Depuis l’instauration du confinement des Français le 17 mars dernier qui avait pour objectif de stopper la progression du coronavirus, des millions de Français sont passés au télétravail. Cela ne s’est pas fait sans répercussions sur l’état de santé psychologique des salariés. C’est ce que révèle un sondage OpinionWay effectué du 31 mars au 8 avril auprès de 2 000 personnes pour Empreinte Humaine, cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux et la qualité de vie au travail.
L’étude note qu’après quelques semaines de confinement et de télétravail, le bien-être psychologique des salariés s’est largement dégradé en perdant 10 points par rapport à 2016 (Enquête Eurofound 2016).
Près de la moitié des collaborateurs (44 %) présentent en effet anxiété et détresse psychologique. « Le confinement, tant dans le secteur privé que le public, engendre une surcharge de travail qui provoque une fatigue mentale et cognitive », pointe Jean-Pierre Brun, cofondateur d’Empreinte Humaine et expert conseil.
« Ces résultats sont très préoccupants et montrent l’urgence d’agir. Nous en appelons à une véritable prise de conscience des pouvoirs publics et des entreprises. La crise sanitaire a pris de cours toutes la société, les entreprises comprises. Mais elle n’exonère pas de notre responsabilité en tant qu’employeur en matière de protection de la santé de leurs salariés. Après les gestes barrières, il convient de mettre en place des actions pour la sécurité psychologique », estiment Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine, et Jean-Pierre Brun.
Dans le détail, plus d’un quart des salariés (27 %) éprouvent une détresse psychologique « modérée », pouvant entraîner des symptômes post-traumatiques. Elle se révèle même «élevée» pour 18 % d’entre eux, avec pour conséquence le risque d’un déclenchement de maladie mentale. Cette détresse sérieuse est plus marquée chez les femmes (22 %) que chez les hommes (14 %), note l’étude.
Un phénomène qui peut s’expliquer par le fait que nombre de ces dernières sont en première ligne dans les milieux de la santé ou de la grande distribution. Et lorsqu’elles sont en télétravail, si elles n’ont pas le stress d’être contaminées, elles assument bien souvent davantage que les hommes l’encadrement des enfants et l’intendance du foyer.
Les managers y sont particulièrement exposés puisque 20 % d’entre eux vivent une détresse psychologique élevée. « Les managers sont un pivot central dans l’entreprise. Il faut prendre soin d’eux, mais surtout leur donner les outils pour prendre soin de leurs collaborateurs », a commenté Christophe Nguyen.
D’après cette enquête, si le télétravail n’est PAS un facteur de risque en lui-même, les conditions dans lesquelles il est exercé doivent être prises en compte. Ainsi, seulement 45 % des salariés peuvent s’isoler toute la journée pour travailler (dont 60% dans leur salon). Le confinement dans un logement de moins de 40 m² est un facteur de risque important, avec 24,6 % des répondants qui sont dans une détresse sérieuse. Et contrairement à une idée reçue, les personnes confinées en couple (20 %) ou avec un enfant (22 %) vivent une détresse plus importante que les autres.
La motivation professionnelle est un autre point à surveiller, selon les experts : elle se serait détériorée pour 26 % des télétravailleurs depuis le début du confinement, un taux qui atteint les 50 % pour ceux qui se sentent en situation de détresse élevée. Cette détérioration est de plus grande ampleur chez les femmes (30%), les salariés d’Île-de-France (31 %) et pour les salariés confinés avec un ou plusieurs autres proches (32 %).
Si sept salariés sur dix considèrent que l’entreprise «fait son maximum» pour les aider, c’est en premier par leurs collègues qu’ils se sentent le plus soutenus (79 %), avant leur responsable direct (70 %). En revanche, les salariés sont partagés quant à l’investissement de leur entreprise dans la santé psychologique et la prévention des risques psychosociaux de ses employés. Seulement un tiers d’entre eux sont d’accord pour dire qu’ils sont bien informés sur ces risques, que leur direction montre son engagement dans ce domaine et le considère tout aussi important que la productivité.
« Sur le plan des risques psychosociaux, il est urgent de développer une culture de sécurité psychologique. À l’heure où les entreprises se projettent dans le déconfinement, cette étape doit prendre en compte l’état psychologique des personnes pour réussir », estime Christophe Nguyen.
La situation est d’autant plus inquiétante que cette enquête ne porte que sur les trois premières semaines de confinement. Or, «plus le confinement se prolonge, plus il est un facteur de risque pour la santé mentale», souligne Christophe Nguyen.
Source : résultats du sondage
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Une enquête suggère que cette situation est source d'anxiété
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Le , par Stéphane le calme
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