
Ces deux événements qui pourraient sembler isolés ne sont en réalité que des maillons d’une chaîne née de la perte de confiance généralisée en la capacité des titans du Web à protéger les données des utilisateurs qu’ils collectent. Un autre événement qui succède aux deux premiers dans un laps de temps relativement court est la menace qui pèse sur les grands de la Tech, notamment Facebook et Google en particulier, en Australie.
En effet, suite à une enquête menée pendant un an et demi sur les deux entreprises, l'Australian competition and consumer commission (ACCC), la Commission australienne de la concurrence et des consommateurs, a conclu à la nécessité d’un régulateur renforcé, doté d’un pouvoir de contrôle du fonctionnement de Google et Facebook. Elle estime devoir être en mesure de « contrôler de manière proactive » si les algorithmes des géants de la Tech étouffent la concurrence. Les deux entreprises pourraient donc être obligées de révéler très bientôt tous les secrets des algorithmes qui ont fait leur succès.
Ce qui, en soi, pourrait être un exercice profondément déplaisant autant pour Google que pour Facebook puisque tous deux sont connus pour l’omerta qu’ils entretiennent autour des détails de fonctionnement de leurs algorithmes. Si elles sont appliquées, les recommandations du rapport de la ACCC formeraient l’une des réglementations les moins indulgentes au monde.
Toutefois, le moyen par lequel les autorités australiennes comptent disséquer les algorithmes de Google et de Facebook afin d’évaluer leur impact sur la concurrence reste un mystère entier. Par contre, le rapport recommande la création prochaine d’un tout nouvel organisme au sein même de la ACCC. Il s’agirait d’une « Direction des plateformes numériques » qui aurait la mission de surveiller de manière proactive le comportement des plateformes numériques et d’étudier le comportement potentiellement anticoncurrentiel de ces dernières.
Afin donc de permettre que cette surveillance puisse se mettre en place sans anicroches et surtout, puisse réellement être efficiente, le rapport recommande au gouvernement australien de lancer une enquête publique visant à forcer les entreprises à révéler toutes les informations nécessaires à la compréhension de leur fonctionnement interne.
« La ACCC s’inquiète en outre du grand nombre et de la diversité des données collectées par les plateformes numériques telles que Google et Facebook sur les consommateurs australiens, qui vont au-delà des données que les utilisateurs fournissent activement lors de l’utilisation des plateformes numériques », peut-on lire dans le rapport qui, en plus de demander la mise à nu de tous les secrets de Facebook et Google, prévoit aussi de les empêcher de collecter en douce les données personnelles des utilisateurs.
la Commission s’est également penchée sur le cas des fake news pour lesquelles elle préconise l’adoption d’un nouveau code de conduite auquel seraient assujetties toutes les plateformes numériques avec plus d’un million d’utilisateurs mensuels. Et, pour finir, le rapport du régulateur australien est bien évidemment revenu sur la récurrente tendance de Google à placer ses propres services comme étant les services par défaut sur des millions d’appareils Android. Il a recommandé qu’il soit fait obligation à l’entreprise de la Silicon Valley d’offrir la possibilité aux utilisateurs australiens de choisir si, par exemple, ils veulent utiliser Google Chrome par défaut ou pas.
Selon le Wall Street Journal, un représentant de Google a déclaré que l’entreprise « s'engagerait avec le gouvernement sur les recommandations ». La réponse de Facebook est toujours attendue, rapporte le journal. Ce qui ne s’est pas fait attendre, ce sont les avis des internautes. La tendance est assez unanime dans leurs rangs. Pour la plupart, ils pensent que ce rapport n’est qu’un énième effort de régulation qui ne mènera à rien puisque les autorités australiennes n’ont, selon eux, aucun moyen réel de forcer Google et Facebook à leur divulguer les vrais algorithmes. Pour eux, les deux entreprises pourraient donner des algorithmes vieux de 10 ans aux autorités australiennes que celles-ci n’y verraient que du feu.
Source : ACCC (rapport en pdf)
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