
L’entreprise, rachetée par Alphabet inc. en 2006, a consenti de nombreux efforts ces dernières années pour modérer les vidéos diffusées sur sa plateforme, mais le résultat est encore loin d’être admirable. YouTube cherche depuis longtemps à contrôler et à limiter la diffusion de vidéos troublantes, qu'il s'agisse de contenir des théories du complot, de mettre fin à la radicalisation ou de limiter le harcèlement et les brimades. Deux catégories des scandales les plus souvent rencontrés sur la plateforme restent les vidéos d’incitation à la haine ou les vidéos qui mettent en scène des enfants (cas des vidéos ASMR).
En avril, un rapport critiquait les dirigeants de YouTube pour avoir laissé des contenus toxiques paraître sur la plateforme, tant que ces contenus généraient des audiences. Selon le rapport, des responsables de YouTube, dont la directrice générale Susan Wojcicki, ont à plusieurs reprises ignoré les avertissements des employés de YouTube concernant la popularité croissante de vidéos extrêmes et trompeuses sur le site. Le contenu du rapport a expliqué en détail à quel point YouTube a permis aux contenus extrémistes de se répandre sur sa plateforme.
Cependant, à l’avenir, les choses ne devraient pas changer pour autant, en tout cas, pas au niveau de la tolérance du réseau social de partages de vidéo. Dans sa lettre trimestrielle aux créateurs de contenus visuels et artistes de tout genre qui utilisent YouTube, le PDG de l’entreprise, Susan Wojcicki, a exprimé son souhait qui est de préserver l’ouverture de la plateforme. Pour Wojcicki, YouTube a été conçu pour être une plateforme ouverte par laquelle des millions de créateurs de tous les recoins du monde peuvent s’exprimer librement. Selon elle, cela a permis à bon nombre d’entre eux de créer des entreprises florissantes.
Ainsi, pour garder l’ouverture et garantir aux créateurs la possibilité de s’exprimer librement, Susan Wojcicki a déclaré que YouTube doit laisser, dans une certaine mesure, des vidéos « controversées, voire offensantes ». « S’engager pour la transparence n’est pas facile. Cela implique parfois de laisser du contenu en dehors du grand public, controversé ou même offensant », a écrit Wojcicki. Selon elle, le contenu problématique représente une fraction de 1 % de l’ensemble des vidéos de la plateforme.
D’après elle, il y aura toujours de mauvais acteurs qui essaieront d'exploiter les plateformes à leur avantage, même si l’entreprise investit dans les systèmes pour les arrêter. Cela dit, la lettre de Wojcicki arrive à un moment où la société et son chef font l’objet d’un examen minutieux à propos de la diffusion de contenu haineux et de désinformation sur la plateforme. Au cours des derniers mois, YouTube a mis à jour ses politiques pour tenter de remédier à cette situation, mais il reste à se demander si l’ouverture tel que souhaité par Wojcicki va contribuer à une bonne modération des vidéos de la plateforme.
Pour cette fois-ci, le message de Wojcicki n'inclut aucune modification des règles de YouTube. Au lieu de cela, Wojcicki a souligné une nouvelle façon pour YouTube de définir ses objectifs existants pour que la plateforme reste un espace sain et positif. Elle les appelle les quatre « R » qui concernent les points suivants : supprimer (Remove) rapidement les contenus interdits ; élever les voix (Raise up) pour encourager la diffusion des informations pertinentes de dernière heure ; réduire (Reduce) les contenus problématiques et enfin récompenser (Reward) les créateurs de confiance.
Selon Wojcicki, ces éléments sont censés aider YouTube à regagner la confiance des créateurs et des annonceurs. Elle est aussi consciente que les préoccupations concernant la modération sur YouTube ne vont pas disparaître de sitôt, mais elle tient à ce que la plateforme reste très ouverte. « Alors que de nouveaux problèmes apparaissent, de plus en plus de décideurs politiques, de journalistes et de spécialistes s’interrogent sur le point de savoir si une plateforme ouverte est précieuse, voire viable. En dépit de ces préoccupations, je pense que la préservation d’une plateforme ouverte est plus importante que jamais », a-t-elle déclaré.
Dans la communauté, certains s’inquiètent par rapport à cette note de Wojcicki. Plusieurs d’entre eux se posent la question de savoir comment l’entreprise va pouvoir gérer l’ouverture dont elle parle et garantit dans le même temps une bonne modération du contenu diffusé sur sa plateforme. Mais de son côté, Wojcicki ne semble pas inquiète à ce sujet. « Pour que le site reste dynamique, YouTube doit trouver le juste équilibre entre ouverture et responsabilité afin que les générations futures de créateurs et d'utilisateurs puissent également le faire », a-t-elle conclu.
Source : Lettre de Susan Wojcicki aux créateurs
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