Le trafic Internet rétabli en Égypte, les FAI locaux reprennent du service
Mise à jour du 02.02.2011 par Katleen
L'Internet était devenu une denrée rare en Egypte, comme nous vous l'expliquions dans la news précédente.
La décision du gouvernement d'isoler numériquement son pays, en y bloquant toutes connexions (Net, mobiles, etc.) avait scandalisé le monde entier et n'avait cessé de provoquer des réactions outrées de diverses personnalités, États, ou entreprises.
Une pression internationale trop dure à supporter ? C'est possible, puisque depuis quelques heures, la Toile semble avoir repris l'Egypte dans ses filets.
Les quatre fournisseurs d'accès locaux ont repris du service et sur tout le territoire où plus aucun blocage n'est constaté, et où on peut à nouveau communiquer, et même tweeter et chatter.
"Nous confirmons que le Web est de nouveau disponible en Egypte", déclare la firme d'analyse du trafic Renesys.
Tous les moyens de communiquer avec l'extérieur qui avaient été mis en place en urgence par la population, parfois avec des aides extérieures, dignes de véritables "systèmes D", n'ont donc plus lieu d'être.
Ce retour à la normale de l'accès au Net dans le pays est donc une bonne nouvelle, reste à savoir ce qui a provoqué ce geste des autorités.
Malgré tout, les heurts et les violences continuent sur place, avec toujours un grand soulèvement populaire.
Source : Renesys
Comment l'Egypte se retrouve-t-elle totalement déconnectée d'Internet ? Un FAI résiste, Microsoft proteste. Le Web mondial en sera-t-il affecté ?
L'information est de taille, et elle fait depuis ce week-end la Une de tous les quotidiens du monde : l'Egypte s'est coupée du monde en fermant ses frontières aux connexions Internet.
Du jamais vu dans l'histoire du Web : un pays est totalement déconnecté, et ses 80 millions d'habitants se retrouvent dans une bulle, isolés du réseau mondial.
Pourquoi une action aussi radicale ? Pour tenter de calmer un soulèvement du peuple, qui se rebelle contre le pouvoir politique en place (le Président Moubarak est à son poste depuis plus de 30 ans...).
Comment un tel blocage a-t-il pu être mis aussi rapidement en place ? C'est tout simple, le gouvernement égyptien à demandé aux FAIs de son territoire de couper les vannes. Et ces derniers n'ont pas eu d'autre choix que d'obéir, conformément aux lois très strictes du pays.
Techniquement, il s'agirait de câbles débranchés, et rien de plus.
Une autre hypothèse émise ce matin par divers spécialistes de l'Internet explique que pour arriver à un tel résultat, le gouvernement à du ordonner des changements au coeur des modems des FAI : ces derniers utilisent en effet le protocole BGP pour communiquer entre eux, mais si ils refusent de donner leurs adresses IP, alors toute connexion avec le Web est rendue impossible.
La tactique aurait donc été de refuser des partager les données BGP avec les autres réseaux de la toile, ainsi qu'aux fournisseurs sources. De quoi cloisonner les installations du pays dans une véritable bulle.
Quelles conséquences pour le Net ?
La disparition immédiate de 3.500 routes BGP (Border Gateway Protocol), comme l'a constaté Renesys :
“à 22:34 UTC (00:34 locale), Renesys a observé la suppression virtuelle de toutes les routes vers les réseaux égyptiens dans la table globale de routage d’Internet. Environ 3.500 routes BGP individuelles ont été supprimées, ne laissant aucun chemin valide par lequel le reste du monde pourrait échanger du trafic Internet avec les fournisseurs d’accès égyptiens.“
De plus, le protocole BGP n'est pas essentiel que pour l'Internet égyptien, il l'est aussi pour la globalité du réseau auquel il apporte force et flexibilité.
Les opérateurs communiquent leur réseau d’adresses IP au réseau voisin qui le répercute à son voisin etc. Les informations ainsi échangées font le tour du monde en à peu près cinq minutes.
