Après le témoignage des PDG des GAFA l'été dernier, cette nouvelle audition était très attendue des membres de la communauté, notamment en raison des points qui ont été discutés. L'audience est axée sur le rôle des médias sociaux dans la diffusion de la désinformation et de l'extrémisme, l'insurrection du 6 janvier au Capitole des États-Unis et les fausses informations sur la pandémie. Lors de l'audition, les législateurs des deux partis ont accusé Facebook, Google et Twitter d'avoir causé des dommages hors ligne aux enfants, à la santé publique et à la démocratie.
Jack Dorsey de Twitter a reconnu publiquement la part de responsabilité de sa plateforme dans les faits qui leur sont reprochés. En effet, le représentant Mike Doyle, démocrate de Pennsylvanie, a demandé aux PDG si les services de médias sociaux ont contribué à la diffusion de fausses informations qui ont conduit aux événements du 6 janvier et à la planification de l'attaque. Doyle a insisté pour que les PDG répondent par "oui" ou par "non". Dorsey a été le seul dirigeant à répondre directement par l'affirmative. Rappelons que, selon les chiffres officiels, les troubles au Capitole le 6 janvier ont fait cinq morts, dont un policier du Capitole.
Toutefois, Dorsey a pris le soin d'apporter certaines clarifications. « Oui », a-t-il dit. « Mais vous devez également prendre en considération l'écosystème plus large. Il ne s'agit pas seulement des systèmes technologiques que nous utilisons », a-t-il continué. En outre, pendant l'audition, Dorsey a tweeté « ? » avec un sondage demandant aux utilisateurs de Twitter de voter "oui" ou "non" à la question que le représentant Doyle venait de lui poser. Par la suite, la représentante démocrate Kathleen Rice a lui demandé : « M. Dorsey, qu'est-ce qui l'emporte, oui ou non, dans le sondage de votre compte Twitter ». Dorsey a répondu « oui ».
Son sondage de jeudi après-midi a recueilli, jusqu'à la rédaction de cet article, 98 076 votes. Si Dorsey, pour ce que ça vaut, a répondu « oui » à la question de Doyle, sur Twitter, "oui" gagne par une marge de 65,4 % contre 34,6 %. Par ailleurs, outre la désinformation, les représentants ont également interrogé les dirigeants sur des sujets tels que le harcèlement, les discours de haine et l'extrémisme. Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, et Sundar Pichai, PDG de Google, n'ont pas répondu par "oui" ou "non". Pour sa part, Pichai a déclaré qu'il s'agissait d'une "question complexe".
Mark Zuckerberg a quant à lui complètement rejeté toute responsabilité quant au rôle de sa plateforme dans la diffusion de fausses informations. Tout au long de l'audition, Dorsey a aimé des tweets critiquant certains aspects de la session, notamment en demandant pourquoi les membres du Congrès prononçaient mal le nom de Pichai, et a répondu à un tweet confirmant qu'il était pieds nus pendant l'appel. De leur côté, les législateurs des deux partis tentaient de coincer les PDG en leur posant des questions auxquelles ils ne pouvaient répondre que par "oui" ou "non", les interrompant lorsqu'ils tentaient de donner des réponses plus longues.
L'attaque du Capitole et les actions des médias sociaux qui ont suivi
Avant que les partisans de Donald Trump, alors président, ne prennent d'assaut le Capitole le 6 janvier dernier, des informations erronées sur les résultats de l'élection présidentielle avaient tourbillonné sur les sites de médias sociaux. Les mensonges selon lesquels l'élection avait été volée à Trump étaient courants, tout comme les fausses théories de conspiration sur la façon dont le président Biden avait obtenu les voix nécessaires pour gagner. Après l'attaque, Twitter et Facebook ont interdit à Trump de publier sur leurs plateformes, estimant que ses agissements ne respectaient pas leurs conditions d'utilisation.
Twitter a été le premier à censurer Trump après qu'il a partagé une vidéo dans laquelle il qualifiait les émeutiers de "très spéciaux" et "injustement traités", mais a hésité à retirer la vidéo du site. YouTube et Facebook ont retiré la vidéo plus tôt que Twitter. La représentante Jan Schakowsky, démocrate de l'Illinois et présidente de la sous-commission de la protection des consommateurs et du commerce de la Chambre des représentants, a déclaré que les fausses informations sur la pandémie et l'élection présidentielle du 3 novembre dernier ont entraîné la perte de vies humaines.
« Les témoins présents aujourd'hui ont démontré à maintes reprises que l'autorégulation n'a pas fonctionné. Ils doivent être tenus responsables pour avoir permis la diffusion de la désinformation et de la mésinformation », a déclaré Schakowsky. Le président de la commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants, Frank Pallone, a exprimé sa frustration à l'égard de Facebook, et a déclaré que l'entreprise amplifie la désinformation. « C'est pourquoi le Congrès doit agir », a déclaré Pallone. « Vous n'êtes pas des spectateurs, vous encouragez ces choses ».
Entre-temps, le représentant Gus M. Bilirakis (R-Fla.), le républicain le plus haut placé dans la sous-commission de la protection des consommateurs, a déclaré qu'il avait entendu des électeurs parler du harcèlement en ligne et que la commission pouvait s'unir pour imposer des changements sur les plateformes. « Ce que je veux entendre, c'est ce que vous ferez pour ramener notre pays des marges et mettre fin aux pratiques toxiques qui poussent à la dépression, à l'isolement et au suicide », a déclaré Bilirakis. « Nos enfants sont perdus, alors que vous dites que vous allez essayer de faire mieux, comme nous l'avons déjà entendu d'innombrables fois ».
Enfin, la représentante Cathy McMorris Rodgers (R-Wash), la républicaine la plus importante de la commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants, a dit aux PDG que leurs plateformes sont sa « plus grande crainte en tant que parent ».
Et vous ?
Quel est votre avis sur le rôle des médias sociaux dans l'attaque du Capitole américain ?
La question de la désinformation ne date pas d'aujourd'hui, que suggérez-vous pour la résoudre ?
Pensez-vous que la législation (l'article 230 de la CDA) qui protège les plateformes en ligne devrait être révoquée ?
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