OneWeb se lance à nouveau dans la conquête spatiale avec de gros projets
OneWeb est une société de communication mondiale fournissant des services Internet à large bande par satellite à une population géographiquement mondiale. De par ses activités, OneWeb se place en comme un concurrent direct de SpaceX et d'Amazon (pour ses activités spatiales). Tout comme SpaceX Starlink, OneWeb construit un réseau de satellites en orbite basse qui peut fournir un haut débit avec des latences bien plus faibles que les satellites géostationnaires traditionnels. En mars de cette année, OneWeb a déposé son bilan et aurait licencié la majorité de son personnel.
En juillet, OneWeb a accepté de vendre l'entreprise à un consortium comprenant le gouvernement britannique et Bharti Global Limited pour un milliard de dollars. Dans une annonce vendredi, il a déclaré avoir obtenu "toutes les autorisations réglementaires nécessaires" pour sortir de la faillite. OneWeb est sorti de la faillite du chapitre 11 sous un nouveau régime de propriété et affirme qu'il commencera à lancer d'autres satellites à large bande le mois prochain. Il a nommé Neil Masterson, un ancien directeur des opérations de Thomson Reuters Corp, où il a passé 20 ans, comme nouveau PDG.
Neil Masterson, nouveau PDG de OneWeb
« Je me réjouis de pouvoir aider l'équipe de OneWeb à concrétiser et à commercialiser sa vision d'un accès à Internet dans le monde entier », a-t-il expliqué dans une déclaration vendredi. « OneWeb a un objectif social fort pour améliorer l'accès du monde à l'information, que je partage. Il possède un grand talent, une opportunité commerciale convaincante, et est soutenu par des propriétaires et des investisseurs engagés et bien informés ». Ce dernier remplace le directeur général sortant Adrián Steckel, qui continuera d'être un conseiller auprès du conseil d'administration.
La nouvelle holding prend possession de tous les actifs de l'opérateur, y compris les 74 satellites qu'il a en orbite et toute l'infrastructure au sol pour les soutenir. Cela signifie que l'entreprise, dont le siège est à Londres, peut désormais se lancer dans la construction de sa mégaconstellation à large bande. La société a aussi annoncé dans son billet de blogue du vendredi que son usine de fabrication en coentreprise avec Airbus a repris ses activités en Floride, et continuera à produire de nouveaux engins spatiaux pour de futurs lancements.
Sunil Bharti Mittal, fondateur et président de Bharti Global, a déclaré qu'il était très gratifiant de voir les mois de travail acharné consacrés à l'achat arriver à leur terme. « Avec notre partenaire du gouvernement britannique, nous avons reconnu que OneWeb dispose d'un spectre mondial précieux avec des droits prioritaires, et nous bénéficions de 3,3 milliards de dollars investis à ce jour et des satellites déjà en orbite, ce qui garantit nos droits d'utilisation », a-t-il déclaré. Son groupe et le Royaume-Uni veulent accélérer la cadence pour rapidement atteindre les objectifs initiaux de OneWeb.
En effet, largement devancé par SpaceX dans le lancement de satellites, OneWeb entend accélérer les choses désormais. L'entreprise prévoit ainsi de lancer 36 satellites dès le 17 décembre prochain. Selon son annonce, les 36 satellites ont déjà été envoyés d'une usine de Floride au cosmodrome russe de Vostochny pour un lancement sur une fusée Soyouz. Il est prévu de lancer de nouveaux satellites tout au long de l'année prochaine et en 2022, puis de commencer à offrir des services commerciaux dans certaines régions vers la fin de 2021, avec une expansion des services mondiaux prévue pour 2022.
« Après un lancement en décembre, les lancements se poursuivront tout au long de 2021 et 2022, et OneWeb est maintenant en bonne voie pour commencer des services de connectivité commerciale au Royaume-Uni et dans la région arctique à la fin de 2021 et s'étendra à la fourniture de services mondiaux en 2022 », a déclaré OneWeb dans l'annonce du vendredi. Le plan de OneWeb est d'emporter 648 vaisseaux spatiaux dans les airs pour fournir une connectivité Internet à presque toutes les surfaces terrestres et maritimes du globe.
