Une émeute a été déclenchée par des ouvriers en colère qui, pour manifester leur mécontentement, ont mis à sac une usine du groupe taïwanais Wistron Infocomm Manufacturing en banlieue de Bangalore, dans le sud de l'Inde. Au total, une centaine de personnes ont été arrêtées, d'après le South China Morning Post qui a assuré que des images tournées sur place ont montré des vitres pulvérisées et des voitures renversées. Les caméras de vidéosurveillance, des lampes et des ventilateurs ont également été brisés et une voiture a été incendiée.
Selon des médias locaux, des employés se sont plaints de ne pas avoir été payés depuis quatre mois et d’avoir été contraints à faire des heures supplémentaires. « La situation est maintenant sous contrôle. Des équipes spéciales ont été mises sur pied pour enquêter sur cet incident », a affirmé dimanche à l’AFP la police locale, ajoutant qu’on ne déplorait aucun blessé.
Le ministre en chef adjoint de l’État du Karnataka, C.N. Ashwathnarayan, a dénoncé des actes de violence gratuite et ajouté que son gouvernement veillerait à ce que la lumière soit faite « sans tarder » sur cette affaire. « Nous nous assurerons de ce que les droits des travailleurs soient protégés et que les sommes dues leur soient versées ».
Pour sa part, Wistron a indiqué à l’AFP que « l’incident avait été causé par des personnes inconnues venant de l’extérieur de l’usine dans laquelle elles se sont introduites et ont provoqué des dégâts, sans que l’on connaisse leurs intentions ». Le groupe a ajouté qu’il s’était « engagé à suivre les lois locales sur le travail, et tous les autres règlements dans ce domaine », dans un communiqué rédigé en chinois.
Sur son compte Twitter, Crisbin Joseph Mattew, fondateur et PDG d'Aconom Inc, a déclaré :
« Violence dans l'usine de production d'iPhone d'Apple dirigée par la société taïwanaise Wistron Corp à Narasapura près de Bengaluru en Inde. Près de 2 000 employés, qui n’avaient pas été payés, se sont déchaînés en détruisant les meubles et les unités d’assemblage de l’entreprise et ont même tenté de mettre le feu à des véhicules. Des sources ont déclaré que les employés étaient en colère parce que l'entreprise n'a pas payé le montant qui leur avait été promis au moment de leur adhésion.
« "Alors qu'un diplômé en ingénierie se voyait promettre 21 000 roupies (300 dollars) par mois, son salaire était tombé à 16 000 roupies (230 dollars) et, par la suite, à 12 000 roupies (170 dollars) ces derniers mois. Le salaire mensuel des diplômés non-ingénieurs a été ramené à 8000 roupies (115 dollars) / mois", a déclaré un employé.
« Il a ajouté : "Le montant du salaire crédité sur nos comptes a diminué chaque mois et quand ils ont discuté en salle, certains ont affirmé qu'ils n'avaient reçu que 500 ₹ (8 $) / mois sur leur compte bancaire. La colère s'est transformée en violence à la fin ».
Un responsable syndical local a dénoncé « l’exploitation brutale » des ouvriers de l’usine. « Le gouvernement de l’État a permis que l’entreprise s’affranchisse du respect des droits fondamentaux [des employés] » des employés, a déclaré au quotidien The Hindu ce responsable syndical, Satyanand.
La réaction d'Apple
Selon les premiers résultats d’une enquête interne menée par Apple, le sous-traitant n’a pas respecté le Code de conduite des fournisseurs de l’entreprise californienne. Il n’a pas su, notamment, mettre en place de procédures appropriées de gestion du temps de travail et de suivi des présences, ce qui a mené à des retards dans les paiements des salaires des travailleurs en octobre et en novembre.
Dans un communiqué, Wistron a admis que certains travailleurs n’avaient pas été payés correctement : « C’est une nouvelle usine et nous reconnaissons avoir fait des erreurs lors de notre expansion », a-t-elle déclaré, précisant voir entamé une procédure de licenciement pour l’un des responsables de la division en Inde. « Les protocoles que nous avons mis en place pour assurer la gestion et le paiement des salaires ont besoin d’être revus et renforcés », a-t-elle ajouté.
Apple a dit qu’elle surveillerait de près la mise en place des mesures engagées par son fournisseur. « Notre objectif principal est de nous assurer que les travailleurs sont traités avec dignité et respect et que leur rémunération est versée en intégralité rapidement », a indiqué le fabricant d'iPhone.
