Le Web a été créé pour rassembler les gens et dans le but de rendre les connaissances universelles. Cela a définitivement changé le monde et amélioré la vie de milliards de personnes. Pourtant, selon la World Wide Web Foundation, de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès à ses avantages et, pour d’autres, le Web entraîne des coûts inacceptables. Pour remédier à tout ceci, en plus des nombreux autres maux dont souffre le Web, Tim Berners-Lee et la World Wide Web Foundation ont présenté une feuille de route pour construire un meilleur Internet.
L'informaticien britannique a exposé pour la première fois sa vision d'une refonte de l'approche des organisations à l'égard d'Internet lors du Web Summit de l'an dernier. À l'époque, il disait que la toile était « à un point de basculement ». Le contrat qu’il propose appelle les entreprises à respecter la confidentialité des données des consommateurs et exhorte les gouvernements à garantir l'accès de tous à Internet. En général, le plan aborde les problématiques telles que la désinformation, la surveillance de masse, la collecte de données en masse et la censure.
Pour atteindre son objectif, il associe tous les acteurs d’Internet à son plan d’action. « Le Web a besoin d'une intervention radicale de tous ceux qui ont du pouvoir sur son avenir : les gouvernements qui peuvent légiférer et réglementer ; les entreprises qui conçoivent des produits ; les groupes de la société civile et les militants qui demandent des comptes aux puissants ; et chaque utilisateur du Web qui interagit avec les autres en ligne », a écrit Tim Berners-Lee dans un communiqué publié dans le journal américain The New York Times (NYT).
Selon la description du plan d’action, le Contrat pour le Web a été créé par des représentants de plus de 80 organisations, représentant les gouvernements, les entreprises et la société civile. Il définit plusieurs engagements pour guider les agendas politiques dans le domaine du numérique. Pour atteindre les objectifs du contrat, les principaux acteurs d’Internet doivent s’engager à respecter les neuf principes fondamentaux qu’il énumère. Ces principes sont essentiellement :
- principe 1 : les gouvernements doivent s’assurer que tout le monde puisse se connecter à Internet ;
- principe 2 : les gouvernements doivent tout faire pour garder tout l’Internet à portée de main ;
- principe 3 : les gouvernements doivent s’engager à respecter les droits fondamentaux des personnes en matière de confidentialité des données en ligne ;
- principe 4 : les entreprises doivent prendre l’engagement de rendre l’Internet abordable et accessible à tous ;
- principe 5 : les entreprises doivent impérativement respecter et protéger la vie privée des personnes pour établir une confiance en ligne ;
- principe 6 : les entreprises doivent prendre le soin de construire des technologies qui supportent le meilleur de l’humanité et défient le pire ;
- principe 7 : les citoyens doivent être collaboratifs et créatifs sur Internet ;
- principe 8 : les citoyens doivent construire des communautés fortes qui respectent le discours civil et la dignité humaine ;
- principe 9 : les citoyens doivent lutter pour le Web.
En gros, il est énoncé trois principes pour chaque acteur d’Internet. Ensemble, les principes visent à garantir que tout le monde ait accès à Internet et que la confiance dans le Web puisse être rétablie. Le plan est soutenu par plus de 150 organisations, notamment des géants de l'Internet tels que Google, Microsoft et Facebook, ainsi que des groupes d'intérêt tels que Reporters sans frontières. De même, les gouvernements allemand, ghanéen et français ont également manifesté leur soutien au plan. Peter Altmaier, le ministre allemand de l'Économie, a aussi apporté son soutien.
« Je défendrai la préservation de l'Internet libre que nous avons appris à connaître et à aimer ces dernières décennies », a-t-il déclaré dans un communiqué avant le Forum des Nations unies sur la gouvernance de l'Internet, qui se tient cette semaine à Berlin. Berners-Lee s’est également prononcé ce lundi au forum. Par ailleurs, le lancement du contrat arrive à un moment où les entreprises technologiques comme Facebook et Google ont été confrontées à une pression croissante liée à la quantité de données utilisateur collectées et à la manière dont elles les collectent.
Le Contrat pour le Web comprend des principes visant à empêcher cela, notamment l'obligation pour les entreprises de respecter la vie privée et les données personnelles des personnes. Si les entreprises ne montrent pas qu'elles s'efforcent de soutenir ces objectifs, elles risquent d'être retirées de la liste des bailleurs de fonds du projet. Des critiques ont aussi souligné qu’il sera difficile pour Facebook et Google de satisfaire à ses obligations, vu la longue de liste de scandales de violation de données du premier et la grande dépendance de Google des activités publicitaires.
« Le pouvoir du Web n'a jamais été aussi menacé », a déclaré Adrian Lovett, PDG de la World Wide Web Foundation, lors d'une interview accordée vendredi à CNBC. Il a ajouté que l'augmentation des contenus haineux et des fausses nouvelles diffusées en ligne signifiait que quelque chose devait changer. « Ce n'est pas que nous ayons besoin d'un plan décennal pour le Web, mais nous devons maintenant faire évoluer le Web », a déclaré Berners-Lee au The Guardian, invitant tous les activistes du Web à se joindre à eux pour lutter pour le protéger.
Le Contrat pour le Web, qui comprend 72 clauses en plus des neuf principes énoncés plus haut, offre une vision commune du Web que la World Wide Web Foundation de Berners-Lee souhaite voir se construire, ainsi qu'une feuille de route pour l'action. Enfin, il fournit également un outil pour tenter d'obliger les entreprises et les gouvernements à rendre des comptes. Néanmoins, l'on se demande toujours si cela va suffire.
Source : Contract for the Web
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