
Selon un rapport de Reuters ce jeudi, l'Inde est ouverte au lancement de son propre magasin d'applications mobiles ou encore à l'expansion d'une boutique existante. Bien sûr, le pays se dit prêt à faire cela si et seulement s’il reçoit assez de demandes d'entreprises nationales pour une alternative à l’App Store et au Play Store. Selon le média, ces informations proviennent d’un haut fonctionnaire du gouvernement. Cela pourrait être un coup dur pour Apple et Google, car l’Inde est un grand marché avec une forte demande de smartphones et donc d’applications mobiles.
Le pays compte quelque 500 millions d'utilisateurs de smartphones, dont la plupart utilisent la plateforme Android de Google. Mais de nombreuses startups indiennes ont critiqué Google pour des politiques qui, selon elles, freinent leur croissance. Paytm, l'une des principales sociétés de paiement indiennes a protesté, soutenue par SoftBank, contre la décision du géant américain de la technologie de retirer son application pendant quelques heures le mois dernier, invoquant des violations des politiques de jeu. Une chose que l’Inde veut désormais éviter à ses entreprises.
Paytm n’a jamais été d’accord avec l'évaluation de Google, mais a supprimé certaines promotions pour que son application soit rétablie. Le fondateur de l'entreprise, Vijay Shekhar Sharma, a déclaré dans des interviews que Google agissait à la fois comme « juge, jury et bourreau ». Sans citer nommément Paytm, Google a déclaré plus tard que ses politiques visaient à protéger les utilisateurs de son magasin d’applications mobiles de tout préjudice potentiel et qu'elles étaient appliquées et mises en œuvre de manière cohérente pour tous les développeurs.
En outre, Google s’apprête désormais à rejoindre totalement Apple dans sa politique sur les paiements in-app. Le géant de la recherche a déclaré cette semaine qu'il appliquera une politique qui prélèvera une commission de 30 % sur les paiements effectués dans les applications de sa boutique Android, pour les 3 % de développeurs qui n'étaient pas concernés. C’est cette même politique qui fait actuellement l’objet d’une bataille entre Epic Games, le créateur de la franchise Fortnite et Apple. Afin de passer outre cette commission de 30 %, Epic a mis en place son propre système de paiement in-app, mais ce comportement n’a pas ravi Apple qui, on le sait, tire des milliards de dollars de l’App Store chaque année.
Les relations entre les deux entreprises se sont très vite détériorées, Apple cherchant à protéger son modèle économique, car s’il laissait passer, Epic pourrait ainsi pousser d’autres sociétés ou développeurs distribuant leurs applications via l’App Store à vouloir aussi un traitement de faveur ou bien à développer un système de contournement des 30 % de commissions. Pour cela, Apple a supprimé le compte développeur d’Epic et a retiré Fortnite de l'App Store ; tandis qu’Epic s’est lancé dans une vague campagne de dénigrement de la marque à la pomme, récoltant le soutien d’autres entreprises en chemin.
Pour en revenir au sujet, Reuters a ajouté que la source proche du dossier a aussi déclaré que, pour l’instant, New Delhi n'avait reçu aucune demande officielle, mais était prêt à envisager le développement d'une plateforme mobile où les applications pourraient être téléchargées. « L'Inde gère déjà un magasin d'applications mobiles répertoriant plus de 1200 applications, principalement soutenues par le gouvernement, mais aussi Paytm, et le gouvernement pourrait aussi envisager de l'étendre au lieu de partir de zéro », a déclaré le fonctionnaire sous couvert d’anonymat.
Celui-ci a aussi fait savoir que plusieurs fondateurs de startups indiennes réclament un app store local qui ne facture pas de frais de service élevés. « Il est absolument nécessaire d'avoir un app store local », a déclaré Vishal Gondal, co-fondateur de la société de jeux nCore Games, dont le siège social est au Bengale. « Si nous devons donner 30 % de frais à Google et payer aussi pour l'acquisition de clients, comment nos entreprises en herbe vont-elles survivre ? », s'est-il inquiété.
Si l’Inde obtient le soutien de ses startups et qu’il déploie et un app store local, cela pourrait inciter d’autres pays ou gouvernements à s’engager sur la même voie. Un app store local dans plusieurs pays va progressivement diminuer le pouvoir de Google et d’Apple sur les magasins d’applications mobiles. Cela pourrait aussi donner lieu à une concurrence plus aisée pour les petites entreprises, principalement celles de la “gig economy”. L’un des pays qui pourraient potentiellement se lancer dans ce projet est la Chine, car ses entreprises sont celles qui reçoivent actuellement le plus de coups des États-Unis.
Entre une vente forcée des opérations US de TikTok, pour des motifs liés à la sécurité nationale, et l’expulsion du marché US des équipements et smartphones Huawei, la Chine pourrait être en train de préparer un plan de représailles. Le pays a déjà restreint l’exportation de technologie, notamment celles liées à l’IA, et menace de traiter les entreprises américaines basées en Chine de la même façon que les entreprises chinoises basées aux États-Unis sont traitées par Washington. La question est de savoir quelle incidence le bras de fer entre les gouvernements aura sur les consommateurs.
Source : Reuters
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