« Petit background sur moi-même : je suis une autodidacte de seize ans. J'apprends la conception et la programmation numériques depuis l'âge de treize ans. J'étais la plus jeune stagiaire chez Salesforce à Bangalore à l'hiver 2016.
« J'ai participé au programme d'été MIT Launch en été 2017 où mon équipe et moi avons lancé Universeaty. C'était la première fois que je m'essayais à des applications iOS et je savais combien il était plus rapide de créer des produits tangibles et de voir les résultats de mon travail lors de la création d'applications mobiles. Apporter mes idées au logiciel était beaucoup plus facile et plus amusant !
« J'ai commencé à apprendre le développement d'applications Swift et iOS à partir de cours en ligne sur Treehouse, j'ai regardé des vidéos sur YouTube et j'ai pratiqué la construction d'applications basiques. Cela a défini mes bases de programmation. J'ai commencé à créer des applications plus sérieuses et complexes après quelques semaines d'apprentissage et de pratique.
« Vers le 20 novembre 2017, j'ai décidé que je voulais travailler sur un traqueur de prix de cryptomonnaies, des alertes et une application de gestion de portefeuille. »
Interface de l’application développée par Arora
L’application est devenue populaire, probablement à cause du contexte (âge, sexe et expérience), et a valu à l’adolescente les appréciations de la communauté des développeurs, parmi lesquels le PDG de Product Hunt.
Un développeur s’est intéressé de prêt à cette histoire, sans doute intrigué par le fait qu’une autodidacte de seize ans, avec seulement quelques semaines d’apprentissage en développement, puisse réussir à produire cette application : « Après avoir lu son billet de blog, son histoire stackoverflow/github dans une tentative de comprendre ses luttes en tant que programmeur autodidacte, j’ai réalisé qu’elle n’a pas du tout livré de batailles ! Les développeurs autodidactes ont toujours de nombreuses questions, mais elle ne semblait pas en avoir ! Il n'y a pas non plus de progression de toutes les tâches qu'elle a accomplies. »
Et de continuer en disant « Qu’en tant que développeur à plein temps (plus de quatre ans d'expérience de travail), je connais le niveau d'effort nécessaire pour lancer une appli. Prétendre le faire en deux mois avec un pitch prêt pour les médias est pour le moins suspect. Quelque chose n'allait pas, alors j'ai décidé de creuser en profondeur. J'ai utilisé un iPhone de rechange pour obtenir l'application, puis utilisé https://github.com/BishopFox/bfdecrypt et https://github.com/BishopFox/bfinject pour décrypter l'application. »
Voici ce qu’il affirme avoir découvert :
- non, elle n'a pas codé l'application comme elle le prétend. « Pour sa défense, elle a obtenu de l'aide de quelques personnes, mais j'appellerais cela du bluff, étant donné que cette aide est interprétée comme étant plus de 50 % de 90 % des commits git » ;
- il n'y a pas de story-board. « Pour tout développeur iOS qui commence à peine, faire une application sans story-board est tout simplement incroyable » ;
- « Après avoir converti les fichiers .nib en format lisible, j'ai trouvé le nom du développeur principal qui n'a probablement pas eu de crédit pour la construction d'une merveilleuse application, alors qu'elle est saluée comme le prochain prodige mondial » ;
- « Maintenant, un moyen commun de dissimuler le plagiat dans les applications est de remplacer l'ID de bundle avec le vôtre. Mais, les traces sont parfois laissées dans le code. Donc, nous avons fait un grep pour com sur les chaînes dans l'application décryptée, vous remarquerez que sur la ligne 929 il y a une mention de bibliothèque qui n'existe pas, et donc je suis enclin à croire que [cette bibliothèque appartient probablement à] l'auteur du code original » ;
- en discutant avec le développeur en question, il est allé jusqu'à dire qu'il lui « permettait » de prendre la paternité de l'application, étant donné certaines « circonstances ». « D’accord, nous ne le voyons pas s’accaparer des félicitations que la jeune fille a reçues pour son application. Est-ce donc là une appréciation d'un soi-disant mentor ? »
Par la suite, il affirme « qu’ils » (probablement certains de ses collègues/amis et lui) ont essayé de faire entendre leur voix sur les forums spécialisés et sur des plateformes de réseau social comme Facebook. Il est allé jusqu’à poster un échange entre l’adolescente et un collègue où elle affirme n’avoir pas développé toute l’application à elle seule.
« Nos messages ont été supprimés, les comptes signalés et bloqués, tout cela parce que nous avons interpellé une personne sur sa malhonnêteté et son éthique de travail. Alors, voici une autre tentative de faire la différence », a assuré le développeur.
« Avant que quelqu'un ne vienne me traiter de tyran ou prétendre que je la harcèle, je tiens à dire que je n'en suis pas un. J'énonce simplement les faits. Elle était devenue la porte-flambeau de Women-in-Code. Je ne suis pas d'accord avec ça. Ce genre de gens donne un mauvais nom à Women-in-Code, parce que ma chérie, ça demande du travail, de faire face à la compétition, de la persistance et de la patience malgré le sexisme pour se faire une place dans cette industrie convoitée par les hommes. Être la mascotte des femmes dans le logiciel, sans savoir comment faire un travail décent en plus d’avoir une mauvaise éthique de travail n'est pas juste ! Fin. »
« Même si elle était juste une architecte de l'application, je crois qu'elle devrait affirmer n’être que cela, et pas prétendre être la développeuse principale de l'application. Beaucoup d'entreprises/entrepreneurs embauchent des développeurs indépendants pour développer des prototypes initiaux et il n'y a rien de mal à cela. Mais une développeuse de seize ans qui revendique la notoriété comme étant la personne qui a conçu, développé et commercialisé une application en moins de trois mois est un peu tiré par les cheveux et décourage vraiment ceux qui tentent d’apprendre la programmation en autodidacte. Le développement logiciel est un travail difficile. Des pouvoirs prodigieux ne sont pas requis. »
La réaction de la communauté des développeurs face à ce billet de blog a été très vive. Certains ont applaudi ce développeur pour avoir démasqué l’adolescente, d’autres l’ont défendue bec et ongle, estimant que rien ne prouve qu’elle n’a pas fait ce qu’elle prétend.
Quoi qu’il en soit, l’affaire a pris un autre tournant puisque l’adolescente menace de porter l’affaire devant les tribunaux. Dans son courriel, elle affirme avoir été victime de harcèlement de la part de ce développeur et de ses amis. Aussi, elle a pris les mesures suivantes :
- envoyer un courriel à l’adresse de l’employeur dudit développeur. « Je suppose que tu es au courant de cela puisque tu as enlevé toute mention qui pourrait aider à t’identifier » ;
- rencontrer un avocat pour voir ce qui peut être fait pour rapporter un harcèlement numérique.
« Merci d’avoir lu, je voulais juste que tu saches que tu as dépassé les bornes. Toi et tes amis m’avez traitée de noms d’oiseaux en ligne », a-t-elle écrit avant de demander l’adresse de l’employeur de son ami afin de lui faire parvenir un courriel.
Voyant la situation lui échapper, son ami a appelé le développeur en question, tout paniqué, et lui a indiqué avoir présenté ses excuses, en leur nom à tous les deux, à la développeuse. Ce à quoi le développeur a répondu « cela m'attriste de voir des gens brillants de l'industrie menacés et leurs employeurs harcelés simplement parce qu'ils ont exprimé librement leurs opinions. »
Source : billet du développeur, billet Arora
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