Le Royaume-Uni sauve OneWeb pour devenir un leader dans la conquête spatiale
En août, OneWeb a obtenu l'approbation des États-Unis pour lancer 1 280 satellites en orbite terrestre basse, ce qui porte son autorisation totale à 2 000 satellites. Il va jouer le jeu du rattrapage contre SpaceX, qui a déjà lancé environ 800 satellites, a l'autorisation d'en lancer près de 12 000 et fournit déjà des services Internet aux clients américains en version bêta. SpaceX et OneWeb demandent tous deux aux États-Unis l'autorisation de lancer des dizaines de milliers de satellites supplémentaires, environ 42 000 au total pour SpaceX et 48 000 pour OneWeb.
L'implication du gouvernement britannique dans le sauvetage de l'entreprise a été controversée, les critiques se demandant pourquoi les ministres investiraient autant d'argent dans ce qui reste une entreprise risquée. Dans cette atmosphère, le ministre des Affaires Alok Sharma a même dû émettre une "directive ministérielle" pour faire avancer l'investissement après que les fonctionnaires ont fait part de leur objection. Toutefois, les partisans du raccordement à OneWeb voient de grandes possibilités dans la constellation de satellites pour fournir une gamme de services au-delà de la connectivité Internet.
L'un de ces services comprendrait le positionnement, la navigation et la synchronisation précis, une capacité que le gouvernement souhaite établir sous une forme ou une autre maintenant que son partenariat dans le projet de navigation par satellite Galileo de l'Union européenne a pris fin à la suite de Brexit. « L'opération va contribuer à faire du Royaume-Uni un pionnier dans la recherche, le développement, la fabrication et l'exploitation de nouvelles technologies pour les satellites », a déclaré un porte-parole de Downing Street en juillet dernier.
Selon les médias britanniques, l'intérêt du Royaume-Uni pour Oneweb a sans doute été l'œuvre de Dominic Cummings, conseiller du Premier ministre Boris Johnson et fasciné de longue date par l'industrie spatiale. Mais un tel service serait loin d'être suffisant pour faire du pays un leader dans l'espace. La priorité de la nouvelle société OneWeb doit être de construire son réseau à large bande de première génération. L'objectif est d'avoir une couverture dans l'hémisphère nord jusqu'à environ 50 degrés de latitude l'année prochaine (ce qui couvrirait le Royaume-Uni), avec la constellation complète en place l'année suivante.
Seize lancements ont été réservés avec la société française de fusées Arianespace pour faciliter le déploiement. Pour atteindre ses objectifs, le projet aura toutefois besoin de fonds supplémentaires. « Nous aurons besoin d'un total d'environ 2 à 2,25 milliards de dollars d'argent frais pour achever cette constellation », a déclaré Sunil Bharti Mittal. « Il est important de noter que nous avons la priorité sur le spectre. Dans mon secteur d'activité, comme j'en ai l'expérience, le spectre est le plus précieux. Et cette société a la chance d'avoir la plus haute priorité mondiale sur le spectre Ku ».
Un partenaire industriel clé pour l'avenir sera le géant paneuropéen de l'aérospatiale Airbus. Il est déjà présent dans l'usine de Floride, où il a conçu les satellites de première génération, et la branche britannique de l'entreprise a l'intention de contribuer au développement des capacités futures. « La vision du Royaume-Uni en investissant dans OneWeb permettra non seulement d'offrir une connectivité Internet à haut débit dans le monde entier, mais aussi de fournir une navigation et une synchronisation très précises », a déclaré Richard Franklin, directeur général d'"Airbus Defense and Space UK".
« Les premières recherches menées chez Airbus et par un certain nombre d'autres experts clés révèlent que les futurs satellites en orbite basse de OneWeb pourraient offrir une plus grande résilience nationale et un énorme bond en avant dans l'infrastructure nécessaire au déploiement de véhicules véritablement autonomes, sur terre, dans les airs et en mer. C'est un domaine dans lequel le Royaume-Uni pourrait désormais être le leader mondial en saisissant l'opportunité d'être à la pointe de cette nouvelle technologie et du vaste écosystème d'entreprises de services nécessaires pour soutenir une telle vision », a-t-il ajouté.
