
La plateforme d’abord conçue pour la diffusion de parties de jeux vidéo en direct, s’est progressivement ouverte à d’autres « diffuseurs » qui peuvent créer leur chaîne, des personnalités politiques aux artistes
« Comme tout le monde, les politiciens de Twitch doivent respecter nos conditions d'utilisation et nos directives communautaires. Nous ne faisons aucune exception pour le contenu politique ou digne d'intérêt, et prendrons des mesures sur le contenu qui nous est signalé et qui viole nos règles », a déclaré un porte-parole de Twitch. La déclaration a été initialement publiée l'année dernière lors du lancement de la chaîne Trump.
La suspension arrive une semaine après que Twitch a promis de sévir contre le harcèlement au sein de la communauté à la suite de rapports d'agression et de harcèlement dans l’industrie du jeu vidéo. C'est un signe que Twitch commence peut-être à prendre les flux de modération beaucoup plus au sérieux. Le langage a connotation raciste pour lequel il a banni Trump est souvent autorisé sur d'autres plateformes en raison de son rôle de politicien et de président des États-Unis.
La semaine dernière, Twitch a déclaré qu'il commencerait à bannir définitivement les streamers en réponse aux allégations. Le premier bannissement majeur qui a été décidé semble concerner Dr Disrespect, l'un des streamers les plus populaires de la plateforme. Twitch a refusé à plusieurs reprises de confirmer pourquoi (ou même si) Dr Disrespect avait été interdit (il n'y avait pas d'allégations publiques contre lui) et le streamer a déclaré qu'il n'avait pas été informé de la raison pour laquelle sa chaîne avait disparu.
La campagne Trump a lancé sa page Twitch en octobre. La campagne semblait utiliser la page pour diffuser des rassemblements et des événements de campagne.
Dans la vague du mouvement de grande ampleur contre le racisme systémique aux États-Unis, les réseaux sociaux font face à un regain de pression des annonceurs pour administrer au mieux les échanges et empêcher le harcèlement, les discriminations et autres comportements insultants. Ils sont particulièrement dans le collimateur de la société civile pour leur laxisme perçu à l’égard des hommes politiques en général et du locataire républicain de la Maison-Blanche en particulier.
Fin mai, Donald Trump a tenu des propos considérés comme de l’incitation à la violence contre les manifestations de soutien à George Floyd, un Afro-Américain, qui a été tué par un policier blanc.
Twitter a masqué ce message, mais Facebook s’est abstenu d’intervenir. La conséquence a été le lancement de la campagne Stop Hate For Profit qui invitait les annonceurs à suspendre leur publicité sur le numéro un des réseaux sociaux pendant 30 jours à compter du 1er juillet. Parmi les grands annonceurs qui ont récemment rejoint l’initiative figure Starbucks et Microsoft, ce dernier ayant décidé de mettre en pause ses dépenses publicitaires sur les plateformes Facebook et Instagram (filiale de Facebook). Notons que Microsoft l’avait déjà fait aux États-Unis et a simplement décidé de l’étendre au reste du monde.
Contrairement aux nombreux annonceurs qui ont récemment rejoint le mouvement appelant au boycott sur Facebook, Microsoft s'inquiète de l'endroit où ses annonces sont diffusées, et non des politiques de Facebook. Mais cette décision signifie encore qu'un autre gros annonceur ne va plus dépenser sur Facebook pour le moment.
Chris Capossela, Directeur Marketing Microsoft, a expliqué en guise de réponse à une question d’un employé que « sur la base des préoccupations que nous avions en mai, nous avons suspendu toutes les dépenses sur Facebook / Instagram aux États-Unis et nous avons par la suite suspendu toutes les dépenses sur Facebook / Instagram dans le monde entier ».
La transcription n'indiquait pas spécifiquement à quel contenu placé à côté de ses publicités Microsoft s'opposait, mais comme exemples de « contenu inapproprié », elle citait des exemples de « discours de haine, pornographie, contenu terroriste, etc. »
Capossela a déclaré que la société avait été en contact avec les dirigeants de Facebook et d'Instagram au sujet de ce qu'il faudrait pour que Microsoft revienne en tant qu'annonceur : « Le calendrier de reprise de nos dépenses médias sociaux dépend des actions positives qu'ils prennent, mais je m'attends à ce que notre pause continue jusqu'en août ».
En 2019, Microsoft a dépensé plus de 115 millions de dollars en publicités Facebook, selon la société d'analyse publicitaire Pathmatics.
Si Mark Zuckerberg permettait une approche plus permissive sur sa plateforme, expliquant que l’objectif était de permettre à chacun de se faire sa propre opinion, il a dû céder du terrain face à cette initiative et a annoncé une série de mesures de régulation.
Source : Twitch