
selon l'agence de régulation des télécommunications de l'UE
Les impacts du télétravail, des mesures de confinement et de quarantaine dû à l'épidémie de COVID-19 commencent à affecter le débit d'Internet dans un certain nombre de villes américaines, selon un rapport. BroadbandNow, un site d'analyse de la bande passante d'internet, a analysé 200 villes principales du 15 au 21 mars dernier et a trouvé que 88 des 200 villes américaines les plus peuplées analysées ont maintenant connu une certaine forme de dégradation du net au cours de la semaine dernière, par rapport aux 10 semaines précédentes, alors que de plus en plus de personnes vont travailler en ligne depuis leur domicile, suivre des films et des émissions de télévision pour se divertir.
En Europe, le trafic global d'Internet a augmenté à cause de la crise du Covid-19, mais aucun problème de congestion majeur n'est survenu
En Europe, la situation semble être complètement différente. L'ORECE, l'agence de régulation des télécommunications de l'Union européenne, s'est engagé à mettre en place un mécanisme de surveillance spécial pour assurer une surveillance régulière de la situation du trafic Internet dans chaque État membre afin de pouvoir répondre rapidement aux problèmes de capacité. Les principales conclusions du premier exercice de collecte d'informations par l'ORECE le 24 mars dernier ont montré que le trafic global sur les réseaux fixes et mobiles a augmenté à cause de la crise du Covid-19, mais qu'aucun problème de congestion majeur n'est survenu.
Selon l'ORECE, les opérateurs de réseau ont été en mesure de faire face à cette charge de trafic supplémentaire. Certaines difficultés locales et temporaires d'accès à Internet ont été observées et atténuées, mais n'ont pas été considérées comme sortant de l'ordinaire. Dans certains États membres, les opérateurs ont mis en œuvre des mesures conviviales telles que l'augmentation de la quantité de données mobiles dans les abonnements pour une période limitée. La déclaration de l'agence intervient après que plusieurs experts ont fait des prédictions inquiétantes selon lesquelles l'infrastructure internet pourrait ne pas être en mesure de faire face à l'augmentation du trafic, car la plupart des consommateurs, désormais en confinement chez eux, consomment bien plus d'Internet qu'habituellement.
L'augmentation du trafic Internet observée est tout à fait légitime. En France par exemple, 12,4 millions d’élèves sont enfermés chez eux, 2,2 millions de salariés au chômage partiel au 29 mars selon Muriel Penicaud, ministre du Travail. Un sondage de la société Deskeo révèle que 70 % des Français sont en télétravail. L'utilisation des plateformes de visioconférences comme Slack, Teams et Zoom a fortement augmenté. Les travailleurs confinés chez eux s'occupent sur internet avec des jeux vidéo en ligne, du streaming et autres. Toutefois, cela ne met pas en péril l’internet en France comme c'est le cas aux USA.
Une augmentation de 10 % du débit dans les points d’échanges français a déjà été notée. Cisco publie, depuis une décennie, un rapport précis sur l’état d’internet. Ce rapport, dévoilé début mars, estime que le volume de données consommées croît de 30 % tous les ans en temps normal. Le confinement a placé la France trois ans dans le futur, en termes de volume de données consommées. Selon Rémi Durand-Gasselin, directeur "service Provider" chez Cisco France, fournisseur d’infrastructures aux opérateurs, « là où nous constations un usage d’internet assez espacé avec des pics de connections de 19h à 23h, l’heure à laquelle on regarde des films [la vidéo représente entre 60 et 80% du trafic habituel], désormais les pics sont répartis en journée, plutôt entre 11h et 14h avec les enfants, la famille est connectée ».
Cette résistance de l'Internet face au confinement en Europe n'est pas le fruit du hasard
Cette résistance de l'Internet face au confinement en Europe n'est pas le fruit du hasard. Grâce à l’automatisation, il est possible qu’une infrastructure surdimensionnée en soutienne une surchargée. Cela permet « d’allouer de manière dynamique la banque passante », selon certains. Aussi, les fournisseurs d’infrastructure collaborent avec les opérateurs pour s’équiper sur 2 à 5 ans en avance. « Les opérateurs ont un capacity planning, ce qui leur permet de prendre en compte 6 mois à un 1 an de croissance de trafic ». C’est cette façon de fonctionner qui permet aujourd’hui d’afficher une certaine sérénité sur la solidité du réseau internet.
Il faut aussi noter qu'il y a quelques jours, l'ORECE a officiellement demandé aux services de streaming vidéo de réduire la qualité du streaming pour les utilisateurs européens afin d'éviter de surcharger l'architecture internet de l'UE. Netflix et YouTube ont été les premiers à s'entendre la semaine dernière, et ont commencé à fournir des flux SD (définition standard) aux Européens, au lieu de leur qualité HD standard (haute définition). YouTube a finalement étendu la mesure à l'ensemble de sa base d'utilisateurs mondiale, et pas seulement à l'UE. Amazon Prime Video, Disney+ et Facebook ont répondu à l'appel de l'ORECE plus tard dans la semaine, et ont également plafonné la qualité du streaming vidéo pour l'UE ou l'ensemble de leurs utilisateurs.
Que se passera-t-il si le confinement devait durer plus longtemps que prévu ?
Néanmoins, l'Internet en France et en Europe en général pourrait être perturbé si la période de confinement devait durer plus de six mois, au-delà de ce qui est prévu. Pour le moment, le confinement est prévu pour durer jusqu’au 15 avril. Selon le Conseil scientifique de l’Élysée le 24 mars dernier, un prolongement du confinement pourrait être envisagé pour encore deux semaines supplémentaires.
Sources : ORECE, CISCO
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