Selon un nouveau rapport des Nations unies paru cette semaine, la Corée du Nord aurait contourné les sanctions établies par l’ONU et gagné environ 2 milliards de dollars en utilisant des cyberattaques. Le rapport n’est pas encore disponible pour le grand public, mais Reuters, qui l’a consulté, a rapporté ce lundi que la Corée du Nord a généré environ 2 milliards de dollars pour ses programmes d'armes de destruction massive (AMD) en utilisant des cyberattaques « répandues et de plus en plus sophistiquées » pour voler des banques et des échanges de cryptomonnaies.
La Corée du Nord est visée par des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies depuis son premier test nucléaire en 2006, mais le pays a continué d’investir dans son programme nucléaire. L’organisation avait interdit à Pyongyang toute exportation de charbon, de fer, de plomb, textile et fruit de mer. Elle avait aussi limité ses importations de pétrole et de produits pétroliers raffinés, en espérant ainsi assécher le financement de son programme d’armement nucléaire et de missiles balistiques. Ainsi, pour continuer à trouver le financement nécessaire à son programme malgré les sanctions, Pyongyang a misé sur une approche plus agressive.
Selon le rapport, ils ont mis en place une stratégie qui consiste à pirater et à détourner les transactions en monnaies virtuelles. Ce faisant, la Corée du Nord aurait récolté environ 2 milliards de dollars pour ses programmes d’obtention d’armes de destruction massive grâce à des cyberattaques visant des banques ou des plateformes de cryptomonnaie. Autrement dit, les experts de l’ONU ont indiqué que la Corée du Nord a utilisé le cyberespace pour lancer des attaques de plus en plus sophistiquées visant à dérober des fonds aux institutions financières et aux plateformes de cryptomonnaie et pour recycler l’argent volé.
L’argent récolté a ensuite été utilisé par le gouvernement pour accompagner ses programmes d’armes lourdes. Grâce à cela, Pyongyang a continué d’améliorer ses programmes nucléaires et de missiles bien qu’elle n’ait pas procédé à un essai nucléaire ni à un lancement de missile balistique intercontinental. « Les cyberacteurs de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dont beaucoup opèrent sous la direction du Bureau général de reconnaissance (services de renseignement nord-coréens), ont levé des fonds pour les programmes d’AMD, pour un montant total estimé à ce jour à 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) », ont écrit les experts dans le rapport.
Les experts ont expliqué que la raison principale de ces attaques réside dans le fait que « les attaques à grande échelle contre les échanges de cryptomonnaies permettent à la Corée du Nord de générer des revenus de manière plus difficile à localiser et soumis à moins de surveillance et de réglementation gouvernementales du secteur bancaire traditionnel ». Les experts ont également estimé qu’en dépit des efforts diplomatiques, leurs investigations montrent des violations répétées des sanctions de l’ONU par la Corée du Nord.
« À titre d’exemple, la Corée du Nord a continué de violer les sanctions par des transbordements illicites de marchandises et par l’achat de biens liés aux armes de destructions massives et de produits de luxe », ont-ils déclaré. D’un autre côté, Reuters a rappelé que le président américain Donald Trump a rencontré à trois reprises, en un an, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un. Selon le média, leur dernière rencontre remonte en juin dernier lorsque les deux hommes ont promis de relancer les discussions en vue d’une dénucléarisation de la Corée du Nord.
Cependant, ces discussions n’ont pas repris depuis. Scott A. Snyder, chercheur principal pour les études coréennes et directeur du programme sur la politique américano-coréenne, a déclaré que la raison pour laquelle la Corée du Nord ignorait les sanctions était parce qu'elle avait besoin de l'argent, mais qu'elle y voyait aussi des sanctions injustifiées, donc illégitimes et non contraignantes.
Source : Reuters
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Le , par Bill Fassinou
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