Le rapport du gouvernement de l'État du Karnataka a également conclu que de graves violations de la législation du travail ont eu lieu dans l'usine de fabrication d'iPhone en Inde où une manifestation de travailleurs samedi est devenue violente et a causé des dommages d'une valeur de 7 millions de dollars américains.
Les autorités locales ont révélé que le sous-traitant n’avait pas su gérer l’augmentation rapide de sa main-d’œuvre et avait enfreint plusieurs lois. This Week in Asia a vu une copie du rapport, un document interne détaillant les enquêtes préliminaires sur l'incident du département, qui est chargé de faire appliquer la législation relative au travail pour assurer la sécurité des travailleurs. Selon le rapport, le département des ressources humaines de l’entreprise taïwanaise connaissait mal la réglementation du travail. Le nombre de travailleurs est passé en très peu de temps de 5000 (le nombre autorisé) à 10 500. D'ailleurs, les ressources humaines ne disposaient pas de suffisamment de personnel pour gérer les 10 500 travailleurs de l’usine, dont environ 8500 étaient des prestataires et non des employés à plein temps. De plus, le personnel des ressources humaines n’était pas suffisamment formé pour faire respecter le droit du travail.
Outre les problèmes de suivi de présence, des violations sont citées dans le rapport comme le fait d’avoir sous-rémunéré des salariés sous contrat ou d’avoir demandé à du personnel féminin de faire des heures supplémentaires alors qu’aucune autorisation n’avait été donnée.
Les pratiques d'exploitation telles que le sous-paiement des salaires, les horaires irréguliers et les mauvaises conditions de travail étaient courants dans l'unité d'assemblage et de fabrication de la Wistron Corporation.
Wistron, l’un des principaux fournisseurs mondiaux d’Apple, aurait dû être plus « proactif » dans l’exercice de bonnes pratiques de travail, a déclaré un haut fonctionnaire du département du travail du Karnataka.
« C'est un établissement assez récent qui n'est devenu opérationnel qu'en septembre et à cause de cela, le système n'est peut-être pas entièrement en place », a déclaré la source. « Mais ni la direction ni les ouvriers n'ont jamais approché le département du travail avant cette question… ils auraient pu suivre des conseils [avant la crise]. »
Il y a également eu des allégations selon lesquelles des intermédiaires exploitaient les travailleurs contractuels et prenaient une partie de leurs salaires, la police se penchant sur le rôle de six prestataires qui agissaient comme intermédiaires pour Wistron. Ils auraient attiré des travailleurs en leur promettant une allocation supplémentaire s'ils renonçaient à des pauses.
Des individus qui craignaient de perdre leur emploi
Le All India Central Council of Trade Unions (AICCTU, littéralement Conseil central des syndicats de toute l'Inde) a déclaré que de nombreux jeunes travailleurs avaient pris des emplois à l'usine en raison de crises financières paralysantes, même si les conditions de travail étaient « horribles ». Les travailleurs ne pouvaient pas faire entendre leur voix contre l'entreprise de peur de perdre leur emploi, a déclaré l'AICCTU, qui a soumis un rapport indépendant au gouvernement.
« Pour employer des femmes dans des équipes de nuit, il faut une autorisation que l'entreprise n'a pas obtenue. Et les installations nécessaires comme le transport ne leur ont pas non plus été fournies », a déclaré Maitreyi Krishnan, membre du comité d'État de l'AICCTU Karnataka.
S'adressant aux journalistes à propos de Wistron et Apple, le ministre en chef du Karnataka, B.S. Yediyurappa a déclaré que « la protection des intérêts des investisseurs étrangers est très importante pour nous ».
Les responsables de l'État, à qui le gouvernement fédéral a demandé de résoudre la crise rapidement, craignant que cela ne dérange les investisseurs internationaux, tiennent à rouvrir l'installation le plus tôt possible, mais insistent pour que cela se fasse conformément à la loi .
Les militants affirment que le gouvernement du Karnataka néglige les pratiques d’exploitation du travail pour stimuler la création d’emplois et attirer les investissements étrangers.
Source : South China Morning Post
L'usine Apple de Wistron en Inde a commis de graves violations du droit du travail
Notamment le sous-paiement des salaires, les horaires irréguliers et les mauvaises conditions de travail
L'usine Apple de Wistron en Inde a commis de graves violations du droit du travail
Notamment le sous-paiement des salaires, les horaires irréguliers et les mauvaises conditions de travail
Le , par Stéphane le calme
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