Le nombre de personnes infectées par le coronavirus ne cesse pas d'augmenter, les pays de l’Est étant les plus durement touchés. Pour éviter la panique, des gouvernements ont commencé à limiter l’accès à certains sites Web d’informations afin de contrôler ce qui circule à propos du virus. Cette semaine, l’Iran a bloqué l’accès à la version bureau de Wikipédia, cela quelques heures après qu’un membre très important du gouvernement est décédé des suites du coronavirus. La restriction a été maintenue environ 24 heures avant d’être levée, mais l’accès aux médias sociaux reste limité.
Pendant toute la journée du lundi, la version persane de Wikipédia est restée bloquée. C’est une initiative du gouvernement pour centraliser les informations importantes sur le coronavirus. En effet, le nombre de cas augmente très rapidement dans le pays depuis les premières infections et en parallèle le nombre de décès. Le gouvernement cherche à contrôler la diffusion de l'information et à garder la mainmise sur le récit de l'épidémie de plus en plus meurtrière. Cela dit, si la version de bureau a été bloquée, celle mobile est restée fonctionnelle.
Le conseiller, Mohammad Mirmohammadi, 71 ans, dont la mère est également morte du virus, faisait partie des 45 conseillers du guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei. Ce dernier a tenu mardi des propos, qui selon certains médias, minimisent l’importance du virus. Il a déclaré que le virus n'affectera pas le pays longtemps et disparaîtrait. « Je ne veux pas dire que c'est sans importance, mais n'exagérons pas [..] Le coronavirus n'affectera pas le pays pour longtemps et partira », rapporte la BBC.
L'accès à la version farsi de l’encyclopédie a été rétabli mardi, mais les sites de médias sociaux comme Twitter et Facebook restent limités à l'intérieur du pays depuis mercredi. Netblocks, un groupe de défense des droits numériques qui suit les perturbations d'Internet dans le monde entier, a déclaré qu'il y avait également eu des perturbations nocturnes généralisées dans certaines parties du pays, y compris à Qom, la région du pays où l'épidémie aurait pris naissance. Toutefois, d’autres mesures de contrôle de l’information ont été prises.
Les forces de police de Téhéran ont créé une base de défense contre les coronavirus pour surveiller la désinformation et la propagation de la peur. Jusqu'à présent, la police aurait déjà arrêté 24 personnes et 118 autres internautes ont été interpellés puis relâchés avec des avertissements. Le pays aurait également libéré 54 000 prisonniers afin de tenter d'enrayer la propagation du virus. Le gouvernement a annoncé qu'il annulait toutes les prières du vendredi dans les capitales provinciales en raison de l'épidémie. Plusieurs organisations ont dénoncé ces arrestations.
« Ces vagues d’accusations sont très préoccupantes pour la liberté de la presse et d'expression en ligne, notamment en raison de la mauvaise gestion de la crise par l’Iran et de la suppression d'informations cruciales », a déclaré l'organisation britannique de défense des droits de l'homme Article 19 dans un communiqué. En plus de milliers de prisonniers libérés par le gouvernement, les dirigeants du pays ont également déployé des centaines de milliers de travailleurs de la santé à travers le pays pour stopper l'épidémie mortelle.
L'Iran a connu l'épidémie la plus meurtrière du virus en dehors de la Chine. Mercredi, les responsables de la santé ont déclaré que le pays compte désormais 2 922 cas confirmés d'infection et 92 décès. Parmi les personnes infectées, on compte au moins 23 législateurs du pays, dont le vice-ministre de la Santé Iraj Harirchi. En outre, des rapports persistants indiquent que les chiffres officiels de l'Iran ne correspondent pas à la réalité sur le terrain. Selon certains analystes, c’est la raison pour laquelle le gouvernement veut forcément contrôler l’accès aux informations.
Par ailleurs, le législateur Ahmad Amiriabadi Farahani a déclaré lors d'une séance à huis clos du Parlement iranien le mois dernier qu'au moins 50 personnes sont mortes à Qom, sa ville natale, alors que le bilan officiel du pays n'était que de 34 morts. De même, des sources hospitalières se sont adressées à la BBC pour confirmer le nombre beaucoup plus élevé de morts, affirmant qu'au moins 210 personnes étaient mortes, la plupart des victimes se trouvant à Téhéran et à Qom. L’utilisation de la restriction de l'accès à Internet en temps de crise se fait de plus en plus.
Wikipédia est bloqué de façon permanente en Chine, et l'année dernière, la Turquie a rétabli l'accès à Wikipédia après trois ans lorsque la Cour constitutionnelle a déclaré que le blocage était une violation de la liberté d'expression. Le Venezuela a bloqué le site l'année dernière dans le cadre des troubles qui ont entouré les efforts visant à évincer le président Nicolas Maduro. Et en novembre dernier, Téhéran a coupé presque toutes les connexions à Internet mondial pendant les manifestations nationales, empêchant le monde de savoir exactement ce qui se passait.
Source : Netblocks
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Pour l'Iran, la réponse à l'épidémie du coronavirus est de couper l'Internet,
Une initiative du gouvernement pour garder la mainmise sur le récit de l'épidémie
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Le , par Bill Fassinou
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