
Lyft a annoncé tôt le jeudi qu’il suspendrait à minuit ses services de covoiturage dans l’État de Californie en raison de la tournure que prenait l’application de la loi Assembly Bill 5 (AB 5). Pour rappel, l’AB 5 a été votée l’année dernière par l’État et vise à forcer Uber et d'autres sociétés de la “gig economy” à traiter leurs chauffeurs comme des employés plutôt que comme des entrepreneurs indépendants. L’AB 5 pourrait leur donner droit à une protection du salaire minimum, à un remboursement des dépenses, à une assurance chômage et à d'autres avantages.
À la suite d’une demande d’injonction déposée par l’État la semaine dernière pour accélérer l’application de la loi par Uber et Lyft, un juge leur a accordé dix jours pour s'aligner derrière cette décision. Uber et Lyft ont déclaré qu’ils comptaient faire appel de la décision pendant cette période avant son entrée en vigueur, ajoutant qu’ils fermeraient leurs services dans l’État si l’appel n’aboutissait pas. Lyft a été le premier à annoncer la date de la fermeture de son bureau californien pour ce jeudi à minuit, mais cela a été évité in extremis par la décision de la Cour d’appel.
Toutefois, le sursis accordé n’est que de 11 heures et il comporte une clause. Les deux entreprises ont maintenant jusqu'au 25 août à 17 heures (heure du Pacifique) pour déposer des déclarations écrites acceptant les procédures accélérées requises par l'ordonnance. Si elles en acceptent les termes, la suspension restera de mise jusqu'à la résolution de l'appel. De son côté, Uber n'a pas encore fait d'annonce officielle sur la suspension de son service en Californie, mais on s'attend à ce qu'elle le fasse. Lyft quant à lui a perdu quelques points en bourse à la suite de l’annonce.
L’action de Lyft a chuté de 8,5 % à un moment donné jeudi, mais a regagné environ la moitié des pertes. L’action d'Uber a connu une légère hausse au cours de la journée après avoir chuté de 3,2 %. « Bien que nous n'ayons pas à suspendre nos activités ce soir, nous devons continuer à nous battre pour l'indépendance et les avantages pour les conducteurs », a fait savoir un porte-parole de Lyft dans une déclaration faisant suite à l'ordonnance du jeudi. Il a également déclaré que les conducteurs préfèrent maintenir le statut d’indépendant.
« C'est la solution qui sera soumise au vote en novembre, et c'est la solution que les conducteurs veulent parce qu'elle préserve leur capacité à gagner et à utiliser la plateforme comme ils le font maintenant, quand ils le veulent, tout en obtenant de nouveaux avantages historiques. Sans elle, 80 à 90 % des Californiens qui gagnent sur des plateformes basées sur des applications perdront cette opportunité », a-t-il annoncé. Lyft compte un peu plus de 305 000 conducteurs rien qu’en Californie. Parmi eux, certains soutiennent la mesure de vote de novembre et d’autres non.
« Si les gens veulent avoir un emploi, ils peuvent chercher un autre emploi », a déclaré Ramon, un chauffeur soutenant la mesure connue sous le nom de Proposition 22. Par ailleurs, un sondage réalisé le 9 août auprès des Californiens par Refield & Wilton a révélé que 41 % des électeurs prévoyaient de soutenir la proposition des entreprises et environ 26 % s'y opposaient, le reste étant encore indécis. Enfin, après l'annonce de la décision de la Cour d'appel, le bureau du procureur général de Californie a déclaré qu'il restait confiant dans son dossier et qu'il poursuivrait son combat pour défendre les droits des travailleurs.
Source : Reuters
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