
ce qui rend difficile le déploiement de la technologie 5G
La mise sur liste noire de Huawei par les États-Unis continue de faire effet. Aujourd’hui, l’agence de presse londonienne Reuters a rapporté que les ruptures de lien entre le chinois Huawei et les grandes entreprises mondiales de technologie, en particulier américaines, continuent de se faire ressentir. Selon des sources proches du sujet, ces entreprises ont demandé à leurs employés de cesser de parler de technologie et de normes techniques avec leurs homologues de Huawei Technologies Co Ltd en réponse à la récente mise sur liste noire de l'entreprise chinoise. Cette situation, à en croire Reuters, rendrait difficile le déploiement de la 5G.
Après les nombreuses ruptures de contrats et de partenariats dont a été victime Huawei depuis sa mise sur liste noire par les USA, certaines entreprises semblent vouloir désormais cesser tout dialogue avec le chinois Huawei. Selon ce que rapporte Reuters, les fabricants de puces Intel Corp et Qualcomm Inc, la société de recherche en téléphonie mobile InterDigital Wireless Inc et le transporteur sud-coréen LG Uplus ont empêché leurs employés d'entretenir des conversations informelles avec Huawei, le plus grand fabricant mondial d'équipements de télécommunications.
L’entreprise chinoise étant actuellement l’un des plus grands activistes de la 5G dans le monde, son absence dans la mise en place de la technologie dans les régions du monde la rendrait non seulement difficile selon les experts, mais coûterait également plus qu’il n’en faut. Comme il a été indiqué en Europe par exemple, abandonner les équipements Huawei retarderait le déploiement de la 5G d’environ deux années minimum et d’autres informations d’il y a quelques jours ont indiqué que la 5G européenne coûterait environ 62 milliards de dollars de frais supplémentaires si les fournisseurs chinois sont bannis. L’Europe va-t-elle prendre le risque ?
Les discussions entre les employés de Huawei et les autres entreprises de technologie font partie de la routine des réunions internationales où les ingénieurs se réunissent pour définir des normes techniques pour les technologies de communication, y compris la prochaine génération de réseaux de téléphonie mobile appelée 5G. Cette situation semble délicate selon certains puisque, à en croire Reuters, dans son ordonnance contre Huawei, le Département américain du Commerce n’a pas interdit les contacts entre les entreprises et Huawei. L’instance américaine aurait autorisé les entreprises américaines à interagir avec Huawei dans les organismes de normalisation jusqu'au mois d'août « si nécessaire pour le développement des normes commerciales liées la 5G ».
Il s’agirait donc d’une initiative prise par ces entreprises elles-mêmes de cesser tout contact avec l’équipementier chinois. D’après Reuters, une poignée de grandes entreprises de technologie américaines et étrangères ont demandé à leurs employés de limiter certaines formes d’interaction directe avec les employés de Huawei, car ils cherchaient à éviter tout problème avec le gouvernement américain. D’un côté, Intel et Qualcomm auraient déclaré avoir fourni des instructions de conformité aux employés, mais ont refusé de les commenter davantage. D’un autre côté, souligne Reuters, un porte-parole d'InterDigital a déclaré qu'il avait fourni des conseils aux ingénieurs pour s'assurer que la société était en conformité avec la réglementation américaine.
Peut-on conclure là d’une pression de la part du gouvernement américain malgré les déclarations du Département du Commerce ? À part ces deux premières sociétés, un responsable de LG Uplus a déclaré que la société « s'abstient volontairement d'interagir avec les travailleurs de Huawei, mis à part la nécessité de se rencontrer pour des problèmes d'installation ou de maintenance de l'équipement réseau ». LG Uplus aurait déclaré à Reuters qu'il n'existait aucune politique officielle en matière de limitation des conversations avec Huawei. Ce dernier cependant n’a pas apporté de commentaire par rapport au sujet qui le concerne. Tout ceci dit, cette situation, rapportent certains experts du secteur, va considérablement nuire au déploiement de la 5G.
Selon eux, les nouvelles restrictions pourraient ralentir le déploiement de la 5G, qui devrait tout alimenter, allant des transmissions vidéo à haute vitesse aux voitures autonomes. Néanmoins, explique toujours Reuters, plusieurs travailleurs de petites entreprises de télécommunication ont déclaré qu’on ne leur avait pas dit d’éviter les discussions avec Huawei lors de réunions sur les normes, et de nombreux fournisseurs continuent de soutenir les accords existants avec Huawei. Il est difficile de savoir dans quelle mesure les communications avec Huawei ont été réduites, voire pas du tout, dans le secteur des technologies.
« Il y a eu beaucoup de malentendus à propos de ce que je vois et de ce que me disent les clients et collègues en ce qui concerne les restrictions imposées par le Département du Commerce », a déclaré Doug Jacobson, avocat spécialisé dans le contrôle des exportations basé à Washington. Il a déclaré que les entreprises interdisant à leurs employés de contacter Huawei étaient « excessives », car les restrictions n'empêchent pas la communication, mais uniquement le transfert de technologie. De ce fait, l’entreprise chinoise est devenue une figure centrale de la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies du monde. Huawei a nié à plusieurs reprises être contrôlé par le gouvernement chinois, l'armée ou les services de renseignements, mais la situation reste pour l'instant inchangée.
D’après Reuters, les ingénieurs et architectes systèmes représentant leurs employeurs aux réunions du 3GPP (3rd Generation Partnership Project), un consortium mondial d'associations de l'industrie visant à définir les spécifications 5G d'ici à mars 2020, organisent souvent des discussions générales et formelles en sessions plus restreintes et moins documentées à mesure qu'ils essayent de trouver un accord avec ses rivaux. Mais lors de la réunion du 3GPP en Californie la semaine dernière, l'un des trois présidents du groupe, Balazs Bertenyi de Nokia, a déclaré aux participants qu'une plus grande partie des conversations, d'habitude « hors ligne », seraient désormais documentées par l'organisme de normalisation avec des notes et d'autres enregistrements publics.
Les entreprises ont choisi de limiter les conversations informelles dans lesquels leurs ingénieurs se sentent plus à l'aise pour discuter de la technologie propriétaire avec leurs concurrents afin de les persuader de la raison pour laquelle leurs recherches ou leurs innovations sont plus valables, ont déclaré les sources. Dans ce sens, Jorge Contreras, professeur de droit à l'Université de l'Utah et membre de l'IEEE a déclaré que Huawei n'est pas juste une entreprise. Ils sont, à bien des égards, le leader de la technologie 5G. Les exclure est très difficile, alors cela risque de perturber l'ensemble du projet. « Si l’idée est de créer une 5G non chinoise, je ne suis pas sûr que ce soit possible. Même si c'est le cas, serait-ce aussi bien ? », s’est-il interrogé sur la question qui fait débat.
Source : Reuters
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