Ces dernières années, la technologie de reconnaissance faciale est devenue l’un des moyens d’identification les plus utilisés par la police dans beaucoup de pays dans le monde. Cela dit, cette technique n’est pas acceptée par monsieur tout le monde et à ce jour, plusieurs luttes contre l’utilisation des logiciels de reconnaissance faciale ont été enclenchées. Certaines de ces luttes ont abouti comme c’est le cas de la ville de San Francisco qui a interdit l’usage de la reconnaissance faciale en mai dernier. Somerville dans le Massachusetts l’a également interdit.
Selon la polémique, les législateurs d'États comme le Michigan et le New Jersey envisagent aussi des interdictions similaires, tandis que les législateurs californiens envisagent d'interdire l'utilisation d'un logiciel de reconnaissance faciale dans les caméras de surveillance de la police. Les motifs qui ont conduit à ces interdictions sont d’ordre de justice raciale, de respect de la vie privée et de crainte d’abus. Mais dans le même temps, d’autres de ces luttes n’ont pas abouti. L’on estime que les services de police de Chicago et de Détroit explorent l’utilisation de la reconnaissance faciale en temps réel avec un réseau de caméras dans toute la ville.
Comme les premières interdictions de l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale, le sénateur Bernie Sanders a aussi brandi les arguments de justice raciale, du respect de la vie privée des personnes et de crainte d’abus. D’ailleurs, il a intitulé le plan d’action qu’il a présenté ce week-end « Justice et sécurité pour tous ». Dans son plan d’action, le sénateur a appelé à une interdiction totale de l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale par la police. S'il est élu président, Sanders s'engagerait spécifiquement à « interdire l'utilisation d'un logiciel de reconnaissance faciale pour le maintien de l'ordre ».
« En raison de l'héritage historique du racisme institutionnel dans ce pays, l'incarcération de masse pèse de manière disproportionnée sur les épaules des Noirs et des Bruns en Amérique. [...] Ces disparités sont omniprésentes dans le système de justice pénale. Les Noirs américains, et particulièrement les jeunes hommes noirs, sont plus susceptibles d'être arrêtés par la police, soumis à une force excessive, arrêtés et emprisonnés que les Blancs », lit-on comme justificatifs aux réformes judiciaires présentées dans le plan du sénateur Bernie Sanders. Le plan de Sanders promet de transformer le système de justice pénale aux États-Unis.
Parallèlement, d’autres sources ont rapporté que divers experts en politique et chercheurs ont exhorté le Congrès à prendre des mesures pour réglementer l'utilisation des logiciels de reconnaissance faciale par les forces de l'ordre. Les recommandations d'une interdiction ou d'un moratoire sur une telle utilisation ont reçu un soutien bipartite lors d'une audience du Comité de surveillance et de réforme de la Chambre en mai. Plusieurs parmi ces experts s’accordent à dire que la technologie de reconnaissance faciale souffre de nombreux biais et crée des problèmes plus graves au niveau des races.
Sanders est le premier candidat à la présidence à réclamer une interdiction totale de l'utilisation de la reconnaissance faciale par la police, bien qu'un certain nombre d'autres candidats démocrates aient exprimé leur inquiétude quant à l'utilisation de la technologie. L’an dernier, la sénatrice Kamala Harris (D-CA) et le sénateur Cory Booker (D-NJ) se sont joints à d’autres sénateurs dans une lettre adressée à la Federal Trade Commission (Commission fédérale du commerce), faisant part de leurs préoccupations concernant les biais raciaux dans les algorithmes de reconnaissance faciale.
De plus, en Grande-Bretagne, un rapport d’étude paru le mois passé a révélé que jusqu’à 81 % des suspects signalés par la technologie de reconnaissance faciale de la police du Grand Londres sont innocents. Avant ça, dans une publication parue en mai 2018, The Independant faisait état de ce que l’IA utilisée par les forces de police anglaises a rapporté des faux positifs dans 98 % des cas, apostrophant des individus qui n’avaient pas leur profil enregistré dans une base de données criminelle ; de quoi exacerber les craintes des populations déjà accrochées au reproche de la violation de leur vie privée.
Ailleurs, l’on estime également que la reconnaissance faciale a fait l’objet d’un examen de plus en plus minutieux ces derniers mois. À ce titre, une étude de Georgetown Law a révélé que le service de police de New York avait parfois modifié les images avant de les entrer dans son système de reconnaissance faciale. Dans un autre cas, il aurait même utilisé une photo de l'acteur Woody Harrelson, basée sur un indice selon lequel le suspect ressemblait à Harrelson. Toutefois, mis à part la proposition de Sanders, le gouvernement fédéral n'a pas témoigné un quelconque souhait à prendre un engagement similaire.
Rappelons qu’aux États-Unis, le gouvernement fédéral lui-même utilise largement la reconnaissance faciale pour traiter les titulaires de visas lorsqu'ils entrent et sortent du pays à travers le système VSF. Le Vehicle Face System (VSF) est un système de reconnaissance faciale terrestre différent des systèmes de reconnaissance faciale traditionnels. Il procède à la vérification de l’identité du voyageur étant dans son véhicule et à distance. Ce système est en préparation depuis 2016 par le gouvernement en collaboration avec Oak Ridge National Labs (ORNL) dans le Tennessee.
Le sénateur Bernie Sanders a lancé sa campagne en ces termes : « Je me présente à la présidence parce que nous devons comprendre que l'intelligence artificielle et la robotique doivent répondre aux besoins des travailleurs, pas seulement des entreprises américaines et de ceux qui possèdent cette technologie ». De même, selon Fight For The Future, il est temps d’interdire toute utilisation de la reconnaissance faciale, même avec une réglementation.
Source : Bernie Sanders
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