
WhatsApp, l'application de messagerie instantanée créée par Brian Acton et Jan Koum et rachetée par Facebook en février 2014, a modifié dernièrement ses conditions de service et sa politique de confidentialité. Ces changements devraient entrer en vigueur le 8 février, mais WhatsApp a finalement reporté cela à une nouvelle date. Les changements clés concernent : la façon dont WhatsApp traite les données des utilisateurs, comment les entreprises peuvent utiliser les services hébergés par Facebook pour stocker et gérer leurs discussions WhatsApp et comment WhatsApp s'associe à Facebook pour offrir des intégrations dans les produits de l'entreprise Facebook.
Les dirigeants de WhatsApp semblent avoir communiqué ces changements futurs aux utilisateurs avec une grande maladresse, ce qui a déclenché l'exode observé ces dernières semaines. Plus tard, de nouvelles explications de l'entreprise faisaient remarquer que les nouvelles mises à jour concernaient uniquement les conversations entre les utilisateurs et les entreprises, mais cela n'a pas vraiment eu pour effet de freiner les utilisateurs qui sentaient leur vie privée menacée par les nouvelles conditions telles qu'elles étaient expliquées. Ils ont basculé par milliers vers des services de messagerie concurrents.
L'exode a été si important que WhatsApp a été obligé de retarder la mise en œuvre des nouvelles conditions, qui était prévue pour le 8 février, afin de pouvoir mener une campagne de limitation des dégâts pour expliquer aux utilisateurs les changements qu'ils apportaient. Au Royaume-Uni, des données récentes ont révélé que WhatsApp a perdu des millions d'utilisateurs.
La situation profite à Signal qui devient l'app la plus téléchargée au Royaume-Uni
Selon des chiffres partagés par la commission des affaires intérieures du Parlement britannique, au cours des trois premières semaines de janvier, Signal a gagné 7,5 millions d'utilisateurs dans le monde et Telegram en a gagné 25 millions. Dans les deux cas, l'augmentation semble s'être faite au détriment de WhatsApp. De même, selon des données de suivi d'App Annie, un cabinet d'analyse de marché qui fournit des données sur le paysage des applications mobiles, présentées par le Guardian, WhatsApp est passée de la huitième application la plus téléchargée au Royaume-Uni au début du mois à la 23e au 12 janvier.
En revanche, Signal qui n'était même pas dans le top 1 000 des applications britanniques le 6 janvier était l'application la plus téléchargée dans le pays à la date du 9 janvier. Niamh Sweeney, directeur de la politique publique de WhatsApp pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, a déclaré à la commission des affaires intérieures que l'exode serait lié à la mise à jour des conditions de service de la société. La mise à jour avait deux objectifs : permettre un nouvel ensemble de fonctionnalités autour des messages de l'entreprise, et "apporter des clarifications et une plus grande transparence" autour des politiques préexistantes de l'entreprise.
« Il n'y a pas de changement dans notre partage de données avec Facebook, où que ce soit dans le monde », a déclaré Sweeney. Cependant, des messages viraux ont été ironiquement largement diffusés sur WhatsApp, prétendant que la politique de confidentialité donnait au contraire au service le droit de lire les messages des utilisateurs et de transmettre les informations à sa société mère Facebook. WhatsApp a annoncé qu'il va retarder la mise en œuvre des nouvelles conditions de service jusqu'au 15 mai, espérant que sa campagne pour lever le malentendu et arrêter l'exode aboutit.
« Nous voulons être clairs sur le fait que la mise à jour de la politique n'affecte en aucune façon la confidentialité de vos messages avec vos amis ou votre famille », a déclaré WhatsApp dans une mise à jour postée sur son site, dont il paye pour faire de la publicité sur Google sous les recherches de "WhatsApp privacy policy". Amir Ghodrati, directeur de l'analyse du marché chez App Annie, a déclaré qu'il était très important d'agir rapidement. « Ce type de changement dans les applications de messagerie et de réseau social n'est pas inhabituel », s'est-il exprimé.
