
Facebook a en effet révélé le problème dans un message publié dans son centre d'aide aux annonceurs en août de la même année : pendant deux ans, le réseau social bleu n'avait compté que les visionnages de vidéos d'une durée supérieure à trois secondes dans le calcul de sa métrique « durée moyenne de visionnage de vidéos ». Les vues vidéo de moins de trois secondes n’ont donc pas été prises en compte, ce qui a surestimé la durée moyenne d’une vue. Pour corriger ce problème, la société a remplacé la métrique par une autre qui reflète toutes les vues de vidéos, peu importe la durée du visionnage.
Après ces révélations, un groupe de petits annonceurs a engagé une action en justice devant un tribunal fédéral de Californie en 2016, alléguant que la firme de Mark Zuckerberg a eu un comportement déloyal en diffusant des statistiques inexactes qui surestimaient considérablement le temps passé par les utilisateurs à regarder des annonces vidéo. Dans le cadre des procédures judiciaires, les plaignants avaient obtenu quelque 80 000 pages de documents internes de Facebook à examiner. À la suite de l'examen des documents, les annonceurs ont déposé mardi une nouvelle plainte pour fraude contre le géant des réseaux sociaux.
En révélant le problème en 2016, Facebook avait affirmé avoir « récemment découvert » l'erreur, mais sur la base des documents examinés, les annonceurs soutiennent que Facebook connaissait le problème dans la manière dont l'entreprise mesurait l'audience des annonces vidéo sur sa plateforme pendant plus d'un an avant de les divulguer en 2016. Les documents montreraient en effet qu'en juillet 2015, la société avait reçu des demandes de plusieurs annonceurs concernant des métriques vidéo qui paraissaient suspectes et Facebook avait compris la nature de l'erreur de calcul assez rapidement. La société n'aurait toutefois pas divulgué les informations pendant plus d'un an.
En plus, le géant des réseaux sociaux a déclaré à certains annonceurs qu'il surestimait probablement le temps moyen passé à regarder des vidéos de 60 % à 80 %. Mais dans la plainte déposée mardi, les annonceurs affirment que l'erreur était beaucoup plus grande et que les chiffres d'audience moyens avaient été gonflés de 150 % à 900 %.
Facebook a déclaré à l’époque que l’erreur n’affectait pas la facturation. Mais cela ne résout pas la question pour les plaignants. Pour ces derniers, le problème est que les déclarations fausses de Facebook « ont incité » les annonceurs à acheter des annonces vidéo et à payer davantage pour les annonces vidéo de Facebook, car ils estimaient que les utilisateurs visionnaient des vidéos plus longtemps qu'il en était en réalité. Après tout, si personne ne regarde les vidéos Facebook, pourquoi les annonceurs y miseraient-ils ? On pourrait donc penser que Facebook a gonflé ses chiffres pour faire croire aux annonceurs que les annonces vidéo sont plus efficaces qu'elles le sont en réalité.
La plainte vise à obtenir le statut de recours collectif et des dommages-intérêts pour punir la fraude à laquelle s'est adonnée l'entreprise. Dans un communiqué, une porte-parole de Facebook soutient toutefois que « toute suggestion selon laquelle [l'entreprise] a tenté de cacher ce problème à [ses] partenaires est fausse. Nous avons signalé l'erreur à nos clients lorsque nous l'avons découverte - et avons mis à jour notre centre d'aide pour expliquer le problème », dit-il. Facebook affirme donc que l'action en justice est sans fondement et a décidé de contester la plainte pour fraude.
Source : The Wall Street Journal
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