Des enquêtes sur la concurrence sont en cours contre les GAFA aux États-Unis et les PDG de ces sociétés devraient être entendus par la Chambre des représentants plus tard ce mois-ci via une réunion en ligne. Certains éléments indiquent que le cas contre Google ouvrira le bal.
Le contrôle des pratiques commerciales de l’entreprise s’est accéléré depuis. Politico a rapporté la semaine dernière que la Californie, qui avait suspendu une enquête menée par 48 procureurs généraux, se préparait à lancer sa propre enquête sur les pratiques de Google en matière de concurrence. Comme le notait Leah Nylen dans ce rapport : « L'Alabama est désormais le seul État à ne pas enquêter sur l'entreprise ».
De nombreux concurrents de Google se sont plaints du fait que Google mette ses services, ainsi que ceux de ses partenaires, en premier plan dans le domaine de la recherche, érodant ainsi leur trafic organique. Après avoir noté que les consommateurs ne sont tout simplement plus satisfaits des 10 liens bleus des jours passés, Google a rétorqué que, malgré les changements, il continue d'envoyer une quantité considérable de trafic vers ces sites Web.
Ailleurs, le Wall Street Journal a rapporté mardi que la recherche de vidéos sur Google plaçait celles publiées sur sa plateforme YouTube plus haut que celles publiées sur les plateformes rivales, même lorsque ces vidéos avaient été publiées avant sur Facebook, Dailymotion et d'autres plateformes ou même si elles avaient obtenu plus de vues sur ces plateformes (Google a indiqué ne pas prendre en considération le nombre de vues qu'une vidéo reçoit lors du classement dans la recherche)
Sam Schechner, Kirsten Grind et John West du Wall Street Journal indiquent que :
« Les ingénieurs de Google ont apporté des modifications qui préfèrent effectivement YouTube à d'autres sources vidéo, selon des personnes familières avec le sujet. Au cours des dernières années, les dirigeants de Google ont décidé de donner la priorité à YouTube sur la première page des résultats de recherche, en partie pour générer du trafic vers YouTube plutôt que vers les plateformes des concurrents, et également pour donner à YouTube plus de poids dans les accords commerciaux avec les fournisseurs de contenu qui recherchent du trafic pour leurs vidéos, selon les dires d'une de ces sources. [...]
Une porte-parole de Google, Lara Levin, a déclaré qu'aucune préférence n'était accordée à YouTube ou à tout autre fournisseur de vidéos dans la recherche Google : « Nos systèmes utilisent un certain nombre de signaux provenant du Web pour comprendre quels résultats les gens trouvent les plus pertinents et utiles pour une requête donnée. Pour garantir que ces signaux sont utilisés de manière égale et équitable pour tous les sites, nous utilisons des signaux qui ne sont pas spécifiques à un site ou à une plateforme. Par conséquent, le nombre de vues, de "j'aime" ou de commentaires qu'une vidéo a reçus sur une plateforme donnée n'est pas un facteur dans nos systèmes de classement. Nos systèmes de classement vidéo utilisent les signaux de toutes les sources vidéo de la même manière - aucune préférence n'est accordée à YouTube ou à tout autre fournisseur de vidéos. »
Et pourtant, malgré l'utilisation de tous ces signaux, YouTube reste le plus souvent le gagnant. Google parle souvent des résultats de recherche comme s'il s'agissait de phénomènes naturels, comme la gravité, plutôt que du résultat d'une prise de décision insufflée dans un algorithme.
La question sous-jacente ici est de savoir dans quelle mesure Google devrait être autorisé à présenter les résultats de recherche comme bon lui semble, quel que soit le coût pour les autres entreprises. L'Union européenne a infligé une amende à la société à trois reprises au fil des ans pour avoir agi d'une manière qui, selon elle, a nui à la concurrence.
Jusqu'à présent, le gouvernement américain ne s'est pas officiellement prononcé sur son cas, mais il est difficile d'examiner la recherche Google en 2020 et de conclure qu'elle s'est avérée d'une utilité concluante pour la concurrence. Quels que soient les signaux que les algorithmes de l'entreprise pourraient prendre en compte lors du classement des résultats de recherche, c'est toujours Google qui arrive en tête.
Notons que le mois dernier, des sources ont indiqué que des procureurs généraux d'États américains, qui enquêtent sur Google à la recherche d’éventuelles violations des lois antitrust, planchaient vers une incitation à la dissolution de son activité publicitaire.
« Les tribunaux sont très préoccupés par le fait que le démantèlement d’une entreprise puisse nuire aux consommateurs et aggraver la situation pour les personnes qui n’ont pas l’expertise pour le faire », a déclaré Stephen Houck, conseiller de Google qui a été l’un des avocats du gouvernement dans l’affaire antitrust de Microsoft il y a deux décennies.
Pour la défense de Google, un porte-parole de l'entreprise a déclaré dans un communiqué : « nous continuons de participer aux enquêtes en cours menées par le ministère de la Justice et le procureur général Paxton, et nous n’avons aucune mise à jour ou commentaire sur la spéculation. Les faits sont clairs. Nos produits de publicité rivalisent dans une industrie surpeuplée avec des centaines de concurrents et de technologies, et ont contribué à réduire les coûts pour les annonceurs et les consommateurs ».
Source : Politico, Wall Street Journal
L'enquête antitrust américaine contre Google se rapproche à grands pas
Pour déterminer si l'entreprise fait un usage abusif de son énorme pouvoir sur le marché de la recherche
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Le , par Stéphane le calme
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