Fin août, le quotidien chinois Xinhuanet faisait par d'un rapport officiel sur le développement de l'Internet en Chine qui a noté que le pays avait franchi la barre des 854 millions d'internautes en juin 2019, parmi lesquels 847 millions de mobinautes (soit une augmentation de 29,84 millions de mobinautes par rapport à la fin de l'année dernière). Les utilisateurs sur téléphones mobiles représentent 99,1% du total des internautes, en hausse de 0,5 point.
Et la Chine veut prendre toutes les mesures possibles pour vérifier l’identité de ses 854 millions d’internautes.
À compter du 1er décembre, les personnes qui voudront bénéficier d'un nouveau numéro de téléphone et profiter des services de données devront accepter que les fournisseurs de services de télécommunication numérisent leurs visages, a annoncé le ministère de l'Industrie et de la Technologie de l'information dans un communiqué daté du 27 septembre.
Le ministère a expliqué que cette démarche faisait partie de ses efforts pour « protéger les droits et les intérêts légitimes des citoyens dans le cyberespace » et pour lutter contre la fraude par téléphone et par Internet. En plus du test de reconnaissance faciale, il est également interdit aux utilisateurs de téléphones de transmettre leur téléphone portable à des tiers et ils sont encouragés à vérifier si des numéros de téléphone sont enregistrés sous leur nom sans leur consentement.
La plupart des pays exigent une forme d’identité pour souscrire des contrats de téléphonie mobile (par opposition à des services prépayés), mais l’exigence de la reconnaissance faciale semble être une première. En Chine, ce n’est que le dernier exemple de l'emploi de cette technologie adoptée par un gouvernement qui s’en sert de plusieurs façons, par exemple pour attraper des malfaiteurs ou pour faire du profilage social lors de concerts. Le nouveau décret est une mise à niveau du système d’enregistrement des noms réels de la Chine pour les utilisateurs de téléphones mobiles mis en place en 2013, qui impose aux personnes de soumettre leurs papiers d'identité et d'autoriser les opérateurs à prendre une photo d'identification pour obtenir un nouveau numéro. L’étape de reconnaissance faciale fera correspondre l’image à l’identité stockée de la personne.
Selon des règles antérieures, les personnes qui passent plutôt par le site web des opérateurs (au lieu de se rendre sur place) doivent soumettre une courte vidéo afin de prouver qu’elles sont la même personne que sur leur papier d’identité. Actuellement, presque tous les utilisateurs de téléphones mobiles en Chine ont été enregistrés sous leur vrai nom, selon le ministère.
La nouvelle réglementation intervient alors que Pékin resserre son contrôle sur Internet, auquel la plupart des Chinois ont accès via leur mobile, le considérant comme un outil essentiel de contrôle social. Le président chinois Xi Jinping a défendu l'idée de « cyber souveraineté », demandant aux autres pays de respecter les pratiques chinoises en matière de gouvernance de l'Internet, qui ont bloqué d'importants sites internationaux comme Facebook et Twitter, et même censuré les communications personnelles.
Bien que le ministère de la Technologie ait déclaré que l’amélioration de la protection des utilisateurs de téléphones ordinaires était l’un des objectifs de la nouvelle ordonnance, cette raison n’a pas semblé convaincre les utilisateurs chinois de l’Internet, affirmant que cela pourrait contribuer à davantage de fuites d’informations personnelles, certains trouvant cette mesure trop invasive.
« Combien d'années ont passé depuis la mise en place du système d'enregistrement des noms réels ? Les appels téléphoniques frauduleux et commerciaux n'ont toujours pas été arrêtés ! Rassembler des informations sur les citoyens de cette manière est une violation des droits civiques des citoyens », a déclaré un utilisateur sur la plateforme Weibo, ce commentaire ayant été apprécié plus de 1 000 fois.
En mars, une base de données chinoise contenant des centaines de millions de journaux de discussion privés sur six applications de messagerie chinoises, dont WeChat et QQ, toutes deux exploitées par Tencent, a été divulguée en ligne et accessible à toute personne ayant recherché l'adresse IP de la base de données, selon Victor Gevers, chercheur travaillant pour la société de cybersécurité à but non lucratif GDI Foundation.
Sources : Xinhuanet, South China Morning Post, Weibo, Service Beijing (lien en chinois) , Tech in Asia, ministère de l'Industrie et de la Technologie de l'information (lien en chinois)
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Le , par Stéphane le calme
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