Depuis de longs mois déjà, les professionnels de l'édition sont touchés par une crise économique très sévère, qui semble s'acharner sur leurs professions.
Imprimeurs, journalistes, éditeurs, etc... Tous en souffrent. La faute à la crise ? Pas seulement. Les comportements des consommateurs évoluent également vers le "tout numérique", et les supports physiques sont délaissés.
Les tirages chutent, les ventes sont de plus en plus difficiles.
L'arrivée également de nouveaux supports gratuits (qu'il s'agisse de presse papier distribuée dans divers lieux stratégiques très fréquentés comme les gares ; ou de blogs d'informations) à l'effet d'une boule dans un jeu de quilles. Le monde de la presse écrite, qui dominait jusqu'alors, est chamboulé. De quoi se poser beaucoup de questions sur l'avenir des supports papiers face au numérique.
Les comportements changent. Dans les écoles, on commence à troquer les livres de classe contre des logiciels éducatifs ou des textes sur écran. Avec l'arrivée des lecteurs d'e-books (comme le populaire Kindle d'Amazon), les contenus se lisent de plus en plus sur un écran, et s'échangent par e-mail ou IRC.
D'ailleurs, en décembre 2009, les ventes d'e-books s'envolaient pour dépasser pour la première fois celles des livres papiers.
Et, par le biais des Smartphones et maintenant des tablettes, il est possible d'accéder aux applications des plus grands titres de presse et de les feuilleter virtuellement sur son terminal. Les adultes modifient ainsi leurs habitudes, quant aux jeunes générations, elles sont pour ainsi dire en train de naître avec un écran devant les yeux. A quel point ceci va-t-il modifier le marché de la lecture ?
Beaucoup considèrent l'Internet comme un outsider qui est venu tout chambouler, et lui imputent, et à lui seul, le déclin de la presse écrite.
C'est d'ailleurs dans cet esprit qu'en août 2009, la Fédération Italienne des Editeurs de Journaux à porté plainte contre Google, ce qui a déclenché une investigation d'Antitrust contre la firme de Mountain View.
La cible ? Google News qui, en reproduisant le contenu de leurs articles sans les laisser maîtriser cette "double" publication, leur porterait un grave préjudice, notamment en terme de revenus publicitaires.
Ils affirment que les internautes fréquenteraient moins leurs sites et se contenteraient de lire leurs contenus sur la page de Google.
L'année dernière, le gouvernement à publié les résultats de son étude décennale sur les pratiques culturelles des français, qui indiquaient que seulement 10% des français (15-24 ans) lisent un quotidien, alors que 80% d'entre eux ont recours à l'Internet pour dénicher des informations en ligne.
Les chiffres montrent également que 48 % des 20 à 24 ans lisent journaux et magazine sur le Web ; et 79% des 15-19 ans lisent des blogs (63% pour les 20-24 ans).
Internet semble donc avoir un impact sur le chiffre d'affaires des entreprises de presse, en modifiant les habitudes et besoins des consommateurs.
D'un autre côté, d'autres faits et statistiques avancent le contraire.
Ainsi, dans les camps opposés, on estime que les TIC sont un tremplin pour l'avenir des journaux et autres magazines.
En juin 2010, Steve Jobs (le patron d'Apple) s'est déclaré persuadé que l'avenir de la presse trouvera son salut grâce aux supports électroniques (comme son iPad) : «Je pense que les gens sont prêts à payer pour obtenir du contenu. Je crois aux médias et je crois à la diffusion de l'information», déclare-t-il, avant de poursuivre en disant qu'Apple est « en train d'essayer de convaincre (les patrons de presse) qu'il est dans leur intérêt de proposer des prix plus élevés que pour la presse papier». Pour lui, l'avenir de l'information est en ligne, et pas à des prix légers. Pour que les médias Internet soient viables, ils doivent "demander cher" et "offrir beaucoup de contenu".
Un sujet tendu, du fait de la crise touchant actuellement la presse. Les éditeurs tentent de trouver des tarifs acceptables, auxquels ils devront en plus rajouter la marge prélevée par Apple pour des contenus accessibles via une application iPad.
