Le faible taux d’implication des filles et des femmes dans les STIM est une préoccupation constante des spécialistes des sciences sociales et des décideurs. De nombreux gouvernements dans le monde encouragent depuis des années les femmes à s’orienter vers ces domaines à travers des programmes de soutien, d’encouragement, etc. Cependant, la plupart des études menées ces dernières années ont montré que malgré les efforts consentis visant à réduire les inégalités entre les hommes et les femmes, le taux d’implication des femmes dans les STIM ne progresse pas.
En utilisant une base de données internationale sur les résultats de 472 242 adolescents en sciences, en mathématiques et aussi en lecture, les psychologues Gijsbert Stoet et David Geary, ont montré que dans deux pays sur trois, les filles obtenaient des résultats similaires ou supérieurs à ceux des garçons en sciences, et dans presque tous les pays, les filles semblaient plus aptes à faire des études STIM au niveau universitaire que celles qui étaient inscrites. Dans le même temps, ils ont remarqué que l’égalité nationale des sexes n’aidait pas en grand-chose.
« Paradoxalement, les différences entre les sexes quant à l'ampleur des forces académiques relatives et à la poursuite d'études en STIM ont augmenté avec l'augmentation de l'égalité nationale des sexes », ont-ils déclaré. Selon leur rapport, l'écart entre le rendement des garçons en sciences et celui des filles en lecture par rapport à leur rendement scolaire moyen était presque universel. Ces différences entre les sexes en ce qui a trait aux forces scolaires et aux attitudes à l'égard de la science étaient corrélées à l'écart entre les diplômés des STIM.
Selon Stoet et Geary, cette situation pourrait s’expliquer par le fait que les pressions exercées sur la qualité de vie dans les pays où l'égalité entre les sexes est moins grande encouragent l'engagement des filles et des femmes dans les matières STIM. Ainsi dit, cela amène à se demander si les femmes se sentent trop à l’aise dans les pays où les inégalités entre les hommes et les femmes ne s’observent presque plus. Le rapport estime que le problème ne semble pas être l'aptitude des filles aux professions STIM.
D’après le rapport, dans presque tous les pays, 24 % des filles avaient les sciences comme matière principale, 25 % de leurs forces étaient en mathématiques et 51 % excellaient en lecture. Pour les garçons, les pourcentages étaient de 38 %, avec 42 % pour les mathématiques et 20 % pour la lecture. Et plus le pays est sur un pied d'égalité entre les sexes, comme le montre l'Indice mondial de l'écart entre les sexes du Forum économique mondial, plus l'écart entre les garçons et les filles est grand pour ce qui est de faire des sciences leur matière de choix.
Selon Geary, l'écart dans la lecture est lié, du moins en partie, aux avantages des filles en ce qui a trait aux aptitudes langagières de base et à un intérêt généralement plus grand pour la lecture ; elles lisent davantage et donc pratiquent davantage. Stoet et Geary estiment que les pays qui ont le plus grand nombre de femmes possédant un diplôme universitaire dans des domaines comme la science, l'ingénierie ou les mathématiques sont aussi parmi les pays où l'égalité entre les sexes est la plus faible. Ils ajoutent que les pays les plus égalitaires ont contribué à cela.
En effet, ils prétendent que c'est parce que les pays qui habilitent les femmes les habilitent aussi, indirectement, à choisir la carrière qu'elles aimeraient le plus et dans laquelle elles seraient les meilleures. « Les pays où l'égalité entre les sexes est la plus élevée ont tendance à être des États providence, avec un niveau élevé de sécurité sociale », ont-ils écrit. Dans le même temps, les pays où l'égalité entre les femmes et les hommes est moindre ont tendance à avoir moins de soutien social pour les personnes qui, par exemple, se retrouvent au chômage.
Ainsi, Stoet et Geary estiment que les filles de ces pays pourraient être plus enclines à choisir des métiers STIM, car ils offrent un avenir financier plus certain. Les résultats de l’étude pourraient sembler bouleversants, puisque l'idée que les hommes et les femmes ont des capacités inhérentes différentes est souvent utilisée par certains comme une raison pour faire valoir que l’on devrait oublier d'essayer de recruter plus de femmes dans les domaines des STIM. D’autres pensent qu’il y a une certaine légèreté dans la chose.
« Certains diraient que l'écart entre les sexes n'est pas dû au fait que les filles ne peuvent pas faire les sciences, mais parce qu'elles ont d'autres choix, en rapport avec leurs compétences verbales. Dans les pays riches, elles croient qu'elles ont la liberté de poursuivre ces alternatives et ne s'inquiètent tant qu’elles paient moins cher », a tenté d’expliquer Shibley Hyde, professeure d'études sur le genre à l'université du Wisconsin, qui n'a pas participé à l'étude. Relever le taux d’implication des femmes dans le domaine des STIM est-il encore possible ?
Enfin, il se peut que, se sentant financièrement en sécurité et sur un pied d'égalité avec les hommes, certaines femmes choisissent toujours de suivre leurs passions, plutôt que les recommandations des économistes du travail. Et ces passions ne résident pas toujours dans la science.
Source : Rapport de l’étude
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