Il y a environ trois ans, Dominion Energy Inc., la plus grande compagnie d’électricité de Virginie aux États-Unis, prévoyait de faire passer une ligne aérienne électrique à travers un ancien champ de bataille de la guerre civile et une zone habitée pour alimenter un centre de données d'une filiale d’Amazon. Les populations riveraines, au cours de ces trois dernières années, ont fait circuler pétition sur pétition et ont organisé manifestation sur manifestation pour exprimer leur vive désapprobation. Finalement, il y a quelques mois, Dominion Energy a enfin consenti à placer la partie de la ligne dont l’emplacement posait problème le long d’une autoroute pour un coût estimé à 172 millions de dollars.
Les populations pensaient donc avoir remporté une éclatante victoire, jusqu’à ce qu’ils apprennent que la responsabilité des coûts de l’opération allaient leur être transférée. La Chambre des Délégués de l’État de Virginie a approuvé la proposition de Dominion Energy visant à collecter les fonds nécessaires pour la ligne Amazon avec une redevance mensuelle non annoncée. Ce qui n’est pas une réelle surprise puisque dans au moins deux États, Amazon s’est arrangé avec les services publics et les politiciens pour que les millions de dollars de factures d’électricité et les incitations fiscales estimées à 1,2 milliard de dollars soient déchargés sur d’autres personnes.
Amazon domine le marché cloud américain de la tête et des épaules et au cours de ces dernières années, ce marché a connu une forte augmentation de sa consommation électrique. Autrefois inexistant, le marché cloud représente désormais 2 % de la consommation électrique des États-Unis. Et « Amazon y est pour beaucoup, car il n'y a pas eu beaucoup d'autres secteurs en croissance sur le marché de l'électricité », a expliqué Neal Elliott, directeur de la recherche au Conseil américain pour l’économie énergétique (ACEEE), un groupe de lobbying vert. La société a également renforcé le secret entourant le paiement de l’électricité, a déclaré le défenseur de l’environnement Greenpeace, qui considère Amazon comme le plus grand obstacle à la transparence du secteur de l'électricité.
Contrairement aux incitations fiscales qui doivent finalement être divulguées au public, les coûts des transactions d’électricité restent généralement cachés bien qu’ils nécessitent l'approbation des organismes de réglementation de l'État. En Virginie par exemple où Amazon exploiterait 29 centres de données et planifierait d’en créer 11 de plus, la demande de la société pour un accord sur les tarifs spéciaux comporte deux versions : une version publique fortement rédigée et une autre sous scellée avec les autorités de réglementation de l'État. Amazon aurait également négocié une réduction de taux confidentielle avec American Electric Power dans l’Ohio où elle a reçu 77 millions de dollars d’incitations fiscales pour trois de ses centres de données en 2016. Fin 2017, Amazon aurait payé 12 millions en échange de tarifs réduits. Ces 12 millions ont ensuite été retranchés des surcharges que les populations devaient payer.
Les seuls acteurs, hormis Amazon et American Electric Power, qui connaissent la valeur de l’accord sur les taux dans l’Ohio sont la Commission des services publics et JobsOhio, l’agence de développement économique privatisée financée par l’État. Amazon a déclaré que le montant de la remise est un secret commercial et qu’une clause de l’accord stipule qu’elle ne fera pas l’objet d’un examen public avant au moins cinq ans.
Selon une étude de l'ACEEE de 2016, Amazon ne fait que suivre la vieille tradition américaine qui veut que les populations soient forcées de payer les factures de services publics installés à proximité d’eux. Mais, il ne faut pas omettre qu’avant, tous ces services publics étaient de réels moteurs de croissance de l’emploi. Là où une aciérie créait 2000 emplois, un centre de données n’en crée que 50.
« Si ces réductions génèrent le type de prime économique que revendiquent les responsables, pourquoi ne sont-ils pas disposés à nous montrer quelles sont les réductions ? », s'interroge Zach Schiller, directeur de recherche chez Policy Matters Ohio. Ned Hill, l’économiste de l’État, explique que les réductions de prix sont traitées comme des secrets commerciaux par les services publics et qu’il faut plus de transparence dans le secteur. « Tous les documents doivent être rendus publics avant toute action », a-t-il ajouté. Il précise qu’il faut que le langage employé dans les dépôts soit aussi clair et non technique que possible.
Source : Bloomberg
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Le service cloud peut-il être considéré comme service public à votre avis ? Pourquoi ?
Voir aussi
Amazon Lumberyard en pleine transition vers Qt, le framework de création d'interfaces graphiques faciliterait le développement d'outils intuitifs
Amazon Cloud Drive : Amazon a mis fin à son offre de stockage illimité et propose aux clients des plans de stockages jusqu'à 30 To à 1799,70 $ /an
Amazon envisage d'abandonner complètement les SGBD et services d'Oracle d'ici 2020, Oracle serait incapable de répondre à ses besoins de performance
Amazon suit Google et Apple et interdit les bloqueurs de publicité sur sa vitrine de téléchargement, évoquant une violation de sa politique de contenu
USA : des factures d'électricité d'Amazon payées par les citoyens à proximité de ses datacenters
Car ils sont considérés comme des services publics
USA : des factures d'électricité d'Amazon payées par les citoyens à proximité de ses datacenters
Car ils sont considérés comme des services publics
Le , par Bill Fassinou
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !