John David McAfee, le fondateur du logiciel de cybersécurité McAfee, a été accusé d'évasion fiscale et de défaut délibéré de produire des déclarations de revenus, a annoncé le sous-procureur général adjoint principal Richard E. Zuckerman de la Division des impôts du ministère de la Justice et le procureur américain D. Michael Dunavant pour le district ouest du Tennessee. L'acte d'accusation du 15 juin 2020 a été dévoilé à la suite de l'arrestation de McAfee en Espagne où il est en attente d'extradition.
Selon l'acte d'accusation, John McAfee a tiré des millions de revenus de la promotion des cryptomonnaies, du travail de conseil, des allocutions (speeches) et de la vente des droits sur l'histoire de sa vie pour un documentaire. De 2014 à 2018, McAfee aurait omis de produire des déclarations de revenus, malgré des revenus considérables provenant de ces sources. L'acte d'accusation n'allègue pas qu'au cours de ces années, McAfee a perçu des revenus ou avait eu un lien avec la société antivirus portant son nom.
Selon l'acte d'accusation, McAfee aurait éludé sa responsabilité fiscale en ordonnant que ses revenus soient versés sur des comptes bancaires et des comptes d'échange de cryptomonnaies au nom de candidats. L'acte d'accusation allègue en outre que McAfee a tenté d'échapper à l'IRS (l'Internal Revenue Service, une agence du gouvernement fédéral des États-Unis qui collecte l'impôt sur le revenu et des taxes diverses — sur l'emploi, impôt sur les sociétés et successions notamment — et fait respecter les lois fiscales concernant le budget fédéral des États-Unis) en dissimulant des actifs, y compris des biens immobiliers, un véhicule et un yacht, au nom d'autres personnes.
S'il est reconnu coupable, McAfee encourt une peine maximale de cinq ans de prison pour chaque chef d'accusation d'évasion fiscale et une peine maximale d'un an de prison pour chaque chef de défaut délibéré de produire une déclaration de revenus. McAfee fait également face à une période de mise en liberté surveillée et de sanctions pécuniaires.
Le ministère américain de la Justice a annoncé les accusations peu de temps après que la Securities and Exchange Commission a révélé qu'elle avait porté des accusations civiles contre McAfee, alléguant qu'il avait reçu plus de 23,1 millions de dollars de compensation non divulguée en recommandant sept offres de cryptomonnaie sur Twitter qui étaient matériellement fausses et trompeuses.
La SEC a allégué qu'au moins de novembre 2017 à février 2018, McAfee a été payé pour promouvoir des cryptomonnaies qu’il a alors recommandé, mais qu’il a nié avoir reçu de tels paiements.
« McAfee a tiré parti de sa renommée pour gagner plus de 23,1 millions de dollars en compensation non divulguée » en recommandant au moins sept ICO (une initial coin offering est une méthode de levée de fonds fonctionnant via l’émission d’actifs numériques échangeables contre des cryptomonnaies durant la phase de démarrage d’un projet) à ses abonnés Twitter, a déclaré la SEC.
Les recommandations de McAfee étaient « matériellement fausses et trompeuses », en ce sens qu'il a tenté de vendre des jetons de cryptomonnaie « pratiquement sans valeur » en encourageant les investisseurs à acheter les titres sans divulguer ses propres avoirs, a allégué la SEC.
La SEC cherche à imposer à McAfee une sanction civile ainsi que la restitution des gains mal acquis, avec intérêts. L'agence veut également lui interdire de façon permanente d'exercer les fonctions de dirigeant ou d'administrateur de toute société cotée ou de toute société qui dépose des rapports à l'agence.
La SEC lance également des poursuites contre Jimmy Gale Watson Jr., un garde du corps de McAfee, pour des accusations selon lesquelles il a aidé et encouragé la vente des monnaies numériques, entre autres allégations.
« Les investisseurs potentiels dans les titres d'actifs numériques sont en droit de savoir si les promoteurs ont été rémunérés par les émetteurs de ces titres », a déclaré Kristina Littman, chef de l'unité cyber de la SEC. « McAfee, assisté de Watson, aurait exploité sa renommée pour vanter de manière trompeuse de nombreux titres d'actifs numériques à ses abonnés sans informer les investisseurs de son rôle de promoteur rémunéré. »
Les déclarations à Cuba
En juillet 2019, John McAfee a fait une sortie médiatique depuis Cuba, le pays où il était exilé, dans laquelle il a vanté les vertus des cryptomonnaies et réitéré sa ferme conviction vis-à-vis du caractère illégal de l’impôt sur le revenu. Il a affirmé qu'il pouvait aider Cuba à se soustraire au dictat du gouvernement américain en lançant une cryptomonnaie qui permettrait de contourner l’embargo commercial décrété par les États-Unis à l’encontre de ce pays.
Un peu plus tard, la Havane a déclaré qu’elle étudiait l’option d’utiliser les cryptomonnaies pour atténuer la crise économique qui secoue actuellement le pays et sortir de l’impasse dans laquelle les États-Unis l’ont plongé à coup de sanctions. À ce propos, Alejandro Gil Fernandez, ministre cubain de l’Économie et la Planification, a déclaré dans une émission de la télévision locale : « Il ne faut pas se dire que ça n’est pas pour nous les Cubains et que c’est pour d’autres marchés, au contraire, nous allons encore plus loin et nous étudions l’usage d’une monnaie cryptographique pour nos relations commerciales nationales et internationales. Cela devra nous permettre de trouver des solutions à nos problèmes ». D’autres pays visés par des sanctions américaines, tels que l’Iran et le Venezuela, ont déjà fait part d’ambitions similaires.
« Vous ne pouvez pas simplement créer un jeton et vous attendre à ce que ça fonctionne. Vous devez vous baser sur la blockchain appropriée, la structurer pour qu’elle réponde aux besoins spécifiques d’un pays ou d’une situation économique », a confié McAfee. Selon lui, il y a « probablement moins de 10 personnes dans le monde qui savent comment faire cela », et il est persuadé de faire partie de ce cercle restreint de spécialistes. « J’ai fait une offre formelle pour les aider gratuitement... sur un canal privé via Twitter », a-t-il ajouté.
Pour rappel, McAfee a débuté sa carrière à la Nasa et travaillé dans plusieurs sociétés informatiques avant de fonder en 1987 la société McAfee qui, à une époque, figurait parmi les leadeurs du marché des logiciels antivirus. Il a par la suite revendu son entreprise à Intel en 2010, amassant par la même occasion une fortune estimée à 100 millions de dollars. Le millionnaire excentrique travaillerait en ce moment sur sa propre monnaie virtuelle et prétend être en contact avec un développeur d’origine cubaine spécialisé dans les monnaies cryptographiques. Il a assuré n’avoir pas payé d’impôt sur le revenu pendant huit ans aux USA pour des raisons idéologiques et avoir posé ses valises à Cuba afin d’échapper à une éventuelle extradition vers les États-Unis.
Source : ministère américain de la Justice (ministère américain de la Justice, 2), SEC
Arrêté en Espagne, John McAfee, le fondateur du logiciel de cybersécurité éponyme, est accusé d'évasion fiscale via des cryptomonnaies
Et de défaut délibéré de produire des déclarations de revenus
Arrêté en Espagne, John McAfee, le fondateur du logiciel de cybersécurité éponyme, est accusé d'évasion fiscale via des cryptomonnaies
Et de défaut délibéré de produire des déclarations de revenus
Le , par Stéphane le calme
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