Un autre avantage, et pas des moindres : depuis l'avènement d'Internet, nous n'avons jamais été autant informés. A domicile, et même à n'importe quel endroit du globe avec un Smartphone, on peut se connecter et accéder à des contenus à propos de presque tous les sujets imaginables. En sachant où chercher, et comment trier ce que l'on trouve, on peut vraiment s'instruire sur tous les sujets, et avec fiabilité.
Pour Google aussi, l'avenir de la presse sera numérique ou ne sera pas : "Les marges importantes que les journaux ont réalisées par le passé reposaient sur une rareté artificielle : un choix limité pour les publicitaires et annonceurs comme pour les lecteurs. Avec Internet, cette rareté a disparu et remplacé par l'abondance. Aucune mesure politique ne sera en mesure de restaurer le chiffre d'affaires des journaux au niveau qu'il a connu avant l'émergence de l'information en ligne. Ce n'est pas une question de "dollars analogiques contre des centimes numériques", mais plutôt une évaluation réaliste sur la façon de gagner de l'argent dans un monde mêlant à la fois abondance et concurrence pour le consommateur", a déclaré la firme en juillet 2010.
Et la compagnie de conclure qu'elle continuera "de travailler avec les éditeurs pour trouver des solutions permettant d'assurer la survie du journalisme en ligne et qu'il puisse se développer sur le web". En d'autres termes, Google estime que les défis auxquels font face les médias sont avant tout de leur ressort. Il n'est pas nécessaire de légiférer pour sauver la presse, mais plutôt de créer des solutions économiques et commerciales viables.
Le Net sera-t-il alors le prochain modèle économique de la presse ?
Le média on-line permet en tous cas d'accéder à divers titres, articles et informations à tout moment et de tout lieu :
"Aujourd'hui, plus de 25 000 sociétés de presse à travers le monde rendent leur contenu disponible sur Google Actualités et d'autres moteurs de recherche. Ils le font parce qu'ils veulent que leur travail soit trouvé et lu (Google délivre plus d'un milliard de visiteurs aux sites Internet des journaux chaque mois)" avait précisé la firme américaine. Ces visites offrent aux éditeurs une opportunité commerciale, la chance d'attirer un lecteur avec du contenu intéressant, de gagner de l'argent avec des publicités ou en proposant des abonnements en ligne". Un sympathique retour d'ascenseur du numérique vers le papier.
Une autre question qui se pose également, est de savoir si la presse payante est dans une impasse, ou si au contraire elle a encore devant elle un bel avenir.
Pour tenter d'aider à sauvegarder la monétisation de l'information en ligne, le gouvernement pourrait plancher sur un principe de "licence globale" s'appliquant à la presse.
Pour Nathalie Collin, co-directrice de Libération, la survie de la presse doit passer par un effort financier de la part des Internautes et des fournisseurs d'accès à Internet.
Elle propose que les internautes s'acquittent d'un abonnement qui serait reversé aux principaux organismes de presse. Sa proposition serait-elle retenue et concrétisée ?
Il y a un an (le 19/11/2009), nous avions lancé ici même le sondage suivant : "Presse en ligne : êtes-vous prêt à payer pour lire un contenu ? ".
Les réponses on été édifiantes :
- Oui, sous forme d'abonnement (6.06%)
- Oui, au cas par cas (12.12%)
- Oui, si c'est en complément d'une offre gratuite (sur le modèle du Monde) (13.13%)
- Oui, sous forme de licence globale liée à l'abonnement Internet (11.11%)
- Non, mais une fois de temps en temps, pourquoi pas (17.17%)
- Non, jamais (59.60%)
- Je ne sais pas (3.03%)
Nos concitoyens ne semblent clairement pas prêt à ouvrir leur porte-monnaie pour la presse payante sur la Toile. Par ailleurs, le très célèbre et fiable institut de sondage Forrester Research avait posé la même question à un panel (4.700 lecteurs américains), pour arriver au résultat que 80% des lecteurs ne sont plus prêts à payer pour accéder à des contenus informatifs en ligne.
