
Blaston ne diffusera plus les publicités Oculus VR
Après que l'idée de Facebook de diffuser des publicités dans WhatsApp a rencontré une forte opposition il y a quelques années, l'entreprise est revenue avec l'idée de diffuser des publicités sur la plateforme Oculus. Selon un porte-parole de Facebook, les sociétés (ou les développeurs) de jeux gagneront une partie des revenus générés par la publicité, mais il n'a pas divulgué leur part. Cette annonce intervient quelques mois après que Facebook a déclaré qu'il était désormais obligatoire d'avoir un compte Facebook pour utiliser un casque Oculus, une initiative qui avait déjà été très mal accueillie par les utilisateurs à l'époque.
Lors de son annonce la semaine dernière, Facebook a averti les utilisateurs qui créent des comptes Facebook "fantômes" dans le seul but d'activer les fonctionnalités VR d'Oculus qu'ils pourraient être pénalisés. Le premier partenaire présenté par Facebook pour accueillir les publicités d'Oculus VR est le suédois Resolution Games et elles seront diffusées dans le jeu Blaston. Cela dit, si l'idée d'être assailli de publicités dans un jeu est déjà assez mauvaise, le fait que les joueurs soient assaillis dans un jeu pour lequel ils ont déjà payé a suffi à mettre certains joueurs hors d'eux. Les commentaires négatifs ont fusé de partout.
Presque immédiatement après l'annonce par Facebook de son intention de "submerger" les utilisateurs de Blaston de publicités, la page du jeu sur la boutique Oculus a été assaillie de critiques à une étoile. « Si nous étions d'accord avec les publicités, nous jouerions à certains des milliers de jeux gratuits financés par des publicités au lieu d'acheter ce que nous pensons être un produit haut de gamme. Supprimez les publicités ou rendez-nous notre argent », a écrit un critique. « Pourquoi diable vais-je voir des publicités pour un jeu que j'ai payé au prix fort sur un casque que j'ai payé au prix fort ? », a demandé un autre.
« Sont-ils VRAIMENT à ce point à court d'argent qu'ils doivent nous soutirer chaque centime ? », a continué ce dernier. Ces commentaires ont poussé le développeur à faire marche arrière. « Après avoir écouté les commentaires des joueurs, nous réalisons que Blaston n'est pas le mieux adapté à ce type de test publicitaire. Par conséquent, nous ne prévoyons plus de mettre en œuvre ce test », a écrit la société sur Twitter lundi après-midi. Néanmoins, Resolution Games a annoncé quelques heures plus tard qu'elle prévoyait de déployer un "test temporaire" des publicités d'Oculus dans un autre de ses jeux, un titre de pêche gratuit appelé Bait.
Pour le moment, Facebook n'a pas donné de détails sur ce à quoi ressembleront les publicités dans l'environnement Oculus. Beaucoup craignent toutefois que ces publicités soient aussi dangereuses pour la vie privée que la myriade d'autres produits publicitaires de Facebook. Dans un billet de blogue publié par Facebook pour annoncer les premiers essais de publicité VR, la société a promis qu'elle ne siphonnerait qu'un minimum de données à partir de toutes les publicités diffusées sur la plateforme Oculus ; des données comme le fait que vous ayez cliqué sur une publicité ou choisi de la fermer, par exemple.
Le billet promettait que certaines données de l'appareil – comme vos mouvements, tout son capté par votre microphone, ou votre taille, votre poids et les données sur votre sexe que vous fournissez – ne seraient pas utilisées pour le ciblage publicitaire. Alors, peut-on vraiment croire ce que Facebook dit ?
Oculus est devenu peu à peu un espace publicitaire
Facebook Inc. a acquis WhatsApp et Oculus VR en 2014, le premier en février et le second quelques mois après. Dans le cas de WhatsApp, il avait promis de continuer à développer l'application indépendamment de son réseau social principal Facebook, garantir la vie privée et la confidentialité des utilisateurs et enfin, de ne pas en faire une plateforme de publicité. Mais au fil des ans, Facebook a rompu ces promesses l'un après l'autre. Seulement 18 mois après le rachat, Facebook a poussé WhatsApp à modifier ses conditions de service pour donner au réseau social l'accès aux numéros de téléphone des utilisateurs.
Il a également eu accès à des données telles que les appareils et systèmes d'exploitation utilisés par les utilisateurs. Selon plusieurs rapports, Facebook prévoyait à l'époque de diffuser des publicités dans WhatsApp, mais a plus tard abandonné le projet. Toutefois, les données auxquelles il avait accès désormais pourraient lui permettre de créer des profils spécifiques à l'utilisateur pouvant être diffusés sur Facebook et Instagram. Ces profils pourraient ensuite être utilisés pour le ciblage publicitaire ou l'exploration de données Facebook. La société semblait chercher un moyen de rentabiliser son investissement de 16 milliards de dollars dans WhatsApp.
Ces actions, contraires aux règles initiales de l'application, ont conduit Jan Koum, cofondateur de WhatsApp, a quitté Facebook en avril 2018. L'on estime en effet que les accrochages entre Zuckerberg et lui au sujet de la façon de traiter les données de WhatsApp devenaient fréquents. Quelques mois plus tard, c'était au tour de Brian Acton, le deuxième cofondateur de WhatsApp, de quitter Facebook. Les deux ont ensuite mené des campagnes pour inciter les gens à abandonner Facebook et ses réseaux en vue de protéger leur vie privée. Ils ont aussi soutenu à partir de 2019 les actions qui appellent au démantèlement de Facebook.
Les efforts permanents de Facebook visant à transformer toutes ses propriétés en des espaces publicitaires ne se sont pas réduits avec le temps. L'entreprise a forcé cette année le partage de données entre WhatsApp et Facebook malgré l'opposition des utilisateurs et de certains régulateurs étatiques. Avant cela, la société a obligé en août 2020 les utilisateurs de casque Oculus à créer un compte Facebook au risque de voir leur appareil inutilisable. Notons que, comme dans le cas de WhatsApp, Facebook avait promis qu'il ne partagerait pas les données d'Oculus VR avec Facebook et qu'il n'utiliserait pas les données Oculus VR à des fins publicitaires.
Mais l'entreprise a fait exactement le contraire dès décembre 2009. Si la tension que cela a suscitée semblait s'être calmée, Facebook a rajouté une couche dernièrement lorsqu'il a annoncé qu'il allait désormais diffuser des publicités dans les applications Oculus Quest. Les actions successives de Facebook lui ont permis de faire d'Oculus VR une plateforme pouvant également accueillir des publicités. Si cette initiative a mis en rogne la communauté des joueurs, cela ne semble pas pour l'instant intéresser les régulateurs aux États-Unis ni dans l'Union européenne. L'on se demande quelle sera la prochaine étape du plan de l'entreprise.
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