« En raison de la nature des applications sociales et de la façon dont leur principale fonctionnalité consiste à communiquer avec les autres, leur croissance peut souvent se faire assez rapidement, en fonction de l'actualité. Ces dernières années, nous avons constaté une demande croissante de messageries chiffrées et d'applications axées sur la protection de la vie privée. Le passage à des applications de messagerie davantage axées sur la protection de la vie privée s'est fait avant le désastre des relations publiques de WhatsApp », a déclaré Ghodrati.
Ghodrati a expliqué que les applications de messagerie qui offrent des fonctionnalités de protection de la vie privée ont connu la plus forte croissance d'engagement au cours du premier semestre 2020. Ces applications ont vu en moyenne 30 % d'utilisateurs actifs de plus que les autres. Des applications comme Signal, Telegram, Wickr et WhatsApp offrent des fonctions de confidentialité allant du transfert de données chiffrées de bout en bout aux "messages autodestructeurs". En outre, les experts estiment que, ironiquement, d'une certaine manière, WhatsApp est plus axée sur la protection de la vie privée que son concurrent Telegram. WhatsApp active le chiffrement de bout en bout par défaut pour chaque conversation, ce qui l'empêche d'accéder aux messages des utilisateurs.
C'est uniquement pour les conversations entre les utilisateurs et les grandes entreprises que le chiffrement de bout en bout n'est pas activé par défaut. Telegram quant à lui a expliqué dans une FAQ qu'il n'active le chiffrement de bout en bout que pour les "chats secrets", une option que les utilisateurs doivent sélectionner activement pour chaque contact individuel. Ces chats "sont destinés aux personnes qui veulent plus de secrets que la moyenne".
À Hong Kong, les internautes redonnent vie à une vieille application de messagerie
Si en Europe et aux États-Unis, les utilisateurs de WhatsApp affluent vers des applications de messagerie concurrentes, comme Signal et Telegram, à Hong Kong, certains choisissent une alternative qui leur rappelle leur enfance, une époque qui date d'avant les algorithmes, la Big Tech et la désinformation virale. Il s'agit de l'application de messagerie instantanée ICQ. ICQ est un service pionnier de messagerie instantanée, de VoIP et de visioconférence développé par la société israélienne Mirabilis (formée par des étudiants du pays) au milieu des années 1990. Il était alors utilisé sur des PC encombrants en accès commuté.
C'est un précurseur de la messagerie instantanée d'AOL connu sous le nom d'AOL Instant Messenger. Il a été modernisé au fil des ans et est désormais une application pour smartphones. Selon un rapport du Wall Street Journal (WSJ), dernièrement, sa popularité a grimpé en flèche à Hong Kong, avec un nombre de téléchargements 35 fois supérieur à celui de la semaine qui s'est terminée le 12 janvier. « Cela me rappelle mes souvenirs d'enfance », a déclaré Anthony Wong, 30 ans, consultant en risques, qui a utilisé ICQ lorsqu'il était à l'école primaire. Il l'utilise aujourd'hui encore avec plus de deux douzaines d'amis.
L'application ICQ ne répond pas nécessairement aux préoccupations des utilisateurs en matière de protection de la vie privée. Ses messages sont chiffrés, mais elle appartient à une société en Russie, où le gouvernement tient les entreprises technologiques en laisse. En effet, AOL (America Online) a racheté Mirabilis en 1998 et le 28 avril 2010, AOL a vendu ICQ pour 187,5 millions de dollars à l’entreprise russe "Digital Sky Technologies" (devenue par la suite Mail.ru). Cependant, une porte-parole d'ICQ a déclaré que les messages des utilisateurs ne sont "jamais partagés avec quiconque", sauf sur ordre du tribunal.
Selon les utilisateurs actuels d'ICQ (synonyme de "I seek you"

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