Malgré tout, il reste encore 20% d'individus favorables à l'information payante sur Internet. Cela s'est également ressenti sur Developpez.com, où un lecteur poste ce commentaire en réponse au sondage indiqué plus haut :
" Je vais peut être vous étonner, mais je suis prêt à payer pour lire en ligne.
En France, j'étais abonné au canard enchaîné, journal qui ne vit que par ses ventes et absolument sans publicité. Depuis que je suis à Toronto, je ne peux plus le recevoir que 6 jours en retard avec l'abonnement international, ou le vendredi après midi pour un prix exorbitant à la maison de la presse.
Cela fait déjà 2 mails que je leur envoie pour qu’ils mettent ce service en place, mais rien n'y fait, ils sont têtus les bougres.
J'entends les haro : Pourquoi payer quand le gratuit existe... demandez vous alors ce que le gratuit a comme prix.
- indépendance inexistante quand le budget tient aux annonceurs.
- publicité intrusive dans le journal
Moi je paye et j'en suis fier, parce que le métier de journaliste n'est pas celui de blogueur et qu'il mérite d'être rémunéré à sa juste valeur.
Quand je reviendrais en France, je me réabonnerai au canard parce que je n'imagine pas ne pas le faire."
Un autre internaute de renchérir :
"Moi je suis prêt à payer pour du contenu presse en ligne et je le fais déjà d'ailleurs. Les contenus presse en ligne on en trouve partout, mais des contenus fiables, objectifs et qui ne se contentent pas de relayer des rumeurs y'en a pas beaucoup. "
Ce qui pose clairement la question de la qualité de l'information. Pour beaucoup de lecteurs, gratuit rime souvent avec peu fiable, bâclé, ou moins sérieux que les autres. Est-ce réellement le cas ?
En début d'année, notre ministre de la Culture Frédéric Mitterand était invité de l'émission "Questions de génération" sur France 4. Il y a tenu des propos pour le moins dépréciatifs envers les rédacteurs du net, leur reprochant de faire de "l'intox" plutôt que de l'information. Il se désole aussi de "l'impunité" permise par "le statut anonyme des blogueurs".
Pour remédier à cela, il propose la création d'un label de "bonne presse" duquel les blogs seraient exclus : "Je voudrais simplement qu'on développe une éducation sur Internet, qu'on sache se servir d'Internet en étant un peu méfiant avec toutes les informations qu'on peut avoir", explique-t-il pour se justifier.
Bernard Henri Lévy, en revanche, c'est exprimé en faveur de la valeur des contenus numériques : "Je ne suis pas d'accord avec l'idée d'Internet poubelle de l'information. Il y a une grande presse écrite, et il y a une presse écrite poubelle. Il y a aussi une presse poubelle dans la presse écrite. Internet c'est pareil, il y a de l'internet poubelle, et il y a de l'internet qui donne de la vraie information". "Sur Internet quand il y a une bêtise, on peut rectifier tout de suite. Moi j'ai assez vu des directeurs de journaux, à l'époque où la presse régnait en maître, renâcler à publier des droits de réponse, il fallait leur envoyer des avocats, ça prenait 8 jours, le mensonge avait le temps de s'incruster avant que l'on puisse corriger. Les forums sont une chose extraordinaire où on peut instantanément corriger une contre-vérité", poursuit-il.
Comment alors différencier presse en ligne et écrits en ligne ? Quel statut pour les journalistes nouveaux médias ?
Depuis peu, les éditeurs de sites d'information ont leur statut. Ils ne bénéficieront pas, comme les journaux traditionnels, d'une TVA à 2,1 % sur les recettes de vente. C'est un taux de 19,6 % qui leur sera appliqué. Juridiquement, ils auront les mêmes soucis de responsabilité, sauf en cas d'intervention d'internautes extérieurs à la rédaction.
Mais pour être reconnu par l'Etat comme un « éditeur de presse en ligne », il faudra respecter les critères suivants :
* Le renouvellement régulier du contenu ;
* Un traitement à caractère journalistique ;
* Un caractère d'intérêt général ;
* Le fait de ne pas constituer un outil de promotion ;
* L'emploi, à titre régulier, d'au moins un journaliste professionnel.


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