StopCovid a suscité de nombreuses réactions dans presque toutes les couches de la population française depuis qu’elle a été annoncée pour combattre le covid-19. Certains se sont même donné des raisons de croire à l’échec du projet avant sa mise en application. Alors, où en sommes-nous aujourd’hui ? L’INRIA, qui dirige le projet, a publié ce week-end sur GitHub les spécifications du projet basé sur un protocole du nom de ROBERT. L’institut, à travers son PDG, a aussi précisé qu’il ne faut pas parler d’une application de tracking, mais plutôt d’une application de traçage.
Alors que la pandémie du coronavirus fait rage dans le monde, de plus en plus de gouvernements commencent à faire appel à la technologie pour freiner la propagation du virus. Dans le cas de la France, la solution porte le nom de StopCovid. Il s’agit d’une application censée tracer tous les contacts d’un individu déclaré positif au covid-19. L’objectif est de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif afin de pouvoir se faire tester soi-même, et si besoin d’être pris en charge très tôt, ou bien de se confiner.
ROBERT, un protocole mis au point pour la construction d’applications mobiles de suivi de contacts
Ce week-end, l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et en aéronautique) et l’institut allemand Fraunhofer pour la sécurité appliquée et intégrée (AISEC) ont publié le protocole ROBERT (ROBust and privacy-presERving proximity Tracing) dans le cadre du projet StopCovid. Mis en place par les chercheurs des deux institutions, ROBERT pourra être utilisé pour la construction d’applications mobiles de suivi de contacts. Il a été conçu pour respecter strictement le cadre européen de protection des données et pouvoir être résistant à des attaques crédibles.
Selon une courte description sur le site officiel de l’INRIA, ROBERT est une contribution conjointe dans le cadre de l'initiative PEPP-PT (Pan European Privacy-Preserving Proximity Tracing), dont l’objectif est de permettre la mise en place d’outils interopérables de suivi de contacts, respectueux des règlementations européennes en matière de protection des données, de vie privée et de sécurité, dans le cadre d’une réponse plus globale à la pandémie. De par cette publication, l’INRIA espère convaincre monsieur tout le monde du bien-fondé du projet.
Toutefois, ce n’est qu’un document de spécification qui a été publié. Les sources de StopCovid et l’application ne seront probablement pas mises à la disposition du public avant le 11 mai comme l’annonçait le secrétaire d’État au numérique, Cédric O. Le protocole ROBERT ne semble pas encore totalement finalisé. Ainsi, comme souligné plus haut, ceci est d’abord fait dans le but de sensibiliser sur l’architecture qui sous-tend le projet. À côté de cette publication, l'institution a également pris soin de faire la lumière sur certaines zones d’ombre soulevées par les détracteurs du projet.
ROBERT ne permet pas la surveillance et serait totalement anonyme
C’est Bruno Sportisse, PDG de l’INRIA qui s’est chargé de le faire. « Il me semble très utile de commencer par rappeler ce qu’une application qui reposerait sur le protocole ROBERT n’est pas, eu égard aux interrogations légitimes qui s’expriment et aux confusions qui peuvent avoir lieu » a-t-il déclaré. « Sa conception permet que PERSONNE, pas même l’État, n’ait accès à la liste des personnes diagnostiquées positives ou à la liste des interactions sociales », a-t-il poursuivi. Selon Bruno Sportisse donc, il ne s’agit en aucun cas d’un protocole qui permet le tracking.
En outre, toute application basée sur ce protocole n’est pas non plus une application de surveillance : elle est totalement anonyme. Elle n’est pas non plus une application de délation : dans le cas où je suis notifié, je ne sais pas qui est à l’origine de la notification. « Dans le smartphone de mon voisin, il n’y a aucune donnée concernant mon diagnostic médical, aussi encrypté soit-il. Il y a une liste des crypto-identifiants de tous les smartphones rencontrés », a déclaré Bruno Sportisse pour expliquer que les données personnelles ne sont pas sauvegardées.
Toujours pour rassurer sur l’utilisation des données de l’application, il a déclaré ce qui suit : « Les paramètres du modèle de transmission et les données statistiques anonymes sont entre les mains de l’autorité de santé qui fixe l’utilisation de ce système. Pas d’une compagnie privée, aussi innovante soit-elle ». Par ailleurs, Sportisse estime que StopCovid n’est pas un remède miracle contre le Covid-19, mais qu’elle fait partie d’une longue liste de mesures visant à freiner la propagation du virus. Ils espèrent qu’elle leur donne de la visibilité face à un ennemi invisible.
À l’heure où le déconfinement se précise de plus en plus, StopCovid pourrait être un élément clé pouvant faciliter cela. L’application n’est pas obligatoire et certains utilisateurs pourraient couper leur Bluetooth quand ça leur chante, rendant ainsi l’application inopérante. Les contestations se poursuivent, car des individus estiment qu’il n’y a pas de risque zéro dans le monde numérique. D’autres parts, certains soulignent le fait que les gens seront bientôt confrontés à deux choix : faut-il continuer à rester à la maison ou faut-il accepter de se faire tracer pour être libre de ses mouvements ?
Sources : Annonce de l’INRIA, Protocole ROBERT
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Le , par Bill Fassinou
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