Les cryptomonnaies sont entrées dans nos vies depuis une décennie déjà. Ceux qui sont à l’origine de cette technologie voulaient s’offrir la possibilité d’une monnaie sans un monopole d’État. Ils voyaient en cela un nouveau visage pour les finances, les transactions ou en gros l’économie, mais très vite ces monnaies électroniques semblent avoir montré des limites qui pourraient empêcher leur expansion au monde entier. D'après le média The Economist, ces monnaies posent de nombreux problèmes qui empêchent leur stabilité et pourraient ainsi empêcher leur durabilité. Il expose le cas du Bitcoin. Si ces monnaies veulent s’imposer comme un système monétaire solide, alors elles doivent relever un certain nombre de défis allant de leur sécurité à leur structure.
Le Bitcoin, la première de ces monnaies et l’œuvre d’un personnage connu sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, est sujet de débats intenses depuis l’année dernière. Certains prédisent sa mort et d’autres ne s’y intéressent pas du tout, car selon eux, le système ne leur inspire pas la moindre confiance. Ces derniers préfèrent ne pas investir dans une monnaie aussi instable qu’ils qualifient de loterie. Même si la valeur du Bitcoin n’a pas connu une belle ascension pendant ses premières années, elle a brusquement atteint les 20 000 dollars courant 2017 avant de commencer à rechuter à nouveau et vaudrait aujourd’hui dans les 4000 dollars. En effet, au début de l’année 2017, cette monnaie cryptographique était cotée à 1000 dollars. Quelques mois plus tard, en octobre, la monnaie virtuelle a atteint les 5000 puis 6000 dollars.
En novembre 2017, la valeur de la monnaie cryptographique a encore grimpé pour passer à 8000 dollars l’unité puis à 10 000 dollars. À mi-décembre 2017, le cours du Bitcoin avait battu tous les records en atteignant la valeur de 20 000 dollars. Pour le média The Economist, la rapidité avec laquelle la bulle s'est gonflée puis éclatée invite à une comparaison avec les manies financières du passé. Selon le média, une analyse intrinsèque de la bulle des cryptomonnaies révèle trois problèmes profonds et connexes. Il cite : l’ampleur de la véritable activité est extrêmement exagérée, la technologie a du mal à s’adapter et la fraude dans le secteur peut devenir endémique. Dans le premier cas des problèmes, bien que le Bitcoin reste la cryptomonnaie d'origine et la plus populaire, elle n’a pas infiltré toutes les couches de la population mondiale. Selon The Economist, son utilisation pour l’achat de biens et services reste un passe-temps de niche.
Le média rapporte qu’en janvier dernier, Satoshi Capital Research, une société de cryptomonnaie, a déclaré que les transactions Bitcoin totalisaient 3,31 milliards de dollars en 2018, soit plus de six fois le volume traité par PayPal. Seulement, précise le média, en analysant la Blockchain de la monnaie électronique, on se rend compte que de tels chiffres incluent énormément de doublures (doubles comptages). Ce qui, à l’évidence, pourrait être vrai lorsqu’on se réfère à un rapport publié la semaine par Bitwise Inc sur l’état du marché du Bitcoin. Ce rapport, présenté à la SEC (Securities and Exchange Commission), estime que la majorité du marché du Bitcoin serait une tromperie puisque 95 % du volume des échanges de cette monnaie sont truqué. Les résultats de l’étude de Bitwise corroborent les préoccupations des régulateurs selon lesquelles les marchés des cryptomonnaies sont sujets à la manipulation de la part de certains acteurs du secteur.
Selon CNBC, l’analyse que Bitwise a présentée pourrait aider les organismes de réglementation à prendre d’importantes décisions relatives au marché des cryptomonnaies. « Les gens ont regardé la cryptomonnaie et ont dit que ce marché est un gâchis ; c'est parce qu'ils regardaient des données qui ont été manipulées. Quand on coupe l'écho de ces chiffres absurdes, ça devrait être un marché efficace et bien arbitré », a déclaré Matthew Hougan, responsable de la recherche chez Bitwise. The Economist attaque le deuxième problème en disant que la technologie de la cryptomonnaie est trop maladroite pour fonctionner à grande échelle. Selon le média, en cherchant à créer une monnaie qui s'exclut du contrôle de l’État, les enregistrements de paiement ne sont pas centralisés, mais diffusés à tous les utilisateurs.
Un nouveau lot de Bitcoin est émis toutes les dix minutes en moyenne. Ce qui limite le réseau à traiter environ sept transactions par seconde comparé à d’autres qui en traitent des millions par seconde. De plus, l’infrastructure de la monnaie est trop gourmande en énergie. Selon certains, le Bitcoin, à travers ses installations, pourrait bien nous conduire au chaos d’ici les 20 prochaines années. Dans une étude menée en octobre 2018, Randi Rollins, étudiant en master à l'université d'Hawaii à Manoa (UH Manoa) et coauteur de l'étude a déclaré que « le Bitcoin est une cryptomonnaie avec de grandes exigences matérielles, ce qui se traduit évidemment par une demande d'électricité importante ». Pour mettre cela en perspective, un récent rapport des Nations Unies sur les changements climatiques a révélé qu'une augmentation de la température de plus de 1,5° C aurait des effets climatiques irréversibles et catastrophiques.
Cependant, il semblerait que le Bitcoin seul peut augmenter la température globale de 2° C d'ici deux décennies à cause du minage. La monnaie va-t-elle mourir ? C’est en réalité un fait pour certains. En décembre, après la descente de la monnaie, Peter Mallouk, le PDG de Creative Planning avait déclaré que le « Bitcoin est mort ». Il renchérit en affirmant que « la chute brutale de la monnaie pourrait bien être le début de son inévitable et inexorable spirale de la mort ». Dans son édito paru dans le magazine économique américain Forbes, le PDG avait décrit le Bitcoin comme « un mort qui marche ».
En outre, avait-il soutenu, malgré les signes négatifs de la bourse des monnaies cryptographiques, « il existe encore des adhérents purs et durs qui épousent les vertus du Bitcoin et qui cherchent désespérément à fabriquer une bourse en soie de l’oreille d’une truie. Malheureusement pour eux, la fin peut ne pas être jolie quand cela arrivera ». Enfin, comme le souligne The Economist dans son analyse, le troisième problème repose sur la fraude dans les transactions. Le média souligne que les transactions sont irréversibles, une aubaine pour les escrocs. Les échanges de cryptomonnaie s'effondrent souvent ou sont piratés. Au vu de tous ces problèmes, la grande question est : les cryptomonnaies survivront-elles ou mourront-elles l’une après l’autre ?
Source : The Economist
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Le , par Bill Fassinou
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