
Elle lui enjoint de restreindre son activité « aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d’expédition des commandes de produits alimentaires, d’hygiène et médicaux, sous astreinte d’un million d’euros par jour de retard et par infraction constatée ».
Dans un premier temps, Amazon s’était défendue en soulignant avoir distribué sur ses sites « plus de 127 000 paquets de lingettes désinfectantes, plus de 27 000 litres de gel hydroalcoolique, ainsi que plus de 1,5 million de masques » et avoir « mis en place des contrôles de température et des mesures de distanciation sociale ».
Mais sa réaction ne s’est pas faite attendre : le lendemain de cette décision, l'entreprise a annoncé qu'elle allait fermer ses six centres de distribution de l'Hexagone. Initialement, la fermeture devait être maintenue au moins jusqu'au lundi 20 avril inclus, le temps de procéder à l'évaluation, d'y répondre par d'éventuelles nouvelles mesures et de comprendre ce qu'il a le droit de vendre.
« La décision rendue hier par le tribunal judiciaire de Nanterre nous laisse perplexes compte tenu des preuves concrètes qui ont été apportées sur les mesures de sécurité mises en place pour protéger nos employés. Celles-ci comprennent notamment des contrôles de température, la distribution de masques et une distanciation sociale renforcée et ont reçu l’approbation d’experts de santé et de sécurité qui ont visité plusieurs de nos sites.
« Nous étudions les conséquences de cette décision et les options disponibles, et nous pensons faire appel. Cependant, notre interprétation suggère que nous pourrions être contraints de suspendre l’activité de nos centres de distribution en France.
« Actuellement, nous continuons à opérer dans le pays et faisons tout notre possible pour maintenir le niveau de service attendu par nos clients en France et les emplois sur lesquels comptent nos collaborateurs.
« Nous continuons également à offrir aux milliers d’entreprises françaises qui vendent sur http://amazon.fr, la visibilité dont ils ont besoin en cette période sans précédent. Cependant, sans la possibilité d'exploiter nos centres de distribution en France, nous serons contraints de restreindre fortement un service qui est devenu essentiel pour les millions de personnes qui souhaitent avoir accès aux produits dont ils ont besoin pendant cette crise ».
Frederic Duval, PDG de l’entreprise, avait confié : « Amazon ignore à quel moment la réouverture de ses entrepôts en France aura lieu ». Si le jour n’est toujours pas déterminé, Amazon a indiquer dimanche qu’il va garder ses entrepôts fermés en France au moins jusqu’au mercredi 22 avril.
La firme américaine a encouragé les acheteurs à continuer de commander et a sorti des publicités dans les journaux français disant que les fournisseurs qui utilisent le site d'Amazon pour présenter leurs marchandises mais qui avaient leur propre logistique seraient toujours en mesure de livrer.
En outre, la société a déclaré qu'elle essaierait de minimiser les perturbations en utilisant d'autres entrepôts en Europe pour exécuter les commandes, bien que certains acheteurs aient déclaré qu'ils avaient déjà été avertis de retards pouvant aller jusqu'à quatre semaines pour recevoir leurs marchandises. Amazon entend donc contourner la décision de la justice française en mettant à contribution ses entrepôts situés dans les pays voisins.
Les caméras thermiques pourraient-elles contribuer à apaiser les craintes ?
Aux États-Unis, Amazon a commencé à utiliser des caméras thermiques dans ses entrepôts pour accélérer le dépistage des travailleurs fiévreux susceptibles d'être infectés par le coronavirus. Les caméras mesurent en effet la quantité de chaleur que les gens émettent par rapport à leur environnement. Elles nécessitent moins de temps et de contact que les thermomètres à infrarouge, adoptés auparavant par Amazon, ont déclaré les travailleurs.
Des cas de virus ont été signalés parmi le personnel de plus de 50 des entrepôts d'Amazon aux États-Unis. Cela a incité certains travailleurs à s'inquiéter pour leur sécurité et à quitter le travail. Les syndicats et les élus ont appelé Amazon à fermer les bâtiments. L’utilisation de caméras, non signalées auparavant, montre comment le deuxième employeur américain explore des méthodes pour contenir la propagation du virus sans fermer les entrepôts essentiels à son fonctionnement.
Les États américains ont donné à Amazon le feu vert pour livrer des marchandises dans un contexte où presque tout le pays est confiné.
Les systèmes de caméras, qui ont été largement utilisés dans les aéroports en Asie après l'épidémie de SRAS en 2003, peuvent coûter entre 5 000 et 20 000 $. Cette semaine et la dernière, Amazon a installé le matériel pour les caméras thermiques dans au moins six entrepôts en dehors de Los Angeles et de Seattle, où la société est basée, selon les employés et les publications sur les réseaux sociaux.
Des caméras thermiques remplaceront également les thermomètres aux entrées des travailleurs de nombreux magasins Whole Foods d'Amazon, selon une récente note du personnel vue par Reuters et précédemment rapportée par Business Insider. L'entreprise effectue un deuxième contrôle avec un thermomètre à infrarouge sur toute personne signalée par les caméras pour déterminer la température exacte, a déclaré l'un des travailleurs. Une norme internationale nécessite une vérification supplémentaire, bien qu'un fabricant de systèmes de caméras ait déclaré que le balayage infrarouge était plus précis qu'un thermomètre.
Amazon a confirmé que certains entrepôts ont mis en œuvre les systèmes pour rationaliser les contrôles. L'entreprise prend des températures « pour soutenir la santé et la sécurité de nos employés, qui continuent de fournir un service essentiel dans nos communautés », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Au début de ce mois, Amazon a annoncé qu'il offrirait des masques faciaux et commencerait à vérifier quotidiennement la température des milliers de personnes qui sont dans tous ses entrepôts américains et européens. Les associés se dirigent vers un écran en plexiglas et un employé de l'autre côté vérifie leur température à l’aide d’un thermomètre pointé sur leur front à travers un petit trou.
Ce processus n'a pas suffit à calmer les inquiétudes. Un travailleur effectuant des contrôles de température à Houston a déclaré que sa proximité avec des associés le mettait mal à l'aise, malgré l'écran qui les séparait. Un employé de la région de Los Angeles, qui a également parlé sous couvert d'anonymat, a déclaré qu'un rang s'était formé devant l’entrepôt et que les employés ne pouvaient recevoir des masques qu'après être entrés dans le bâtiment et après que leur température ait été prise.
Le système de caméra thermique est plus rapide, ont déclaré deux autres travailleurs, sans qu'il soit nécessaire de s'arrêter devant un écran. Les caméras se connectent à un ordinateur afin qu'un employé à distance puisse voir les résultats, a déclaré l'un d'eux.
Source : Amazon, Reuters
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