Un groupe d'experts européens s'apprête à lancer une technologie autour des smartphones pour retrouver les personnes qui ont été en contact avec des tiers infectés par le coronavirus. La manœuvre est destinée à aider les autorités sanitaires à agir rapidement pour enrayer sa propagation.
« C'est une méthode éprouvée pour aider à contenir la propagation des maladies infectieuses. L'objectif est d'informer le plus rapidement possible des tiers qui sont entrés en contact avec des personnes infectées, afin que les bonnes mesures soient prises en temps utile. Dans le cas du SRAS-CoV-2, une grande partie des transmissions se fait par des gouttelettes qui ne se déplacent que sur une certaine distance (environ 2 mètres). Le dispositif cible des individus qui peuvent avoir été exposés au virus par la proximité physique. C'est pourquoi l'initiative PEPP-PT utilise le terme de traçage de proximité », indiquent les chercheurs à propos de l’approche.
L'initiative consiste en la collecte de données via des smartphones pour savoir avec qui une personne atteinte du virus a été en contact étroit, ce, pour pouvoir ensuite alerter les personnes à risque. Le projet dénommé Pan-European Privacy Preserving Proximity Tracing (PEPP-PT), qui mobilise 130 experts, doit déboucher sur la mise sur pied d’une plateforme technologique sous licence d’ici le 7 avril. Celle-ci servira de base à diverses applications dont le déploiement débutera à peu près une semaine plus tard.
La plateforme en gestation fait un usage anonyme de la technologie Bluetooth des téléphones portables d'une manière qui respecte le règlement général de l'Union européenne sur la protection des données (GDPR). Cela évite d’effectuer un suivi intrusif des données de localisation. Le système enregistre (pendant deux semaines) les connexions établies entre les smartphones sur ces derniers, plutôt que sur un serveur central, en utilisant un chiffrement fort. Seules les autorités sanitaires locales sont considérées comme des personnes de confiance pour télécharger des données afin de pouvoir avertir les personnes à risque d'infection et leur dire de s'isoler. Selon une étude réalisée par des chercheurs du Big Data Institute de l'université d'Oxford, 60 % de la population d'un pays devrait être impliquée pour que l'approche soit efficace. Les personnes qui ne possèdent pas de smartphones doivent mettre des dispositifs compatibles Bluetooth à enfiler autour d'un bras.
L’initiative PEPP-PT fait suite à l’utilisation successive de technologies centrées sur les smartphones pour suivre la propagation du virus et appliquer les mesures de mise en quarantaine. Elle est similaire à l'application TraceTogether de Singapour, mais le modèle européen utilisera des codes pays afin de pouvoir fonctionner au-delà des frontières.
Le Canada mise sur l’IA plutôt que sur les technologies centrées sur les smartphones
De façon officielle, le pistage des smartphones pour cibler les lieux de rassemblements des individus n’est pas à l’ordre du jour au Canada dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus. Le pays table sur d’autres options technologiques, en l’occurrence, une solution de la firme BlueDot. La start-up canadienne basée à Toronto a été l’une des premières à tirer la sonnette d’alarme sur le risque de pandémie liée à l’éclosion, à l’époque, d’une mystérieuse épidémie de pneumonie qui sévissait dans la ville de Wuhan en Chine. Bien avant les premières déclarations de l’OMS et toutes les mesures de confinement que le monde vit désormais elle avait prévu, en s’appuyant sur une intelligence artificielle, dans quels pays l’épidémie allait ensuite circuler.
Le système de détection de détection rapide de propagation des maladies infectieuses de BlueDot repose sur les méthodes du traitement automatique du langage et d’apprentissage automatique. Chaque jour, l’intelligence artificielle épluche des centaines de milliers d’articles sur internet et des données du trafic aérien afin de détecter et suivre les risques de propagation des agents pathogènes. Toutes les 15 minutes, 24/24h, l’algorithme décortique les rapports sanitaires officiels, analyse les forums de membres de corps médical, les blogs, les articles en ligne et scanne les textes à la recherche de mots-clés et d’expressions liés aux maladies respiratoires anormales. L’outil mis sur pied par une équipe de médecins, de vétérinaires, d’épidémiologistes, de « data scientists » et de développeurs peut lire 65 langues et est capable de traquer plus de 150 types de maladies.
Les têtes derrière l’outil l’entraînent ensuite à reconnaître si l’information repérée correspond à une menace ou à une épidémie réelle ou non. Dans le cas où elle est crédible, elle fait l’objet d’introduction dans une base de données qui analyse divers paramètres*: lieu du foyer, aéroports alentours, itinéraires anonymes des passagers aériens à travers le monde, données climatiques et sur le système de santé de chaque pays, etc. Une fois l’analyse à son terme, BlueDot envoie une alerte à ses clients*: agences gouvernementales, compagnies aériennes, hôpitaux — dans les lieux qui vont recevoir le plus grand nombre de ces voyageurs. Objectif : prévenir ces acteurs à se préparer au pire.
BlueDot a reçu du financement en début de semaine pour parfaire son modèle prévisionnel de l’évolution de la maladie. La firme a reçu 275 millions de dollars dans le cadre d’un investissement fédéral destiné à mobiliser les sciences dans la lutte contre le coronavirus.
Sources : PEPP-PT, sciencemag
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Le , par Patrick Ruiz
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