Jeudi, à l’occasion d’une conférence de presse, Huawei a annoncé un investissement de 200 millions d’euros pour la construction d’une usine de production d’équipements réseau 4G et 5G en France. Une fois achevée, il s’agira de la plus grande usine du constructeur hors de Chine. En effet, en dehors de la Chine, Huawei détient jusqu’à présent seulement une usine de production en Inde où sont conçus des smartphones. Ailleurs dans le monde, il s’agit de sites d’assemblage. Le projet devrait créer 500 emplois directs.
« Le site va fournir toute l’Europe, pas seulement la France », a indiqué le président de Huawei, Liang Hua, lors d’une conférence de presse, ajoutant que les activités de Huawei étaient mondiales et que le groupe se devait à ce titre d’avoir une empreinte industrielle globale. « Le site commencera à fabriquer des équipements radio et se développera ensuite vers d'autres produits à l'avenir, en fonction des besoins du marché européen », a-t-il expliqué. Il n'a pas précisé où l'usine, qui produira environ un milliard d'euros d'équipement par an, serait située ni quand elle commencerait sa production.
Liang a indiqué que l'entreprise était en discussion avec le gouvernement français et les autorités locales au sujet du projet.
Les réseaux 5G, ou cinquième génération, offrent des vitesses de communication cellulaire considérablement plus élevées que les réseaux 4G actuellement largement utilisés. L'avancée technologique pourrait ouvrir une variété de nouvelles applications.
Les États-Unis ont fait pression sur des alliés européens pour exclure Huawei de leurs réseaux 5G, mais la France et la Grande-Bretagne ont jusqu'à présent refusé de se laisser influencer. En Allemagne, où le sujet divise au sein même du gouvernement allemand, la chancelière Angela Merkel a demandé d’attendre le sommet européen de mars prochain pour prendre une décision sur la possibilité ou non de recourir à Huawei, selon plusieurs sources.
En Grande-Bretagne, le gouvernement de Boris Johnson a annoncé qu’il autoriserait Huawei à jouer un rôle, mais limité, dans le déploiement de la 5G.
Le gouvernement français devrait pour sa part donner d’ici à la fin du mois ses premières autorisations aux demandes d’équipements formulées par les opérateurs qui ont le choix entre le groupe chinois et les fournisseurs européens Nokia et Ericsson.
Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire s’est dit ce mois-ci « favorable par principe » à la préférence européenne.
Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton, sans citer Huawei, a mis en garde à plusieurs reprises sur les risques en matière de sécurité posés par certains équipementiers.
Les États-Unis soutiennent que Huawei est trop proche du gouvernement chinois et que son équipement pourrait être utilisé comme un outil d'espionnage - une affirmation que la société a démentie.
En début de mois, des procureurs américains ont accusé l’entreprise Huawei d’avoir volé des secrets commerciaux pour soustraire des technologies clés à d’autres entreprises et chercheurs aux États-Unis et renvoyer ces informations en Chine. Les procureurs affirment que Huawei a même mis en place un système de primes pour les employés qui pourraient voler la meilleure technologie et a aidé l’Iran à traquer des manifestants. Le nouvel acte d’accusation qui remplace celui qui a été rendu public l’année passée et déposé devant la Cour fédérale de Brooklyn, à New York.
En tout, la société Huawei est poursuivie par le gouvernement américain pour 16 chefs d’accusation. Une panoplie de techniques aurait permis à la firme de Shenzhen de réduire ses coûts en matière de R/D et de prendre un avantage non négligeable sur ses concurrents. On peut voir dans le dossier d’accusation que le géant Huawei et certaines de ses filiales sont poursuivis pour conspiration, violation d’une loi sur le racket utilisée en général pour lutter contre le crime organisé, vol des secrets commerciaux dans six entreprises américaines, mais aussi pour fraude et blanchiment d’argent.
Le dossier d'accusation contient en outre de nouvelles allégations concernant l’implication de l’entreprise dans des pays faisant l’objet de sanctions (Iran et la Corée du Nord notamment) établies par les USA et affirme, entre autres, qu'elle a installé en Iran du matériel de surveillance qui a été utilisé pour surveiller, identifier et séquestrer des manifestants lors des manifestations antigouvernementales de 2009 à Téhéran.
Les nouvelles allégations de vol de secrets commerciaux proférées par l'Oncle Sam concernent le détournement (par des moyens physiques ou autres) de la technologie liée aux antennes cellulaires, de la technologie robotique, du code source et des manuels d’utilisation de routeurs. Huawei est aussi accusé d’avoir élaboré un programme récompensant les employés-informateurs ayant détourné et transmis le plus de données confidentielles sur ses concurrents, de recruter des employés d’autres entreprises, de faire des efforts pour obtenir la propriété intellectuelle de ces entreprises et d’utiliser des professeurs d’instituts de recherche et divers autres moyens pour s’approprier des technologies protégées par le droit d’auteur.
Les nouvelles accusations ont été ajoutées à un ensemble plus large déposé en 2019 qui accusait la société et son directeur financier, Meng Wanzhou, de fraude et d'évasion de sanctions. Dans le cadre de cette affaire, l'administration Trump a fait pression sur le Canada pour extrader Meng, qui a été arrêtée fin 2018 à Vancouver à la demande de responsables américains, afin qu'elle puisse faire face à des accusations aux États-Unis. Meng est la fille aînée du fondateur de Huawei, Ren Zhengfei.
Huawei a contesté la position du gouvernement américain devant un tribunal américain, estimant injuste d’avoir été placé en liste noire. Sa demande a été rejetée la semaine dernière.
Source : Asia Times
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Huawei annonce son intention d'investir 200 millions d'euros à la construction d'une usine en France
La première hors Asie qui produira des équipements réseau 4G et 5G
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Le , par Stéphane le calme
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