L'énorme problème de la pollution lumineuse et des millions de débris spatiaux
Si l'idée de fournir une connexion Internet à haut débit depuis l'espace est convoitée par de plus en plus d'entreprises, il y a cependant des problèmes sous-jacents. En effet, l'on estime que les offres d'Internet par satellite d'Amazon, SpaceX, OneWeb et d'autres entreprises pourraient faire économiser des milliards de dollars aux consommateurs dans le monde. Ces opérateurs pourraient offrir un couple qualité-prix meilleur que ceux qui sont déjà disponibles sur le marché. Selon des analystes, ces offres satellitaires pourraient permettre de faire des économies substantielles.
Aux États-Unis uniquement l’on parle d’environ 30 milliards de dollars que les consommateurs pourraient épargner avec des offres Internet à bas prix. En Europe, bien que les gouvernements ont beaucoup investi pour rendre les offres Internet accessibles aux populations, plusieurs régions de pays sont encore mal desservies en offre Internet à haut débit. Une étude menée par le groupe de consommateurs "UFC-Que choisir" montre qu’environ 6,8 millions de personnes, soit près de 10,1 % de la population française (presque tous ceux qui vivent à la campagne ou dans les petites villes ou villages), sont « privées d’un accès de qualité minimale à Internet ».
Cependant, après les premiers lancements de SpaceX, des effets d'un nombre important de satellites en orbites ont commencé à soulever les inquiétudes des astronautes. Cet été, des centaines d'astronomes ont averti que les satellites de la constellation Starlink d'Elon Musk, PDG de SpaceX, pourraient limiter les découvertes scientifiques, et avoir un impact sur l'expérience humaine du ciel nocturne. En février, certains appelaient déjà à une action en justice contre la pollution lumineuse de SpaceX, craignant que l'afflux de satellites sur l'orbite terrestre ne rende les observations plus difficiles au sol.
En outre, les experts de l'espace craignent que la multiplication des satellites de communication sur une orbite terrestre basse, il y a actuellement 1500 satellites actifs en orbite autour de la Terre, ne rende plus probables les collisions entre satellites. Selon les astronomes, cela pourrait rendre l'hypothèse de l'astronome Donald Kessler, également connue sous le nom de "syndrome de Kessler", une réelle possibilité et pourrait créer un scénario astroapocalyptique dans lequel une collision de satellites crée un effet de cascade provoquant d'autres collisions.
La pollution spatiale qui en résulterait pourrait créer un nuage impénétrable de débris spatiaux et, par conséquent, tenir l'humanité en otage sur Terre. Les chercheurs ont également souligné que ces perturbations auront un coût économique, à commencer par le manque à gagner pour l’argent investi dans la recherche rendue caduque par la pollution du ciel. Les dommages seront également culturels et humains par la privation définitive et surtout omniprésente du ciel tel que des millions de générations de terriens avaient pu le contempler avant ce besoin grandissant de fournir de l’Internet à la Terre depuis l’espace.
Dans un commentaire adressé au magazine scientifique New Scientist, Chris Johnson, conseiller en droit spatial pour le Secure World Foundation, a dit : « Il est temps pour la communauté spatiale élargie de se demander ce qui a le plus d’importance : la possibilité de pratiquer l’astronomie depuis la Terre et la vue traditionnelle du ciel nocturne, ou un Internet moins cher accessible depuis l’espace ». Certains experts estiment également que la fourniture d'Internet depuis l'espace n'est pas un besoin vital et que les gouvernements du monde entier devraient prendre des dispositions dès maintenant pour interdire de telles entreprises.
Ils suggèrent en effet que les gouvernements doivent mettre fin à toute initiative actuelle, et interdire toute initiative future, d'entreprises privées visant à fournir un tel service commercial. « Au final, elles ne paieront pas la note pour arranger les dégâts comme elles l'ont toujours fait sur la Terre », ont-ils déclaré.
Source : OneWeb
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