Le fonctionnement d'Ethereum s'inspire de celui de Bitcoin (stockage de l'historique des transactions du réseau), mais il est plus complexe puisqu'il permet de construire des applications plus complexes. Ethereum permet notamment de créer des smart contract, des contrats qui s'exécutent automatiquement sur le réseau suite à des conditions prédéfinies.
Cette spécificité a d'ailleurs attiré des entités comme Microsoft. L'éditeur de Windows a lancé Enterprise Smart Contracts, pour rendre son BaaS (Blockchain as a Service) plus utile pour les entreprises. En 2017, Microsoft indiquait :
« L'introduction de contrats intelligents en 2015 a été largement responsable de l'explosion d'intérêt pour l'entreprise pour les blockchain. Toutefois, les premières versions de “Public Smart Contrats” n'ont pas été conçues pour une utilisation en entreprise et ne peuvent pas répondre aux exigences de l'entreprise », a expliqué Gray. Raison pour laquelle Microsoft s’est tournée vers une approche orientée entreprise.
« Enterprise Smart Contracts décompose l'approche "Public Smart Contract", en tenant compte à la fois du “contrat” et de l'évolution de la technologie pour fournir un modèle pour la promesse du déploiement de la blockchain en entreprise. Une première étape critique a été d'introduire une séparation des préoccupations dans la mise en œuvre, qui module les données, la logique, les participants contractuels et les dépendances externes. Ce que les contrats Enterprise Smart Contracts fournissent est un ensemble de composants qui peuvent être combinés pour créer des modèles de contrats qui, lorsqu'ils sont exécutés, fournissent les capacités de confidentialité, d'évolutivité, de performance et de gestion attendues par l'entreprise. »
Comme la blockchain Bitcoin, Ethereum possède sa propre cryptomonnaie, l'ether, aussi appelée Ethereum au sein de la communauté. Elle n'est pas émise par une banque ou un autre organisme, mais par le protocole lui-même. L'ether, comme d'autres cryptomonnaies, est mis en circulation via le minage. Les "mineurs" effectuent des calculs mathématiques avec leur matériel informatique pour le réseau afin de confirmer et sécuriser les transactions. À noter également qu'Ethereum, comme toute blockchain publique, fonctionne avec un algorithme de consensus pour s'assurer que l'ensemble des acteurs du réseau s'accordent sur une unique version des données de la blockchain à tout moment.
En somme, en cinq ans, Ethereum a été en capacité de relever un nombre de défis croissant, accompagnant et favorisant l’essor d’une partie non négligeable du paysage de la cryptomonnaie. Mais l'une de ses limitations vient de son approche Proof of Work (PoW), intrinsèquement associée au Bitcoin. Dans une mécanique en PoW, la sécurité et la résilience de la blockchain sont garanties par l’énergie et la puissance de calculs informatiques mise à disposition du réseau par les “mineurs”, ces derniers étant incités à maintenir le système en contrepartie de récompenses en cryptomonnaies (récompenses de bloc et frais de transactions).
Bien sûr, cette approche a des qualités, comme la sécurité et résilience importante d’un point de vue infrastructurel, un protocole ouvert et démocratique (barrière à l’entrée limitée, chacun peut rentrer et sortir du réseau sans contraintes importantes), la transparence et la possibilité d'effectuer un audit, la distribution et la décentralisation (à partir d’une certaine masse critique).
Le revers de la médaille ? Cette approche est très énergivore, lente pour les validations de transactions et complexe à sécuriser en deçà d’une certaine taille.
Face à ce tableau, les responsables ont décidé de changer d'approche et ont opté pour la Proof of Stake (PoS, littéralement Preuve d’Intérêt). Dans ce paradigme, outre permettre une vitesse et un nombre de transactions simultanées élevé (plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’opérations par seconde selon les projets), le PoS est peu énergivore et d’une grande souplesse. En revanche, à la nécessité d’investir et de déployer du matériel de minage sophistiqué, il substitue l’obligation de disposer de fonds potentiellement importants en actifs pour participer à la bonne marche de l’infrastructure, ceci constituant une forme de barrière à l’entrée, infranchissable pour beaucoup.
En d'autres termes, à une débauche de puissance de calcul et de travail, Ethereum a substitué une approche par une forme de preuve de possession : les détenteurs de cryptomonnaies consentent à participer au fonctionnement et à la sécurisation du réseau en verrouillant une certaine quantité d’actifs, sous la forme d’une caution (ou collatéral). Il faut un dépôt d'argent pour montrer sa bonne foi (le PoS ou preuve d’intérêt) et avoir le droit de valider les transactions. Cela permet des échanges bien plus rapides et moins couteux et limite grandement la consommation d’énergie qui est utilisée à la validation. En principe, n'importe qui peut participer au réseau dès lors qu'il possède un minimum de 32 ETH (15 634 €). Les « ;stakers ;» remplacent ainsi les mineurs et leurs machines.
