« L’implication des femmes dans l’industrie high-tech n’évolue plus ou commence à prendre du recul ». C’est la conclusion que tire le rapport Gender Scan 2019 du cabinet d’étude Global Contact. Selon le rapport, l’expertise des femmes et des filles dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation (STI) ainsi que dans les postes de direction des STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) demeure lente. En France, le nombre de femmes diplômées de la tech aurait baissé de 6 %, passant de 35 746 à 33 709, entre 2013 et 2017.
Selon une nouvelle étude réalisée par le cabinet d’étude et de conseil Global Contact, et remise cette semaine au secrétaire d'État chargé du numérique, Cédric O, la féminisation des emplois de la tech ne progresse pas. Elle aurait même tendance à reculer. L'étude Gender Scan 2019 a été réalisée sur la base de données Eurostat, et d'une enquête en ligne réalisée dans 130 pays auprès de 15 000 répondants, dont 3597 en France. Elle a montré qu’il y a un réel décrochage du nombre de femmes qui sortent diplômées des formations tech et numériques dans l'enseignement supérieur en France.
Selon les chiffres de l'étude de Global Contact, le nombre de femmes diplômées de la tech, aussi bien dans l’enseignement supérieur, dans le numérique que dans l’ingénierie, a baissé de 6 % en France. Cette diminution provient de la chute de la proportion de femmes dans les cycles courts et la stagnation ou la légère diminution observées au niveau des maîtrises. Dans la seule branche du numérique, le nombre de femmes diplômées a baissé de 2 %, passant de 4067 diplômées en 2013 à 3892 en 2017.
Ces évolutions sont à rebours par rapport à celles observées dans l'Union européenne, où les effectifs de femmes diplômées progressent de 2 % dans la tech, et de 23 % dans le numérique. Pourquoi en France la tech attire-t-elle de moins en moins les femmes ? Selon Cédric O, la responsabilité est partagée entre les entreprises et le gouvernement. « Il n’y a pas de fatalité et nous devons, entreprises et gouvernement, agir pour inverser la tendance dans les prochaines années », a déclaré le secrétaire d'État, cité dans un communiqué de Global Contact.
Pour remédier à cette situation, Cédric O a déclaré dans un tweet mercredi que le gouvernement entend agir notamment avec une loi sur « l'émancipation économique des femmes » qui sera présentée en 2020. D’après lui, ces résultats montrent que la « France a encore beaucoup à faire ». Dans le même temps, l’étude a indiqué que la baisse du nombre de diplômées s'accompagne aussi d'une baisse de la mixité dans le milieu professionnel. Les femmes ne représentaient que 17 % des effectifs dans le numérique en 2018, contre 20 % en 2009.
Néanmoins, l’étude Gender Scan 2019 a précisé que la satisfaction des femmes dans la tech en France est au plus haut comparée à celle observée à l'international. « L'engagement effectif des entreprises du secteur en France génère un niveau de satisfaction des femmes de la tech nettement supérieur à celui observé à l'étranger en ce qui concerne l'organisation du travail et l'équilibre vie professionnelle/vie privée », a écrit Global Contact sur Twitter. Cela dit, le tableau est moins satisfaisant sur les questions d'égalité de salaire et d'accompagnement professionnel.
Sur ce point, le niveau de satisfaction observé est inférieur à celui observé à l’étranger. Selon Claudine Schmuck, fondatrice et directrice de Global Contact, qui travaille depuis dix ans sur ces sujets, la satisfaction des femmes travaillant dans la tech est une des raisons d'espérer une amélioration de la mixité dans les années à venir. Mais selon elle, il reste urgent de mieux coordonner les initiatives qui sont prises dans le système scolaire pour éviter que les jeunes filles ne se détournent des formations scientifiques et techniques.
« Il y a pléthore d'actions », menées par de « multiples acteurs sans aucune coordination », a déclaré Claudine Schmuck à l'AFP. « Nous avons proposé au gouvernement de cartographier ces initiatives et de mieux évaluer leur efficacité », a-t-elle ajouté. Claudine Schmuck estime qu’en Allemagne, le nombre de femmes diplômées dans le numérique a bondi de 53 % entre 2013 et 2017. Selon elle, Angela Merkel aurait contribué à cette dynamique en soutenant dès son arrivée au pouvoir le « Girl's day ».
En effet, durant une journée, les filles sont invitées à se lancer sur des activités techniques traditionnellement considérées comme masculines, tandis que les garçons s'essaient à des activités considérées comme féminines : le soin des autres, par exemple. L’occasion, bien souvent, de bousculer les mentalités.
Sources : AFP, Rapport d’étude (PDF)
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Le , par Bill Fassinou
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