Faut-il opérer le retrait de termes comme blacklist, whitelist, master, slave ou encore kill (longtemps utilisés au sein de bases de code et de documentations) au motif de ce qu’ils véhiculent des stéréotypes raciaux ? C’est l’un des débats qui divisent le plus la communauté des développeurs informatique à date. Avec les développements en lien avec la mort de Georges Floyd, il a pris plus d’ampleur. Désormais, le passage à des termes considérés comme plus inclusifs se généralise pour lutter contre le racisme dans le monde de l’informatique.
JP Morgan a fait usage de termes comme blacklist, master et slave au sein de nomes et procédures de contrôle de la banque en matière de technologie, ainsi que dans les bases de code qui régissent le fonctionnement de certains de ses processus. C’est une pratique à laquelle la banque s’apprête à mettre un terme, d’après ce que rapporte Reuters. C’est un projet dont tout ce qu’on sait pour le moment est qu’il pourrait prendre des mois et des millions de dollars compte tenu de ce qui peut être le volume de la base de code pour une organisation de cette dimension.
Chez Twitter, même son de cloche. Dans une publication parue il y a peu, la division d’ingénierie du réseau social indique qu’elle opte désormais pour un langage inclusif en tant que condition essentielle à l’existence d’un environnement de travail lui-même inclusif.
Le changement chez Twitter part de Regynald Augustin, un programmeur noir, qui s’est dit heurté par les contenus d’une discussion par courriels entre pairs, laquelle contenait des mots avec des connotations racistes. Ce sont les poussées de ce dernier qui ont menées à la liste de remplacement suivante : whitelist (liste blanche) devient allowlist (liste d’autorisation) ; blacklist (liste noire) devient denylist (liste de refus) ; master/slave (mâitre/esclave) devient leader/follower ou primary/replica ou primary/standby, etc. Les modifications ne s’attaquent pas qu’aux termes qui véhiculent des stéréotypes raciaux. De façon plus générale, elles touchent à tout ce qui entre dans le giron des termes dits offensants. Ainsi, des termes comme "kill" (tuer) ou encore "violation" (qui peut rappeler le viol) vont de plus en plus se retrouver ciblés par les porteurs de projets informatiques désireux de s’aligner à cette mouvance.
Le mois dernier, le PDG de GitHub a déclaré que son entreprise aussi travaille sur le remplacement du terme "master" sur son service par un terme neutre comme "principal" pour éviter toute référence inutile à l'esclavage. L'entreprise venait ainsi allonger la liste de projets open source qui ont exprimé leur soutien à la suppression de termes qui pourraient être offensants pour les développeurs de la communauté noire. La bibliothèque PHPUnit et l'utilitaire de téléchargement de fichiers Curl ont déclaré leur intention de remplacer "liste noire / liste blanche" par des alternatives neutres.
Au niveau de l'IETF (Internet Engineering Task Force), le consortium international qui discute et édite les standards de l'informatique, une série de suggestions est en cours d’examen : "blocklist" (liste de refus) et "allowlist" (liste d'autorisation) ou encore "primaire-secondaire", pour la combinaison "master-slave". Seulement, le fait est que les expressions ne trouvent pas de remplaçantes qui fassent consensus.
Et vous ?
Procéder au changement de termes techniques peut-il mettre un terme à des siècles d’injustice raciale ?
Êtes-vous en accord avec le justificatif selon lequel les termes proposés en remplacement sont plus explicites ?
Quelles sont vos propositions (celles susceptibles de mettre tout le monde d’accord) ?
Voir aussi :
Python va supprimer les termes "master/slave" de sa documentation et sa base de code pour des raisons de diversité et leur connotation à l'esclavage
L'équipe du langage Go retire les termes "whitelist", "blacklist", "master" et "slave" de sa documentation et de sa base de code parce qu'ils véhiculent des stéréotypes raciaux
Amazon annonce que la police ne pourra pas utiliser sa technologie de reconnaissance faciale pendant un an, suite aux manifestations liées à la mort de George Floyd
Après Apple, Google supprime à son tour l'application Gab de son Play Store, pour avoir violé sa politique relative aux discours haineux
JP Morgan annonce le retrait de termes comme blacklist, master et slave de sa base de code et de sa documentation
Pour lutter contre le racisme au sein de l'entreprise
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Pour lutter contre le racisme au sein de l'entreprise
Le , par Patrick Ruiz
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