
En effet, la différence entre la proportion des hommes et celle des femmes dans le secteur de l’IT est frappante. Elle interroge plusieurs organisations étatiques, non gouvernementales, sans but lucratif, etc. qui militent depuis plusieurs années pour combler quelque peu l’écart. De nombreuses études ont été menées sur le sujet afin de déterminer les raisons fondamentales à l’origine du petit nombre de femmes dans le secteur informatique. L’étude d’Accenture et de Girls Who Code fait pareil, mais apporte aussi quelques éléments pour le moins intrigants sur le sujet.
L’étude a été menée aux États-Unis entre février et juillet 2019, auprès de 1990 femmes exerçant un emploi technologique, 500 directeurs RH ainsi que 2700 étudiantes. Voici quelques conclusions du rapport de l’étude.
L’évolution de la proportion de femmes dans la filière informatique n’est pas proportionnelle aux efforts fournis
Selon le rapport, malgré les efforts déployés par beaucoup au cours de la dernière décennie pour encourager les jeunes filles et les femmes à faire carrière dans les technologies, le pourcentage de travailleurs du secteur IT qui étaient des femmes en 1984 (35 %) était en fait plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui (32 %). « Bien que le nombre absolu de femmes exerçant dans la technologie ait grandement augmenté au cours de cette même période (de 1,6 million à 3,7 millions), le fait que le déséquilibre entre les sexes soit plus important qu'il y a 35 ans est choquant et préjudiciable, tant pour les femmes que pour la santé de notre économie », lit-on dans le rapport.
À quoi ressemble ce déséquilibre technologique frappant entre les sexes?
L’étude a révélé qu’aux États-Unis, les femmes occupent seulement 16 % des postes d'ingénieurs et en tout 27 % des postes informatiques dans les entreprises. En plus de cette proportion très faible, les auteurs de l’étude ont aussi constaté que les femmes quittent les postes techniques à un taux de 45 %, un taux jugé nettement supérieur à celui des hommes. Selon eux, 50 % des femmes qui occupent un poste technique le quittent avant l'âge de 35 ans. Accenture et Girls Who Code ont fait remarquer que le même constat est fait chez seulement 20 % des femmes dans d’autres secteurs.
Les dirigeants voient-ils la situation dans son ensemble ?
Bien que plusieurs facteurs entrent en jeu, l’enquête a révélé qu’il existe un décalage critique entre les employées et les responsables. En effet, très peu de femmes parmi celles qui ont répondu à l’enquête pensent que la culture de l’organisation dans laquelle elles travaillent leur donne du pouvoir. Mais lorsque la même question a été posée aux responsables RH, plus des trois quarts d'entre eux ont déclaré que la culture de leur entreprise permettait aux femmes de réussir dans des fonctions technologiques. Les auteurs de l’étude ont en fait dégagé deux conclusions de la situation :
- les responsables RH sont (à 45 %) deux fois plus susceptibles que les femmes (à 21 %) elles-mêmes de dire qu'il est facile pour les femmes de s'épanouir dans la technologie ;
- les directeurs RH sont presque trois fois plus susceptibles de décrire le parcours des femmes de couleur comme facile par rapport aux femmes de couleur elles-mêmes.
Selon le rapport, les directeurs RH sont souvent des acteurs du changement au sein de leurs organisations. Ainsi, nombreux sont ceux parmi eux qui souhaitent apporter des changements encore plus importants, mais, malgré leurs bonnes intentions, l’étude a révélé que les dirigeants ne sont peut-être pas complètement au courant de ce que vivent leurs travailleurs sur le terrain, d'autant plus que leurs propres responsabilités se multiplient. En outre, ils ne disposent peut-être pas des outils ou des connaissances requises pour favoriser un véritable changement culturel.
Pourquoi le déséquilibre entre les sexes dans le secteur des technologies est-il important ?
D’après les auteurs de l’étude, de nombreuses raisons sont à l’origine de ce phénomène, mais la conversion des entreprises vient en tête. En effet, selon le rapport, chaque entreprise est, ou devient rapidement, une entreprise IT. Du simple fait d'avoir un site Web à l'utilisation d'un système de paiement numérique, en passant par le déploiement d'un chatbot compatible avec l'IA..., toutes les organisations doivent s'engager dans la technologie. Ainsi, de nombreuses entreprises ont dû rééquilibrer les compétences dont elles ont besoin pour continuer de fonctionner.
Le rapport estime que le secteur bancaire illustre bien ces faits, dont voici quelques exemples. Chez JPMorgan, environ 50 000 de ses employés, soit 20 % de l'ensemble de sa main-d'œuvre, sont aujourd'hui des technologues ; chez Goldman Sachs, ce pourcentage se situe à 25 %. Les deux banques se définissent désormais comme des “groupes technologiques”. En outre, il existerait aux États-Unis une demande exceptionnelle d'environ 314 000 experts en cybersécurité, une augmentation de 50 % depuis 2015, et de 150 000 scientifiques spécialisés dans les données.
D’après le rapport, le marché du travail a du mal à suivre cette demande, surtout en raison du fait que la technologie évolue. L'écart entre les sexes est également important parce qu'une plus grande diversité a été liée à la stimulation de l'innovation, à la réduction des préjugés et à l'augmentation du prix des actions des entreprises technologiques.
Les cultures de l'université et du travail ne sont pas assez inclusives
Comment faisons-nous marche arrière, avec toute l'importance que les dirigeants et les organisations ont accordée à l'initiation des filles et des jeunes femmes aux technologies ? Les auteurs du rapport ont indiqué que la cause n’est pas les disciplines ou les compétences eux-mêmes. Il s'agit en fait des environnements dans lesquels les filles et les femmes étudient, puis travaillent, dans le domaine de la technologie. Le rapport estime qu’il existe une “culture des frères” qui sévit actuellement dans le domaine de l’IT et qui empêche les...
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