux cas signalés la semaine dernière étaient des ressortissants du Myanmar, sans que l'on sache exactement comment ils sont entrés dans la ville. Les autorités de la ville ont déclaré avoir découvert 155 cas au cours de la semaine écoulée.
Ainsi, pour limiter le risque de contagion et éradiquer le virus, ils ont fait appel à la reconnaissance faciale. C'est le premier cas rapporté d'utilisation de la technologie de reconnaissance faciale pour suivre les mouvements et l'état de santé d'une personne lorsqu'elle entre et sort de zones résidentielles, de supermarchés, de centres de transport et d'autres lieux publics. « Toute personne qui entre et sort doit faire scanner son code (de santé) et son visage pour pouvoir passer », ont déclaré à la presse des responsables de Ruili. Ils ont déclaré qu'ils entendent déployer une forte artillerie pour rapidement en finir.
« Des outils de sécurité tels que des caméras de reconnaissance faciale, des serrures de porte intelligentes, ainsi que des barrières routières (gérées par la police ou des bénévoles de la communauté) ont été mis en place dans les zones clés », ont-ils ajouté. Selon la Radio nationale chinoise, les scanners peuvent également vérifier la température des individus. Pour l'instant, il n'y a pas de détails sur la durée de conservation des données dans la base de données ni sur la fermeture du système, qui est contrôlé par le groupe de travail sur la prévention des pandémies de la ville, une fois l'épidémie contenue.
En effet, si la tactique peut s'avérer efficace, certains ont toutefois exprimé leur inquiétude quant à la multitude de nouvelles applications de surveillance de la santé déployée dans le pays depuis le début de la crise sanitaire. Selon une enquête du New York Times publiée en janvier, une application très répandue, développée par le géant chinois de l'e-commerce Alibaba et permettant de suivre l'historique des voyages et les tests de dépistage des virus, a partagé des données avec la police.
Au plus fort de la pandémie, les policiers des grandes villes portaient des casques équipés d'une reconnaissance faciale et de caméras infrarouges qui mesuraient la température des piétons. Pendant ce temps, en France, Laurent Wauquiez veut autoriser la reconnaissance faciale dans les trains et les gares, financer l’achat de logiciel d’analyses comportementales et multiplier les caméras de vidéosurveillance. Contrairement à la ville de Ruili, le projet de Wauquiez n'a pas pour objectif de lutter contre le Covid-19. Pour cela, la France compte déjà sur le pass sanitaire récemment adopté par l'UE.
Wauquiez veut en effet déployé un programme de surveillance comme ceux rencontrés dans les grandes villes chinoises et dans d'autres pays. Pour certains analystes, le projet de Laurent Wauquiez est un pur projet de Technopolice, dangereux et illégal, que l’assemblée plénière du conseil régional se doit de rejeter. Wauquiez doit présenter un projet qu’il entend bien faire voter. Au programme, notamment :
- accompagner, dans les trains régionaux et les gares à titre expérimental, un premier dispositif de reconnaissance faciale, uniquement accessible aux autorités compétentes ;
- déployer la vidéoprotection à l’intérieur des cars scolaires et interurbains ;
- poursuivre l’équipement en caméras de vidéoprotection en temps réel des trains régionaux ;
- renforcer le bouclier “vidéoprotection” avec 10 000 caméras supplémentaires et en l’étendant à la vidéoprotection intelligente ainsi qu’à l’expérimentation de systèmes innovants.
Dans le document qui présente le projet, Wauquiez revient ainsi sur sa politique de sécurité des dernières années : déploiement massif de caméras dans les gares, les trains et les lycées, financement de la vidéosurveillance en temps réel… Selon lui, cela ne suffit toujours pas : il faut surveiller encore plus et « intégrer de nouveaux espaces », comme les « stationnements des vélos, certains ascenseurs, passages souterrains, passerelles », sans oublier « l’ensemble des transports scolaires ». Wauquiez n’est pas le seul avec de tels projets. Il rejoint Christian Estrosi qui désire déployer des projecteurs de lumière ultrapuissants qui se déclencheraient en cas d’attroupements.
De plus en plus de pays suivent la Chine sur cette voie (l’utilisation de la reconnaissance faciale). Selon un rapport de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, au moins 75 pays utilisent de façon active des outils d'intelligence artificielle tels que la reconnaissance faciale pour la surveillance de masse. Dans le cas de la France, la reconnaissance faciale en temps réel n’est toujours pas autorisée. De nombreuses expérimentations ont pourtant déjà lieu, et des sociétés se positionnent, avec dans leur viseur les Jeux olympiques de Paris en 2024.
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