Chevalier assure qu’en novembre 2017, il a été renvoyé pour avoir dénoncé la note controversée de James Damore.
En août dernier, Damore affirmait que « Nous avons tous des préférences et croyances morales sur la façon dont le monde est et doit être. Avoir ses points de vue contestés peut être douloureux, nous avons donc tendance à éviter les personnes ayant des valeurs différentes et à nous associer à celles qui partagent nos valeurs ». Toutefois chez Google, disait-il, « cette autoségrégation est devenue beaucoup plus puissante au cours des dernières décennies », faisant référence à l'idéologie de l'entreprise au sujet des inégalités de genre dans le monde et dans la tech en particulier. Damore estimait que la croyance au sein de Google, c’est que « toutes les inégalités sont dues à un traitement différencié et toutes les personnes sont intrinsèquement les mêmes » et que personne n’a intérêt à aller à l’encontre de cela.
L’ancien Googler est même allé jusqu’à décrire Google comme une « chambre d'écho particulièrement intense » et les chambres d'écho, comme il l’expliquait, « se maintiennent en créant un esprit partagé et en gardant la discussion confinée dans certaines limites […] Mais, les chambres d'écho doivent également se prémunir contre la dissidence et l'opposition. » Une analogie qui lui permet d’affirmer qu’un consensus au sein de la chambre d’écho est donc maintenu en humiliant les gens qui s'opposent à l'idéologie du groupe pour les amener à se conformer ou en les excommuniant s'ils persistent à violer les tabous. Cela sert notamment à « avertir les autres que le même châtiment les attend s'ils ne se conforment pas » aux principes du groupe.
Aussi, Damore a été renvoyé pour avoir avancé des « stéréotypes sexuels préjudiciables » en août 2017 après son mémo qui a soulevé la polémique. Le licenciement de Damore est devenu un point critique pour les conservateurs et, en janvier, il a intenté un recours collectif alléguant que Google pratiquait une discrimination contre les conservateurs blancs.
James Damore
La plainte de Damore comprenait près de 100 pages de captures d'écran de communications internes chez Google qui caractérisent, selon la plainte, une hostilité généralisée contre les points de vue conservateurs.
La plainte de Chevalier quant à elle vient apporter une autre perspective au débat.
Dans une déclaration, Chevalier a affirmé que « C'est une cruelle ironie que Google ait tenté de justifier son licenciement en affirmant que mes publications sur les réseaux sociaux étaient biaisées contre mes harceleurs ». Et de continuer en assurant que « Les lois contre la discrimination visent à protéger les groupes marginalisés et sous-représentés – pas ceux qui les attaquent. »
Chevalier, qui se trouve être handicapé et transgenre, allègue que les messages, qu’il a publiés en interne, et dans lesquels il a défendu les femmes de couleur et les personnes marginalisées, ont conduit directement à son licenciement en novembre 2017. Il avait travaillé chez Google pendant un peu moins de deux ans.
Il faut préciser que les messages de Chevalier avaient été cités dans la plainte de Damore contre Google comme preuve que Google a permis aux libéraux de s'exprimer au sein de l'entreprise sans être punis. La plainte de Chevalier allègue que son licenciement est, en fait, une forme de punition.
Chevalier a régulièrement participé à ces discussions internes, peut-on lire sur la plainte, « appelant la discrimination et le harcèlement par leur nom et en demandant à ses pairs de réfléchir sur des perspectives différentes des leurs. »
Dans une déclaration envoyée par courriel, Google a tenté d’expliquer la raison du renvoi de Chevalier.
« Le débat animé constitue une partie importante de notre culture. Mais, comme dans tout lieu de travail, cela ne veut pas dire de laisser tout passer », a déclaré Gina Scigliano, une porte-parole de Google. « La grande majorité de nos employés communiquent d'une manière conforme à nos politiques. Mais quand un employé ne le fait pas, c'est quelque chose que nous devons prendre au sérieux. Nous prenons toujours nos décisions sans tenir compte des opinions politiques de l'employé. »
Dans la plainte, Chevalier avance qu’il a été réprimandé par son manager pour avoir passé trop de temps sur « l'activisme social » à cause du billet de blog qu'il a écrit et qui critiquait le mémo de Damore, le traitant de « misogyne ». Selon la plainte, Google s'est opposé à l'utilisation par Chevalier de l'expression « garçons blancs » dans son blog, car elle « pourrait être perçue comme une généralisation sur la race et le genre. »
Chevalier en est venu aux mêmes conclusions que Damore : « En vérité, la promesse de Google de permettre à ses employés de parler librement ne concerne que les personnes qui représentent le point de vue de la majorité et utilisent la rhétorique de la majorité. »
Source : plainte de Chevalier (en PJ)