Dirigée par trois majors en informatique de Stanford et un étudiant en médecine de l'hôpital de Stanford, la SSAAD a protesté devant le magasin Palo Alto d'Apple, un site qui a historiquement été visité personnellement par des dirigeants clés d'Apple. Le groupe a distribué des brochures et a tenté de rallier le public à sa cause, appelant Apple à prendre des mesures spécifiques pour diminuer le caractère addictif des iPhone.
« Nous avons senti que c'est le genre de changement que beaucoup de consommateurs doivent exiger avant qu'Apple ne réagisse effectivement », a déclaré Sanjay Kannan. « Nous avons fait des recherches sur la prévalence du problème, et nous avons réalisé que 50 % des adolescents sont accros à leur téléphone, et 69 % des [parents] vérifient leur téléphone toutes les heures. »
Kannan a cité les statistiques d'un sondage réalisé en 2016 par Common Sense Media, qui a organisé 1240 entrevues avec des adolescents de 12 à 18 ans et leurs parents. Kannan est à la tête de la SSAAD aux côtés d'Evan Sabri Eyuboglu, Cameron Ramos et Divyahans Gupta, qui sont tous des majors en informatique de Stanford.
Selon la brochure, dont une version est disponible en PDF, les étudiants rappellent que l’addiction à nos téléphones (dans le cas d’espèce au iPhone) a des conséquences :
- la dépendance au téléphone cause du stress ;
- la dépendance au téléphone nuit aux relations ;
- la dépendance au téléphone nuit à la productivité.
Les étudiants expliquent également pourquoi ils tiennent Apple pour responsable : « Les iPhone sont notre passerelle vers les services de dépendance (comprendre Facebook et compagnie), alors Apple est parfaitement capable de nous aider à freiner notre dépendance. Bien que le modèle d'affaires d'Apple ne repose pas sur la dépendance de l'appareil, ils ne parviennent pas à prendre des mesures de bon sens pour répondre au problème. »
Quelles solutions proposent-ils ?
Selon eux, Apple devrait prendre très sérieusement la dépendance aux téléphones et :
- définir des modèles d'utilisation transparents : déployer une application dans chaque iPhone qui suit l'utilisation du téléphone et signale clairement les modèles (un peu comme le ferait une application de santé, sauf qu’au lieu de compter les étapes, celle-ci va suivre combien de temps vous passez sur Facebook, Snapchat, Instagram, Reddit, etc.) ;
- une amélioration du contrôle des notifications : autoriser les utilisateurs à avoir un contrôle plus fin de leurs notifications (les étudiants pensent notamment à des notifications uniquement sur des choses dont les utilisateurs se soucient vraiment) ;
- des modes pour réduire la distraction : il s’agit ici de donner aux utilisateurs la possibilité d'utiliser leur téléphone de manière plus simple (un peu comme le mode avion ou le mode économie d’énergie, ce mode qu’on pourrait baptiser « essentiel » se limiterait aux appels, aux SMS et aux photos).
Les étudiants suggèrent que les utilisateurs fassent bloc avec eux pour demander ces fonctionnalités. Ils leur demandent également de rendre leurs appareils moins addictifs en :
- surveillant l'utilisation de votre téléphone ,
- désactivant les notifications ;
- en activant le mode Grayscale (nuance de gris) pour minimiser les coups de dopamine. Rappelons que ce mode permet d’afficher l’ensemble de l’écran d’un mobile en noir et blanc afin de réduire la consommation d’énergie de la batterie (les utilisateurs sur Android peuvent utiliser par exemple l’application « Monochrome » du Play Store).
Kannan a dit qu'il espère que si Apple, un poids lourd dans l'industrie du smartphone, introduit des mesures pour réduire la dépendance au téléphone, d'autres entreprises vont lui emboîter le pas.
« Historiquement, Apple a été la seule [société] à populariser de nouvelles fonctionnalités et en faire quelque chose que tout consommateur de téléphone attend », a expliqué Kannan. « Face ID en est un bon exemple. D'autres entreprises l'ont fait avant Apple, mais une fois qu'Apple l'a fait, c'est comme si [c'était devenu] quelque chose que nous devions tous avoir ».
Plusieurs passants se sont ralliés à la cause. « Je suis d'accord à 100 % », a déclaré un habitant de Palo Alto, faisant allusion aux revendications des manifestants. « Les jeunes d'aujourd'hui sont complètement dépendants de leurs téléphones. »
Maria Bojorquez, une étudiante de Stanford non affiliée à la manifestation, était également d'accord avec les observations de la SSAAD et le souhait de l'organisation de voir les entreprises de fabrication de téléphones instituer des réformes éthiques.
« Il est clair que bon nombre de mes amis sont accros à leur téléphone », a déclaré Bojorquez. « Quand nous sortons, ils vérifient constamment leurs notifications. Je pense que si [quelqu'un] était en mesure de voir le nombre de fois qu'il vérifie ses notifications par jour, alors il comprendrait qu’il a un problème ».
Les fondateurs de SSAAD croient qu'eux, ainsi que d'autres étudiants en informatique, ont l'obligation morale de parler de la dépendance à la technologie : « Nous allons travailler pour ces différentes entreprises et nous devons avoir une base éthique », a déclaré Kannan. « Je dirais que c'est l'un des problèmes les plus controversés. Je pense que beaucoup de gens sont d'accord pour affirmer que les gens sont accros à leur téléphone ».
Source : Stanford Daily, brochure (au format PDF)
Et vous ?
Que pensez-vous de cette initiative ?
Quel est, selon vous, le degré de responsabilité d'un constructeur sur la dépendance à un smartphone ?
Quelles mesures pouvez-vous proposer aux utilisateurs pour réduire au maximum cet état de dépendance ?