L'OSI a défini 10 principes du mouvements open source. Ces principes sont :
- Redistribution libre La licence n'empêche aucune partie de vendre ou de céder le logiciel [...].
- Code source Le programme doit inclure le code source et doit permettre la distribution tant du code source que de sa forme compilée. [...] Le code source délibérément obfusqué n'est pas autorisé [...].
- Travaux dérivés La licence doit permettre les modifications et les travaux dérivés, ainsi que leur distribution dans les mêmes conditions que la licence du logiciel original.
- Intégrité du code source de l'auteur [...] La licence doit explicitement autoriser la distribution de logiciels construits à partir de code source modifié. La licence peut exiger que les œuvres dérivées portent un nom ou un numéro de version différent de celui du logiciel d'origine.
- Pas de discrimination contre les personnes ou les groupes La licence ne doit pas discriminer une personne ou un groupe de personnes.
- Absence de discrimination dans les domaines de compétence La licence ne doit empêcher personne d’utiliser le programme dans un domaine d’activité spécifique. Par exemple, elle ne doit pas empêcher le programme d'être utilisé dans une entreprise ou d'être utilisé pour la recherche génétique.
- Distribution de la licence Les droits attachés au programme doivent s'appliquer à tous ceux à qui le programme est redistribué, sans nécessité de conclure une licence additionnelle avec ces parties.
- La licence ne doit pas être spécifique à un produit Les droits attachés au programme ne doivent pas dépendre de son appartenance à une distribution logicielle particulière. Si le programme est extrait de cette distribution et utilisé ou distribué selon les termes de la licence du programme, toutes les parties auxquelles le programme est redistribué devraient bénéficier des mêmes droits que ceux concédés avec la distribution de logiciel d'origine.
- La licence ne doit pas restreindre d'autres logiciels La licence ne doit pas imposer de restrictions à d'autres logiciels distribués avec le logiciel sous licence. Par exemple, la licence ne doit pas exiger que tous les autres programmes distribués sur le même support soient des logiciels à source ouverte.
- La licence doit être neutre sur le plan technologique Aucune disposition de la licence ne peut être basée sur une technologie ou un style d'interface individuel.
Parmi ses sponsors premium figurent de grands noms comme AWS, Google, Facebook, IBM ou même Microsoft.
Quelques sponsors premium de l’OSI
OSI se sépare d’ Eric S. Raymond
L’organisation a décidé de se séparer d’Eric S. Raymond. Plus précisément, Raymond a été banni des listes de diffusion utilisées pour organiser et communiquer avec l'OSI.
Pour une organisation, interdire à son fondateur de communiquer avec le groupe (par exemple via une liste de diffusion) est une décision qui marque.
À un moment où nous avons vu d'autres fondateurs (de multiples initiatives liées aux logiciels libres et open source) chassés des organisations qu'ils ont fondées (comme Richard Stallman contraint de démissionner de la Free Software Foundation, ou les tentatives de retirer Linus Torvalds de Linux Kernel - qui se sont tous deux produits au cours de l'année dernière), il semble intéressant de regarder plus en détail ce qui se passe spécifiquement avec l'Open Source Initiative.
Raymond a fait la déclaration suivante, le 27 février 2020, sur son blog personnel dans un billet intitulé Le droit d'être impoli:
« Moi, en tant que co-fondateur de l'OSI et son président pendant ses six premières années, j’ai été expulsé de leurs listes pour avoir été trop rhétoriquement énergique lorsque je me suis opposé à certaines tentatives récentes de renverser les clauses 5 et 6 de l'OSD. Ceci malgré le fait que j'ai eu le soutien de plusieurs membres de la liste qui m'ont remercié d'avoir accepté de m'exprimer.
« Cela ne devrait être une nouvelle pour personne qu'il y a un effort en cours - je dirais corrompu - pour changer les prémisses fondamentales de la culture open source. Au lieu de méritocratie, nous sommes maintenant invités à nous comporter de manière à ce que personne ne se sente jamais mal à l'aise.
« L'effet - l'effet escompté - est de diminuer le prestige et l'autonomie des personnes qui font le travail - rédiger le code - en faveur de contrôleurs de tonalité autoproclamés. Ce faisant, la liberté de dire les vérités nécessaires même lorsque la manière dont elles sont exprimées est désagréable est progressivement étranglée.
« Et c'est mauvais pour nous. Très mauvais. À la fois directement - cela endommage notre processus d'autocorrection - et dans ses effets de second ordre. L'habitude du maintien de l'ordre institutionnel, même lorsqu'elle est bien intentionnée, glisse trop facilement dans la censure active des opinions défavorisées ».
Voici le déroulement des évènements qui permettra de se faire une meilleure idée de la situation
Alors, qu'est-ce qui a motivé cette mesure extrême ? Que pourrait-il arriver qui serait si problématique qu'une organisation bannirait son fondateur (qui est accessoirement l'un des individus les plus connus dans le monde Open Source) ? Heureusement, l'Open Source Initiative conserve des archives publiques de tous les messages de ses listes de diffusion.
Le 24 février 2020. Raymond a posté ce qui suit sur une liste de diffusion OSI avec le titre « un co-fondateur sauvage apparaît »:
« Après vingt ans à ne pas figurer sur cette liste, je l'ai rejointe.
