L'Office fédéral allemand de la police criminelle (BKA) utilise un virus de type cheval de Troie pour accéder aux données de personnes suspectées sur leur smartphone avant que les informations ne soient chiffrées par des applications comme Telegram et WhatsApp, selon un rapport du journal allemand Süddeutsche Zeitung et des radiodiffuseurs publics WDR et NDR.
Le BKA utilise le logiciel controversé, qu'il appelle « surveillance des télécommunications de source », pour profiter des lacunes de sécurité qui existent à l'insu du public.
Le BKA maintient que l'utilisation du virus permet à son équipe d'enquêter plus efficacement sur la communication numérique, mais les experts en sécurité estiment que l'outil pourrait être utilisé par des criminels. En outre, les activistes anti-surveillance affirment que son utilisation est une invasion de la sécurité personnelle par l'État - un sujet particulièrement sensible en Allemagne.
La police fédérale se sert du cheval de Troie pour accéder aux informations stockées sur les tablettes, les ordinateurs de bureau et les ordinateurs portables, en plus des smartphones. Pendant des années, ils se sont plaints du fait que les services de cryptage, qui maintiennent les messages entre les utilisateurs privés, ont empêché des enquêtes efficaces puisque de plus en plus de personnes utilisent de telles applications pour leur communication quotidienne.
Les critiques de l'utilisation du cheval de Troie sur les appareils des suspects soutiennent que le BKA est capable de mener ses enquêtes sans se servir de l'outil. Le rapport a souligné que dans des dizaines de cas passés, les enquêteurs ont été en mesure d'ajouter un autre dispositif terminal mobile au compte d'un suspect afin d'accéder aux messages envoyés. Cependant, l'article a précisé que cela n'était possible que lorsque les communications n'étaient pas complètement sécurisées.
Dans un communiqué de presse publié mercredi, Andrej Hunko, politicien et député du Parti de gauche, a critiqué la surveillance des appareils mobiles par l'État, affirmant que « la nouvelle capacité de la police et des officiers va entamer la confiance dans la sphère numérique de la vie privée. » Dans un tweet, il a invité les forces de l’ordre à arrêter.
Cependant, d’après le Deutsche Welle, le parlement allemand a fait passer une loi l’été dernier qui « fixe les lignes directrices pour l’utilisation des chevaux de Troie lors des enquêtes. La loi permet aux enquêteurs d’examiner les communications numériques avant que les procureurs ne commencent à enquêter sur les suspects. » Signe de la manière dont elle a été reçue, elle est surnommée la « loi du trojan étatique ».
En France, sur la captation des données informatiques, la loi prévoit que :
« Si les nécessités de l'enquête relative à l'une des infractions entrant dans le champ d'application des articles 706-73 et 706-73-1 l'exigent, le juge des libertés et de la détention peut, à la requête du procureur de la République, autoriser par ordonnance motivée les officiers et agents de police judiciaire requis par le procureur de la République à mettre en place un dispositif technique ayant pour objet, sans le consentement des intéressés, d'accéder, en tous lieux, à des données informatiques, de les enregistrer, de les conserver et de les transmettre, telles qu'elles sont stockées dans un système informatique, telles qu'elles s'affichent sur un écran pour l'utilisateur d'un système de traitement automatisé de données, telles qu'il les y introduit par saisie de caractères ou telles qu'elles sont reçues et émises par des périphériques audiovisuels.
« Le procureur de la République peut désigner toute personne physique ou morale habilitée et inscrite sur l'une des listes prévues à l'article 157, en vue d'effectuer les opérations techniques permettant la réalisation du dispositif technique mentionné au premier alinéa du présent article. Le procureur de la République peut également prescrire le recours aux moyens de l'État soumis au secret de la défense nationale selon les formes prévues au chapitre Ier du titre IV du livre Ier »
Source : DW, législation française
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La police fédérale allemande accusée d'avoir déployé un cheval de Troie sur les dispositifs de suspects
Pour mener à bien ses enquêtes criminelles
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Le , par Stéphane le calme
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