La société d'investissement Truffle Capital, le Syntec et des analystes du CXP (Centre d’Expertise des Progiciels) viennent de publier la 7ème édition du Truffle 100 France, leur classement annuel des éditeurs de logiciels hexagonaux.
Pour ces analystes le constat est clair, le secteur est en « sortie de crise ».
« 82 % des sociétés ont bénéficié d’une croissance de leurs chiffres d'affaires (CA) contre 70 % en 2009 », souligne le rapport, même si « les disparités demeurent importantes ». Le chiffre d'affaires total du secteur est passé de 6 milliards d'Euros (2009) à 6,6 en 2010. Une progression de 10% qui est encore plus forte si l'on ne prend en compte que l'édition (et pas les contrats de support) qui passe de 4 à 4,7 milliards d'euros de CA.
L'année dernière ces résultats avaient également progressé mais les bénéfices avaient, paradoxalement, fondu. Ce n'est pas le cas cette année. Les profits sont repartis à la hausse et ont même largement dépassé ceux de l'avant crise. « Le résultat net total du Top 100 [s'élève] à 543 M€ contre 254 M€ en 2009 (et 432 en 2008) ».
L'emploi n'est pas en reste. Les effectifs totaux du secteur sont passés d'environ 54.000 personnes à 57.500, soit une progression de 6,8%. Mieux, les postes de R&D ont augmenté de plus de 10% (10.520 personnes à 11.460). Un constat qui confirme celui du Pôle Emploi : les cadres ingénieurs IT sont très recherchés et parmi les plus difficiles à recruter en 2011.
Les emplois se situent à 81% en région parisienne. Un constat qui, année après année, ne change pas. Géographiquement, l'activité du logiciel français est concentrée en Ile-de-France et en région Rhone-Alpes. « Les deux principales régions représentent 90 % du CA », note l'étude.
Dans le détail, Paris et sa banlieue représentent 80% du chiffre d'affaires du secteur, 81% des effectifs totaux et 76% des effectifs R&D. Lyon et ses alentours réalisent 10% du CA et attirent 8% des effectifs (9% des emplois R&D).
Coté entreprises, Dassault Systèmes domine toujours très largement le classement français et réalise à lui seul 33% des revenus du secteur.
Comme pour la répartition géographique, c'est un constat de concentration qui s'impose. Les cinq premiers du classement (Dassault, SOPRA GROUP – AXWAY, MUREX, CEGID et LINEDATA SERVICES) réalisent plus de la moitié (55%) de la valeur des ventes globales. Les 10 premiers totalisent 64% de ses ventes et les 20 premiers, 74%.
Le Truffle 100 est également l'occasion de faire le point sur les tendances profondes du marché qui devraient s'amplifier à l'avenir.
Sans surprise, le Cloud Computing est cité comme la nouveauté majeure par Laurent Calot, Président du Directoire de CXP, qui y voit « une révolution en marche ».
Qui dit Cloud, dit également virtualisation, « le pré-requis technique du Cloud. […] Avec le Cloud, la virtualisation, engagée avec les serveurs, s'étend à toutes les ressources, gagne les couches hautes du système d'information, englobant les postes de travail et les applicatifs. […] Elle participe au mouvement général de l'éclatement des infrastructures traditionnelles. [...] Les entreprises doivent s'y préparer ».
Corollaire de l'informatique dans les nuages, Laurent Calot voit déferler dans les mois qui viennent « la vague du SaaS. [...] Le progiciel traditionnel (ou "on premise" a vécu, vive le "progicloud" », écrit-il.
Progression de la dématérialisation, montée en puissance de l'informatique et des usages mobiles, nécessité d'offres logicielles plus adaptables et plus personnalisables, démocratisation et simplification d'utilisation des solutions BI et entrée des pratiques « 2.0 » comme les réseaux sociaux d'entreprise (qui « ont vocation à assurer aujourd'hui une communication plus directe, plus immédiate, conversationnelle») dans le milieu professionnels sont autant de grands axes que l'analyste voit structurer l'avenir du secteur (« même si "l'entreprise 2.0" reste une utopie ! », tempère-t-il).
Un secteur en mutation qui devra gérer un autre virage, celui qui amènera une partie importante des éditeurs à passer « de l'informatique à la gestion de l'information » (pour lutter contre « les effets pervers de l'infobésité (sic) »).
Pour mémoire, et pour compléter ce rapport, rappelons que la France représente 2% de la production mondiale de logiciels. Soit 4 fois moins qu'Oracle ou IBM, et 9 fois moins que Microsoft seul.
Classement 2011 du Truffle 100 France (PDF)
Classement des 30 éditeurs français les plus importants selon le Truffle 100 :
Truffle 100 : le palmarès 2011 des éditeurs de logiciel Français
Reprise de la croissance et de l'emploi dans un secteur toujours très concentré
Truffle 100 : le palmarès 2011 des éditeurs de logiciel Français
Reprise de la croissance et de l'emploi dans un secteur toujours très concentré
Le , par Gordon Fowler
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