« Je ne l'ai pas fait jusqu'à présent, car chaque fois que je me suis inscrit sur cette liste, les habitués semblaient faire le travail auquel je m'attendais qu'ils fassent avec compétence.
« Mais il y a deux développements récents que je trouve inquiétant qui m'ont convaincu que je devais intervenir. Veuillez faire attention, car je ne fais pas ce choix [à la légère].
« Je vais ouvrir des discussions individuelles pour les deux problèmes ».
Il s'en est suivi plusieurs articles par Eric Raymond au cours des deux jours suivants (ayant eu des conversations sur plusieurs sujets liés aux licences Open Source et comment l'OSI devrait gérer la révocation potentielle de la certification des licences). Certains des messages exprimaient de forts désaccords sur la politique OSI.
Puis, le 26 février 2020, «Moderator@OpenSource.org» a publié la déclaration suivante:
« Le conseil d'administration de l'OSI est conscient que certains e-mails offensants ont été envoyés à cette liste. L'OSI ne tolère aucun message délibérément diviseur ou irrespectueux de quelque part que ce soit. Nous avons déjà pris des mesures de modération à cet effet et nous appliquerons de nouvelles sanctions si nécessaire ».
Aucun autre détail n'a été fourni, ce qui rend cette vérification difficile.
Le lendemain (27 février 2020), Josh Berkus (employé de Red Hat et conférencier régulier aux conférences Open Source) a publié ce qui suit:
« Le ‘langage dur’ d’ESR n'est pas une tentative de persuasion. C'est une tentative d'intimider les opposants, de « gagner » un argument en faisant suffisamment peur aux autres pour qu’ils renoncent à participer. En effet, même aujourd'hui, la composition de la liste de diffusion OSI est entièrement réservée aux personnes disposant de privilèges suffisants pour résister aux attaques personnelles. C'est une chose triste et terrible.
« Ce n'est pas de la ‘liberté d'expression’ quand il s'agit de crier sur les autres pour qu'ils n'aient pas de voix. C'est tout autre chose.
« De plus, aucun des points d'ESR n'est original ni même original dans cette liste. En son absence, aucune des idées qu'il a exprimées de façon ‘colorée’ ne sera perdue. En attendant, nous ne profitons pas de la contribution de tant de personnes qui ne participeront pas à l'OSI en raison de notre tolérance pour un comportement totalement non civilisé comme ses messages ».
Peu de temps après (28 février 2020), Pamela Chestek (membre du conseil d'administration de l'OSI) a publié ce qui suit sur la liste de diffusion de l'OSI sous le titre «Conduite des membres»:
« À la suite d'un incident sur les listes de diffusion de l'Open Source Initiative, le Conseil a supprimé un abonné des listes de diffusion License-Review et License-Discuss pour violation répétée du Code de conduite.
« Le Conseil a pris des mesures pour atténuer le problème et a commencé à délibérer immédiatement après l'incident, a rendu une décision tôt ce matin et a informé l'abonné de cette décision cet après-midi.
« Le Conseil d'administration regrette que certains documents aient été publiés qui n'auraient pas dû l'être, malgré nos meilleurs efforts de modération. Nous demandons à tous les participants à la liste de diffusion d'être prudents avec l'utilisation des champs CC, BCC et Reply-All à l'avenir.
« Bien que nous ayons échoué dans ce cas, l'OSI continue de travailler à faire des listes de diffusion des environnements sûrs où toutes les personnes et tous les points de vue sont accueillis avec un esprit ouvert et traités avec dignité et respect. L'OSI a un large public et cela reste un atout fondamental pour notre mission.
« Nous ferons un suivi dans les prochaines semaines avec une déclaration publique plus générale sur l'état actuel de nos efforts de modération, ainsi que sur les projets en cours. Nous sommes reconnaissants des commentaires que nous avons reçus et nous nous félicitons de toute contribution supplémentaire à nos efforts.
« Nous espérons que nos efforts continus amèneront davantage de voix sous-représentées à la table et que ceux qui sont partis se sentiront en sécurité de retour. Nous vous voulons tous avec nous dans ce voyage ».
Aucune raison vérifiable n'a été donnée, par l'OSI, pour le bannissement. Cependant, en s'appuyant sur la chronologie des évènements, le ou les messages incriminés auraient vraisemblablement été envoyés dans la fenêtre de deux jours entre le 24 et le 26 février 2020.
Sources : blog personnel d'ESR, archives publiques Open Source Initiative (1, 2, 3, 4), code de conduite
Et vous ?
Que pensez-vous des propos d'Eric S. Raymond qui regrette que « au lieu de méritocratie, nous sommes maintenant invités à nous comporter de manière à ce que personne ne se sente jamais mal à l'aise »,
A-t-il raison lorsqu'il déclare que le fait de mettre fin à la liberté de dire les choses sans prendre de gants « est mauvais pour nous à la fois directement - cela endommage notre processus d'autocorrection - et dans ses effets de second ordre. L'habitude du maintien de l'ordre institutionnel, même lorsqu'elle est bien intentionnée, glisse trop facilement dans la censure active des opinions défavorisées » ?
Que pensez-vous de la décision du conseil d'administration de l'OSI ?
Devrait-il avoir des supers membres qui sont au-dessus des lois ou politiques mises en place dès lors qu'ils font de l'excellent travail ? Pourquoi ?