Les contestataires égyptiens ont ainsi le plus grand mal à s'organiser pour leurs manifestations, mais aussi à se tenir au courant de l'actualité. Dans ce contrôle de fer, la chaîne télévisée AL Jazeera a également été interdite d'antenne, car elle montrait des images des émeutes. L'information circulant sur le sujet à l'intérieur du pays est donc désormais totalement contrôlée.
Heureusement, certaines solutions ont déjà été trouvées pour contourner cette barrière numérique.
D'abord, certains se tournent vers d'anciennes technologies, comme les fax (par exemple, pour diffuser des informations dans les universités) ou même les télégraphes.
Les modems de type dial-up sont également très prisés pour retrouver un accès au web : grâce à des listes de numéros internationaux (dont beaucoup sont diffusés sur Twitter), ils permettent de se connecter.
D'autre part, certains FAIs étrangers (en France, Suède, Etats-Unis, Espagne, etc.) ont mis en place des armées de modems acceptant les appels internationaux pour soutenir cette initiative et relancer les échanges d'informations. Et parfois gratuitement.
Malgré tout, les tarifs des appels à l'international restent particulièrement salés mais pour beaucoup cela en vaut la peine, pour communiquer en urgence dans de telles circonstances.
Autre solution : le fournisseur d'accès égyptien Noor (8% de la part de marché) continue d'offrir ses services car il assure des liens avec le Stock Exchange du pays et la majorité des grandes compagnies occidentales. Les particuliers et entreprises qui bénéficient d'accès au Net via ce FAI ont, en grande majorité, supprimé les mots de passe de leurs connexions Wi-Fi, afin de permettre au plus grand nombre de personnes d'en profiter.
Il existe encore d'autres subterfuges pour contourner un peu la censure et accéder à des sites comme Google ou Facebook : entrer leurs adresses numériques au lieu de leurs URLs en anglais.
Les réseaux GSM souffrent également de la situation, ils sont totalement coupés dans certaines régions du pays et dans les grandes villes (Le Caire, Alexandrie).
Les entreprises ne sont pas en reste et se trouvent très contrariées par la situation. Microsoft est la première firme à avoir réagi, en déclarant que cette coupure est très dommageable pour ses propriétés et services, et que la compagnie s'en trouve très limitée et que la majorité de ses offres, comme celles de centre d'appels, en pâtissent aussi.
Un autre groupe, Hewlett-Packard, a demandé a ses employés de ne pas se rendre sur leur lieu de travail.
Enfin, dernière nouveauté dans ce dossier, le FAI français FDN vient de mettre en place une connexion alternative à bas débit pour les égyptiens, qui est accessible au +33 1 72 89 01 50 avec le mot de passe "toto", via un modem 28K ou 56K.
Dernière information vous pouvez tester la ligne du Caire avec ce checkpoint, vous constaterez qu'elle ne réponds absolument plus.
Sources : Renesys ; Le Point ; Jean-Michel Planche
Avec plus de 90% du réseau Internet égyptien hors-service, quel impact sur le Web mondial ? Et sur les activités des entreprises technologiques présentes dans le pays ?
Une telle coupure vous choque-t-elle dans le cadre d'un soulèvement populaire ?
L'Internet d'un pays peut être mis à mal, et celui de la France ? Et celui du monde entier, peut-il être désactivé ?
Jean-Michel Planche déclare sur son blog : «oui, on peut éteindre le Web mais non, on ne peut pas éteindre l’Internet». Qu'en pensez-vous ? Etes-vous d'accord avec lui ?
Comment l'Egypte se retrouve-t-elle totalement déconnectée d'Internet ?
Le Web mondial en sera-t-il affecté ?
Comment l'Egypte se retrouve-t-elle totalement déconnectée d'Internet ?
Le Web mondial en sera-t-il affecté ?
Le , par Katleen Erna
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