Et cela permet par la même occasion de réduire les consommations d'énergie. Au lieu de millions de processeurs qui traitent simultanément les mêmes transactions, le processus de validation Proof of Stake en choisit un au hasard pour faire le travail. Alors que Proof of Work demande aux utilisateurs d'exécuter plusieurs fois les algorithmes de hachage ou de calculer des puzzles mathématiques selon des algorithmes pour valider les transactions électroniques, Proof of Stake demande à l'utilisateur de prouver la possession d'une certaine quantité de cryptomonnaie pour prétendre à pouvoir valider des blocs supplémentaires dans la chaîne de bloc et de pouvoir toucher la récompense, s'il y en a une, à l'addition de ces blocs. Selon Vitalik Buterin, l'inventeur d'Ethereum, cela permettrait de réduire la consommation énergétique de 99 %.
Cette approche constituant un changement de rupture, est donc le cœur de la mise à jour d'Ethereum. Ethereum 2.0, surnommée Serenity, se décompose en trois phases pour son lancement :
- Phase 0 : Beacon Chain
La phase 0 est la transition entre le proof of work (preuve de travail), une méthode de validation des blocs de transactions qui consiste à utiliser la puissance de calcul d'une machine, et le proof of stake (preuve d'enjeu), méthode de validation des blocs de transactions qui consiste à prouver la propriété d'un certain montant de cryptomonnaies. Elle a été déployée le 1er décembre et fonctionne en parallèle de la blockchain proof of work pour éviter les ruptures dans la continuité des chaînes. - Phase 1 : Shard chains
La phase 1 concerne le déploiement des shard chains qui rendront le réseau Ethereum plus évolutif (scalable). Aujourd'hui, Ethereum est limité à 7-15 transactions par seconde. Le sharding consiste à diviser des données pour accélérer leur traitement. Par exemple, un système de fragmentation sur Ethereum peut mettre toutes les adresses commençant par 0x00 dans un fragment, toutes les adresses commençant par 0x01 dans un autre, etc. - Phase 2 : EWASM
L'EWASM (Ethereum Web Assembly) est un moteur d'exécution conçu pour remplacer l'actuelle machine virtuelle Ethereum, qui exécute les smart contract sur le réseau Ethereum. Il est basé sur Web Assembly, un standard open source du World Wide Web pour le développement d'applications. Cette nouvelle machine permettra d'améliorer les performances d'Ethereum, mais aussi de soutenir plus de langages pour le développement de smart contract (C, CC++, Javascript, Rust et bien d'autres), aujourd'hui limité à Solidity.
La date de lancement du 1er décembre a été confirmée il y a un peu plus d'une semaine. Le compte à rebours ne pouvait être lancé qu’une fois qu’un total de 524 288 ETH avait été déposé dans le contrat de dépôt qui avait été publié le 4 novembre par la Fondation Ethereum après un nouveau retard en octobre. Le contrat de dépôt sert de passerelle entre les consensus de validations des transactions.
Actuellement, 21 063 dépôts ont été faits avec un minimum de 32 ETH (le fameux PoS) soit 674 016 ETH (331 millions d'euros). Ce sont plus de 870 ;000 ETH (environ 428 millions d'euros) qui sont mis en jeu. Les participants recevront des récompenses sous forme d’intérêts annualisés à hauteur de 15 %. Toutefois, plus le nombre d’ETH sera élevé dans le contrat de dépôt, plus le niveau de récompense diminuera.
Face à la forte participation, la Fondation a estimé qu'il s'agissait d'un succès. « Le lancement de la phase Beacon Chain est un énorme accomplissement et pose les bases d'une maison plus évolutive, sécurisée et durable d'Ethereum », a déclaré Danny Ryan, un chercheur de la Fondation Ethereum. « Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais aujourd'hui, l'heure est à la célébration ».
Sources : annonce de la Foundation, Vitalik, bloc genèse
Et vous ?
Que pensez-vous des cryptomonnaies en général et d'Ethereum en particulier ?
Avez-vous des actifs dans une cryptomonnaie ? Si oui, laquelle ? Sinon, envisagez-vous d'en acquérir ? Dans quelle mesure ou à quelles conditions ?
Que pensez-vous du changement de Proof of Work vers Proof of Stake ?
Que pensez-vous du ticket d'entrée de 32 ETH (il est normal que cela soit aussi élevé, cela permet de filtrer les participants ; trop élevé ; pas assez élevé ; cela ne garantit rien ) ?
Voir aussi :
L'extension Chrome Shitcoin Wallet, qui propose aux utilisateurs de gérer leur portefeuille Ethereum, surprise en train d'injecter du code JavaScript pour voler les mots de passe et clés privées
Arnaque sur le réseau Ethereum en marge de l'introduction de nouveaux hard forks : les cas de Ethereum Nowa et ETCV
L'Ethereum compte réduire sa consommation d'énergie de 99 % en remplaçant le système de validation par preuve de travail par preuve d'enjeu