Quelques détails concernant un projet de Twitter montrent que la société travaille actuellement sur un nouvel outil de lutte contre la désinformation sur sa plateforme. Via son nouvel outil, appelé “Birdwatch”, Twitter pourrait mettre tous les utilisateurs à contribution, comme c’est par exemple le cas avec Wikipédia. Les informations actuellement disponibles proviennent de fouilles d’ingénieurs externes à la société et ne permettent pas de lister de façon exacte les capacités de Birdwatch. Cela dit, un ingénieur de Twitter a confirmé le travail de l’entreprise et promet plus d’informations pour bientôt.
Birdwatch est un outil de Twitter, actuellement expérimental, de lutte contre la désinformation en ligne. Selon les données disponibles, Birdwatch a été conçu pour ajouter plus de contextes aux tweets, sous forme de notes. Un tweet peut être ajouté à Birdwatch pour la modération, à travers le menu déroulant du tweet, où l'on trouve aujourd'hui d'autres outils de blocage et de signalement. Plus précisément, lorsqu'un utilisateur ajoute un message à Birdwatch, il le signale essentiellement pour qu'il soit modéré. Il pourra également ajouter des notes, qui peuvent être privées ou publiques.
Ces notes permettent d’expliquer pourquoi il a signalé ce tweet particulier. Si la fonctionnalité est déployée, Twitter placera aussi une nouvelle icône semblable à une paire de jumelles (ou de lunettes) au bas d'un tweet, qui indiquera les notes des utilisateurs de Birdwatch à ce sujet. En plus, un nouvel onglet appelé “Birdwatch Notes” sera ajouté à la navigation latérale de Twitter, aux côtés d'autres fonctionnalités existantes comme les listes, les sujets, les signets et les moments. Cette dernière information est aussi basée sur des captures d'écran.
Cette section devrait vous permettre de garder une trace de vos propres contributions, alias vos “Birdwatch Notes”. Selon des tweets recensés, la fonctionnalité a été découverte pour la première fois cet été au tout début de son développement par Jane Manchun, ingénieure en génie inverse, qui fouillait dans le code source du site Web. À l'époque, Birdwatch n'avait pas de nom, mais il montrait clairement une interface qui permet de signaler un tweet, de voter pour savoir s’il s’agissait d’un tweet trompeur ou non, et d'ajouter une note avec des explications complémentaires.
Après sa découverte, Twitter a mis à jour son application Web, ce qui a limité les investigations ultérieures. Mais, cette semaine, une interface similaire à celle trouvée par Manchun a été découverte dans le code de Twitter, cette fois sur la plateforme iOS. Selon le consultant en médias sociaux Matt Navarra, qui a tweeté plusieurs autres captures d'écran de Birdwatch sur mobile, la fonctionnalité permet aux utilisateurs de joindre des notes à un tweet. Ces notes peuvent être visualisées en cliquant sur le bouton des jumelles sur le tweet lui-même. Les choses se confirment donc.
Mais, ce qui n’est pas encore clair, c'est de savoir si tous les utilisateurs de Twitter auront accès aux tweets annotés, ou si l’accès à ceux-ci devra être approuvé, ou si ces tweets ne seront ouverts qu'à certains utilisateurs ou à des vérificateurs de faits. Chris Messina, l'un des premiers utilisateurs de Twitter et l'inventeur du hashtag, s'est ouvertement demandé si Birdwatch ne pourrait pas être un de système de “surveillance par les citoyens” pour contrôler la désinformation sur Twitter. Les lignes qu’il a trouvées dans le code de Twitter lui ont ensuite donné raison.
En analysant ces lignes de code, Messina a constaté que ces annotations, les “Birdwatch Notes”, sont appelées “contributions”, ce qui semble bien indiquer un système de surveillance par la foule. Twitter n'a pas discuté des détails de Birdwatch, mais a confirmé son existence. « Nous explorons un certain nombre de moyens pour lutter contre la désinformation et fournir plus de contextes aux tweets sur Twitter. La désinformation est un problème crucial et nous allons tester plusieurs manières différentes de le traiter », a déclaré un porte-parole de Twitter.
Enfin, d’autres publications de Jane Manchun Wong ce samedi montrent qu’elle a maintenant découvert plus de détails sur Birdwatch, y compris un formulaire nommé “Communauté Twitter”, où les utilisateurs expliquent si un tweet est trompeur ou non. En réponse à Manchun, Kayvon Beykpour, chef de produit chez Twitter, a déclaré que la société est impatiente de partager bientôt plus d'informations sur son travail. « Je suppose que c'est le bon moment pour vous rappeler que nous avons apprécié l'occasion de travailler avec vous. Sur Birdwatch, nous sommes impatients de vous en dire plus sur nos projets », a-t-il déclaré.
Notons que la modération par le crowdsourcing (production participative) n’est pas une nouveauté sur Twitter. Depuis des années, l'application de diffusion en direct de Twitter, Periscope, s'appuie sur des techniques de crowdsourcing pour modérer les commentaires sur ses flux en temps réel afin de réprimer les abus. Mais l’on ignore encore beaucoup de choses sur la façon dont Birdwatch fonctionnera d'un point de vue non technique. On ne sait pas si tout le monde aura les mêmes capacités d'annotation des tweets, comment Twitter fera face aux tentatives de piratage du système, ou ce qu'il adviendra d'un tweet s'il a trop de notes négatives, par exemple.
En outre, on ignore aussi si les modérateurs ou les algorithmes de Twitter agiront sur les résultats. Le questionnaire qu’intègre Birdwatch semble aller plus loin que les outils de signalement actuels de Twitter, qui se contentent de vous demander de classer votre plainte en appuyant sur quelques boutons et en espérant que l'équipe de modération de Twitter y répondra de manière appropriée. Il est bien trop tôt pour juger si cette fonctionnalité pourrait avoir un impact.
Source : tweets
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Le , par Bill Fassinou
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