- la première c’est qu’il est désolé ;
- la seconde, c’est qu’il n'est pas un agent russe (Kogan, qui est né en Moldavie, a déménagé à Moscou dans son enfance avant d'émigrer aux États-Unis, où il est devenu citoyen).
Pour ceux qui ne se souviennent pas de l’importance de son rôle dans cette affaire, faisons un petit rappel de la façon dont Cambridge Analytica a obtenu des données Facebook sur plus de 87 millions de personnes.
Il faut d’abord savoir que Cambridge a payé pour acquérir les renseignements personnels par l'intermédiaire d'un chercheur externe, le Dr Aleksandr Kogan qui, selon Facebook, prétendait les recueillir à des fins académiques. Il ne s’agit donc pas d’une violation du système de Facebook.
Ceci étant dit, Facebook offre un certain nombre d'outils technologiques pour les développeurs de logiciels, et l'un des plus populaires est Facebook Login, qui permet aux gens de simplement se connecter à un site Web ou une application en utilisant leur compte Facebook au lieu d’enregistrer de nouvelles informations. Vous verrez probablement le même système avec d’autres services populaires comme celui de Google.
Les gens s’en servent probablement parce que c'est facile (en deux clics, ils peuvent créer leur compte) et élimine le besoin de se souvenir d'une nouvelle combinaison pseudo/MdP.
Seulement voilà : lorsque les utilisateurs se servent de Facebook Login, ils accordent au développeur de l'application une série d'informations provenant de leur profil Facebook, telles que leur nom, leur emplacement, leur adresse e-mail ou leur liste d'amis. C'est ce qui est arrivé en 2015, quand ce professeur de l'Université de Cambridge nommé Dr Aleksandr Kogan a créé l’application qu’il a baptisée « thisisyourdigitallife » qui utilisait cette fonctionnalité de connexion de Facebook.
En échange de 4 $, les internautes étaient invités à se connecter avec leurs identifiants Facebook et à répondre à une série de questions. Quelque 270 000 personnes ont utilisé Facebook Login pour créer des comptes et ont ainsi choisi de partager leurs données personnelles avec Kogan.
Dr Aleksandr Kogan
« À l'époque, nous pensions que tout allait bien, mais mon opinion a vraiment changé », a déclaré le professeur de 28 ans au Times. « Je pense que l'idée de base que nous avions – que tout le monde sait, et personne ne s'en soucie – était erronée », a-t-il ajouté. « Pour cela, je suis sincèrement désolé. »
Comme il l'a expliqué à CBS : « Cela semble fou maintenant, mais c'était une caractéristique de base de la plateforme Facebook depuis des années, ce n'était pas une permission spéciale que vous deviez obtenir, c'était quelque chose qui était disponible pour tous ceux qui étaient des développeurs. »
La lente descente aux enfers
Une fois que cette débâcle a été rendue publique, l'indignation des utilisateurs de Facebook et des représentants de l'État s'est amplifiée à telle enseigne que Mark Zuckerberg, le chef de la direction de Facebook, s’est vu contraint de témoigner devant deux comités sénatoriaux plus tôt ce mois-ci.
Facebook a qualifié l'application de Kogan et les actions de Cambridge Analytica « d’abus de confiance », ce que Kogan a estimé avoir été « frustrant ».
« Si j'avais la moindre idée que ce que nous allions faire allait détruire ma relation avec Facebook, je ne l'aurais jamais fait », a-t-il déclaré à CBS. « Si j'avais pu imaginer que j'allais provoquer la colère des gens, je ne l'aurais jamais fait, à l’époque nous n’en avions pas conscience. »
Kogan estime que cette mauvaise presse lui est « toxique » et va probablement lui fermer les portes d’un futur emploi.
Facebook se montre sceptique
Il n’a pas manqué de rappeler sa relation avec Facebook qui a débuté en 2013 et s’est amplifiée en 2015. Néanmoins, Ime Archibong, vice-président des partenariats produits de Facebook, a diffusé un communiqué dans lequel il explique : « À aucun moment durant ces deux années, Facebook n'était au courant des activités de Kogan avec Cambridge Analytica. »
« Ce n'est qu'en décembre 2015 que nous avons appris que Kogan avait brisé les conditions d'utilisation de Facebook en vendant les données de Cambridge Analytica collectées via une application qu'il avait développée, nous avons rapidement fermé son application, lui demandant de supprimer toutes les informations. En rétrospective, nous aurions dû faire un suivi pour confirmer qu'il avait supprimé l'information et avisé les personnes touchées, ce qui se produit maintenant. »
Source : NYT, BF, CBS
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