
L'utilisation de médias sociaux tels que Facebook, Instagram et Snapchat a augmenté de façon exponentielle au cours des dernières années. Cela est particulièrement vrai chez les adolescents et les jeunes adultes. Une étude publiée en janvier a montré qu'il y avait un lien entre l'utilisation des médias sociaux et les symptômes dépressifs chez les adolescents de 14 ans, et ce lien pourrait être beaucoup plus fort chez les filles que chez les garçons. Quel est l'impact de l'utilisation des médias sociaux sur la santé mentale de l’homme ? Ceci est une question préoccupante pour les chercheurs, qui ont réalisé de rigoureuses études sur le sujet.
Facebook s’est imposé depuis de nombreuses années comme le réseau social le plus utilisé dans le monde avec près de deux milliards d’utilisateurs actifs par jour. En 2016, Facebook a révélé qu'un utilisateur moyen passe en moyenne 50 minutes par jour sur ses plateformes. D’après les chercheurs de la Michigan State University, cette addiction découle des récompenses que les utilisateurs obtiennent lorsqu’ils interagissent avec le site Web, tels que les boutons Like, les commentaires, les partages et récemment les réactions. Une situation, qui selon leur étude, rend les utilisateurs de Facebook semblables aux toxicomanes dans la prise de décision.
En février, une autre étude avait montré qu'il y aurait de nombreux avantages à désactiver son compte Facebook, car les médias sociaux ont des effets néfastes sur le bien-être. L’étude, réalisée par les chercheurs de l’université de Stanford et de l'Université de New York sur un groupe de personnes, a montré que lorsque ces individus ont mis sous silence leurs comptes Facebook, cela a non seulement réduit leurs activités en ligne, mais plus remarquable encore, cela les a amenés à oublier les autres réseaux sociaux. D’autres effets positifs ont été aussi cités comme l’augmentation des activités hors ligne, en particulier le fait de regarder la télé.
Les chercheurs ont également observé d’autres activités comme les divertissements entre amis, mais aussi le fait que les sujets ont passé plus de temps à discuter avec leurs familles, ce qui peut se montrer bénéfique pour leur bien-être mental. « Nous avons trouvé peu de preuves à l’appui de l’hypothèse suggérée par des travaux antérieurs selon laquelle Facebook pourrait être plus bénéfique pour les utilisateurs actifs », a déclaré le groupe de chercheurs des deux universités. Cependant, selon la nouvelle étude, l’utilisation intensive de Facebook n’est pas près de diminuer, au contraire, elle augmente de plus en plus.
Les chercheurs de la Michigan State University apportent également la même conclusion que les précédentes études, c’est-à-dire que l’utilisation excessive des médias sociaux, en particulier de Facebook peut avoir une influence négative sur les éléments clés de la santé physique, ce qui à son tour influe sur la santé mentale. Mais ils vont plus loin encore. L’étude des chercheurs indique que les utilisateurs de sites de médias sociaux affichent quelques caractéristiques comportementales d'une personne dépendante aux substances psychoactives comme la cocaïne ou l'héroïne.
L’étude s’est portée sur un groupe de 71 personnes auxquelles il a été demandé de noter leur propre utilisation de Facebook avec une mesure connue sous le nom de « Bergan Facebook Addiction Scale ». Ces individus ont été ensuite soumis à un test appelé Iowa Gambling Task (IGT), un outil de recherche classique qui évalue la prise de décision altérée. Il est couramment utilisé pour comprendre les processus impliqués dans la prise de décision. Il a été utilisé pour des études sur des patients atteints de lésions cérébrales au lobe frontal aux héroïnomanes, mais son utilisation pour examiner l’addiction aux médias sociaux est nouvelle.
Le test avec l’IGT a présenté aux participants quatre jeux de cartes virtuels associés à des récompenses ou des punitions. Il leur a été demandé de choisir des cartes parmi les jeux de cartes afin de maximiser leurs gains virtuels. Les chercheurs ont précisé aux participants que « certains decks sont meilleurs que d'autres et que, s'ils veulent réussir, ils doivent éviter les mauvais decks et choisir des cartes parmi les bons ». Les chercheurs ont observé que dans les deux cas, les participants à l’étude prenaient des décisions aberrantes et en particulier ceux qui passaient plus de temps sur Facebook.
Selon les chercheurs, ces résultats démontrent que les utilisateurs excessifs des réseaux sociaux peuvent avoir des difficultés spécifiques à prendre des décisions lorsqu’ils font face à un risque. D’après eux, le même comportement est observé chez les personnes qui sont dépendantes aux substances psychoactives comme la cocaïne ou l'héroïne. Dans ce cas, les chercheurs pensent que l’on peut appliquer aux utilisateurs des médias sociaux une grande partie de cette méthodologie pour en savoir plus sur la toxicomanie. Ils ont conclu eux-mêmes que l’étude est étroite, mais intéressante, et offre quelques pistes pour des recherches ultérieures.
Ils admettent que l’étude comporte de nombreuses limites qu'il convient de mentionner, car elle n’évalue que l’utilisation excessive de Facebook et non l’utilisation excessive de tous les réseaux sociaux. Cela dit, ils estiment qu’à présent, il est beaucoup plus clair que l’utilisation des médias sociaux modifie le comportement humain et potentiellement ses fondements neurologiques. Selon eux, des recherches futures avec différentes mesures peuvent permettre d’en savoir plus sur le lien entre l’utilisation excessive des réseaux sociaux et la prise de décision sous risque.
Source : Résultat de l’étude (PDF)
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