Au début de la pandémie de la Covid-19, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis ont souligné la nécessité d'être dotés d'un système capable de gérer une campagne de vaccination de masse, une fois les vaccins approuvés. Il voulait rationaliser le tout : inscriptions, planification, suivi des stocks et rapports de vaccination. « Il était clair que nous avions besoin d'un moyen de gérer ces centres médicaux, programmer le passage des personnes et essayer de nous assurer qu'elles reviennent pour leur deuxième dose », affirme Noam Arzt, président de HLN Consulting, qui aide à construire des systèmes d'information sanitaire.
Ainsi, en mai 2020, les États-Unis ont confié cette tâche à la société de conseil Deloitte, avec un contrat sans appel d'offres de 16 millions de dollars pour gérer « la distribution et le suivi de l'administration des vaccins contre la Covid-19 ». En fait, Deloitte était le seul cabinet capable de répondre aux exigences du projet, car la configuration du système se fait à l’aide de la plateforme propriétaire GovConnect de Deloitte. Par conséquent, aucune autre entreprise ne peut accéder au système pour mener des activités d'exploitation et de maintenance.
En décembre dernier, Deloitte a obtenu une rallonge budgétaire de 28 millions de dollars pour le projet. Si le contrat précisait que le budget pourrait aller jusqu'à 32 millions de dollars, c'est en fin de compte une facture d'un montant de 44 à 48 millions de dollars qui sera laissée aux contribuables.
Le tout nouveau système, un site Web appelé VAMS (Vaccine Administration Management System), était censé être un guichet unique où les employeurs, les fonctionnaires, les établissements hospitaliers et les individus pourraient gérer la planification, l'inventaire et les rapports pour les vaccins contre la Covid-19, mais il semble avait complètement manqué le but. C'est d'ailleurs ce qu'a fait savoir Marshall Taylor, chef du département de la santé de la Caroline du Sud, aux législateurs de l'État. Il s'insurge contre le fait que le système a gravement nui à leurs efforts de vaccination jusqu'à présent. Confrontés à une série de problèmes et de bogues, plusieurs États, dont la Caroline du Sud, ont choisi de construire leurs propres solutions ou d'acheter pour des systèmes privés.
Les agents de santé du Connecticut, de la Virginie et d'autres États affirment que le système annule de manière hasardeuse les rendez-vous. Il souffrirait de bien d'autres problèmes, y compris le fait que le personnel n'arrive pas à se connecter à l'interface qu'ils sont censés utiliser pour saisir les enregistrements. Le CDC reconnaît qu’il existe plusieurs défauts qu’il s’efforce de corriger, bien qu’il attribue certains des problèmes à une erreur de l’utilisateur.
Ce n'est pas la première fois que l'argent du contribuable est utilisé sur des projets coûteux qui ne portent pas les fruits attendus. En 2017 par exemple, le gouverneur de la Pennsylvanie et son administration avaient porté plainte contre IBM évoquant les échecs du géant de la technologie dans la mise en place d’un système informatique de gestion des indemnités de chômage au sein de l’État.
Le projet de système de modernisation de l’indemnisation de chômage (UCMS) a été attribué à IBM dans un contrat à prix fixe de 110 millions de dollars et avec une date de livraison prévue pour février 2010. L’expiration du contrat lui-même a été fixée pour l’année 2013. Mais en fin de compte, c’est un projet qui n’aurait jamais été livré alors qu’il a engendré des coûts de développement supplémentaires, comme celui de Deloitte. Le Département du Travail et de l’Industrie (DLI) de la Pennsylvanie, à qui le système était destiné, a également continué à supporter les coûts élevés liés à l’utilisation de son système existant, vieux de plus de 50 ans et qui utilise un logiciel qui n’était plus enseigné.
Une chose est certaine, c'est que les échecs de projets informatiques sont des faits courants. D'ailleurs, plusieurs études ont été menées sur cette question, et la plupart s'accordent sur le fait qu'une bonne partie (parfois la majorité) des projets informatiques se soldent par un échec. Précisons que la notion d'échec ici signifie que soit le projet n'est jamais lancé ; soit il est lancé, mais n'est jamais terminé ; soit il est terminé, mais ne répond pas aux besoins exprimés par les utilisateurs. La question que l'on peut alors se poser est : quels sont les facteurs d'échec ou de réussite d'un projet informatique ?
Source : MIT Technology Review
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ?
Quels sont selon vous les facteurs d'échec ou de réussite les plus importants d'un projet IT ? Partagez votre expérience.
USA : un site Web de 44 millions $ construit par Deloitte abandonné par les États à cause des bogues informatiques
Le site était destiné à gérer la distribution des vaccins contre la Covid-19
USA : un site Web de 44 millions $ construit par Deloitte abandonné par les États à cause des bogues informatiques
Le site était destiné à gérer la distribution des vaccins contre la Covid-19
Le , par Michael Guilloux
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !