En droite ligne avec ces développements, l’équipe de mainteneurs de Gitlab annonce une mise à jour du nommage de la branche par défaut des projets sur la plateforme.
« Chaque dépôt Git possède une branche initiale, qui est la première branche à être créée lorsqu'un nouveau dépôt est généré. De façon historique, le nom par défaut de cette branche initiale était master. Ce terme provient de Bitkeeper, un prédécesseur de Git. Bitkeeper faisait référence à la source de vérité comme le "dépôt maître" et les autres copies comme des "dépôts esclaves". Cela montre à quel point les références maître/esclave ont été courantes dans la technologie et illustre en même temps la difficulté de savoir comment le terme maître doit être interprété. Les mainteneurs du projet Git, en coordination avec la communauté au sens large, ont écouté les commentaires de la communauté de développement pour déterminer un nom plus descriptif et plus inclusif pour la branche par défaut et offrir aux utilisateurs des options pour changer le nom de la branche par défaut (généralement maître) de leur dépôt », indique-t-elle.
L’année 2020 pourrait en raison de ces changements être considérée comme celle de la prise de conscience mondiale sur les relations raciales. Dans l’univers de l’informatique, cette « vision globale des relations interraciales » se traduit par des appels au passage à des termes considérés comme plus inclusifs dans le but de lutter contre le racisme.
Par exemple, Linus Torvalds a procédé au cours du mois de juillet 2020 à l’intégration d’un guide terminologique à l’arborescence du projet Linux. Le document dénommé "Linux kernel inclusive technology" liste des termes comme master, slave, blacklist et whitelist comme étant à éviter dans le futur par la chaîne des contributeurs au noyau. Les modifications du code existant sont également dans le viseur, mais des exceptions sont prévues pour ce qui est de la maintenance d'une API d'espace utilisateur ou lors de la mise à jour d'un code pour une spécification qui rend ces termes obligatoires.
Cette inclusion faisait suite à la proposition formulée par l'ingénieur principal d'Intel – Dan Williams. Elle bénéficiait déjà du soutien d’autres mainteneurs Linux dont Chris Mason et Greg Kroah-Hartman.
« La traite des esclaves africains était un système brutal de misère humaine déployé à l'échelle mondiale. Les décisions relatives au choix des mots dans un projet de logiciel moderne ne sauraient effacer ce malheureux héritage, mais peuvent aller dans le sens de maximiser la disponibilité et l'efficacité de la communauté mondiale des développeurs pour participer au processus de développement du noyau Linux », avait déclaré Dan Williams lors de la sortie de la proposition.
On dénombre 19 500 mentions du terme slave au sein de l’arborescence du noyau avec une prédominance de ces dernières au sein des sections de code dédiées à la gestion du réseau. La chaîne de caractères master pour sa part est mentionnée 26 900 fois. Le décompte pour ce qui est de blacklist est de 888. Le noyau Linux quant à lui mobilise 69 300 fichiers texte, 3,54 millions de lignes de commentaires et 20,1 millions de lignes de code.
Cette annonce de l’introduction de ce guide terminologique au sein de l’arborescence du noyau s’inscrivait dans une tendance générale à l'assainissement du langage technique dans l'ensemble de la communauté technologique. Après que les manifestations de Black Lives Matter ont éclaté aux États-Unis et dans certaines régions d'Europe, plusieurs entreprises ont annoncé leur intention de cesser d'utiliser des termes racistes et esclavagistes dans leur documentation technique. Des entreprises comme Twitter, GitHub, Microsoft, LinkedIn, Google, Ansible et d'autres se sont engagées à modifier le langage technique de leurs produits et de leur infrastructure afin de supprimer des termes comme master, slave, blacklist, whitelist et autres.
Grosso modo, on parle de modifications à controverse. En effet, deux courants au moins s’affrontent dans ces développements. Un pan des développeurs est d’avis que l’on devrait considérer des associations comme black (noir) = bad (mauvais) et white (blanc) = good (bon) comme justificatif pour formuler des propositions de terminologie inclusive. Un autre lui rétorque qu’il faudrait plutôt considérer l’origine de l’utilisation des termes en question et que dans ce cas les termes dans le viseur n’ont rien à voir avec des questions de racisme.
Jusqu’ici, on note comme un passage en force des idées des développeurs qui estiment qu’il faut considérer des associations comme black (noir) = bad (mauvais) et white (blanc) = good (bon) comme justificatif pour formuler des propositions de terminologie inclusive. Pour bon nombre de développeurs de l’autre bord, il y a comme une pensée totalitaire qui est en train de s’étendre dans le monde de l’informatique.
Source : Gitlab
Et vous ?
Que pensez-vous de ce qui apparaît comme une prise de conscience des relations raciales dans l’univers technologique ?
Les développements en cours suggèrent-ils de parler de totalitarisme dans l’industrie de l’informatique ?
Laquelle des directions vous semble la plus pertinente dans ce débat ? Celle des associations black (noir) = bad (mauvais) et white (blanc) = good (bon) ou celle de l’origine des termes utilisés ?
Voir aussi :
Python va supprimer les termes "master/slave" de sa documentation et sa base de code pour des raisons de diversité et leur connotation à l'esclavage
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