La recrudescence des cyberattaques relevée au cours de ces derniers mois aurait servi d’électrochoc et permis de sensibiliser les entreprises et les administrations sur la nécessité de surveiller les réseaux et de disposer d’une protection adéquate afin de faire face aux menaces auxquelles Internet expose.
Il faut rappeler que l’exploitation accrue d’Internet, que ce soit au niveau des institutions publiques, des entreprises ou chez les particuliers, augmente de manière significative les risques potentiels liés à l’espionnage, au sabotage ou à l’extorsion de fonds. Par ailleurs, une fois que leur attaque initiale a été couronnée de succès, les pirates auraient tendance à réutiliser des modes opératoires similaires pour arriver rapidement à leurs fins.
Comme l’a souligné Franck Greverie, le responsable Cloud et cybersécurité chez Capgemini, pour être efficace, la protection d’une installation sensible doit « ;à la fois concerner les infrastructures, les applications, les terminaux, les données et la gestion des identités et des accès. ;» Il est aussi essentiel que le dispositif de sécurité adopté ne fasse pas abstraction du renforcement de la protection des équipements anciens pouvant être affectés par des cybermenaces. Ces équipements devraient bénéficier d’une attention égale, voire supérieure, à celle prodiguée au matériel plus récent.
En effet, des équipements anciens se retrouvent parfois intégrés au sein de systèmes informatiques dont le rôle est parfois vital ou critique pour une entreprise alors qu’ils sont complètement désuets (à cause notamment de l’absence de mises à jour régulières). Par conséquent, ils peuvent contribuer à l’entretien de vulnérabilités très anciennes.
Toutefois, au vu de l’immense quantité de données qui transitent sur les réseaux et de la vitesse à la laquelle les cyberattaques s’opèrent (de l’ordre de quelques secondes à plusieurs semaines), il n’est pas aisé pour une entreprise de se protéger sur tous les fronts. Et « ;dans ces conditions, il n’est tout simplement plus possible de demander à un humain de réaliser lui-même la tâche de détection en temps réel ;», a souligné Christophe Jolly, responsable de l’américain Vectra Networks en France.
« ;Le défi n’est pas tellement de savoir détecter en soi les nouveaux types d’attaques, mais de le faire vite ;», observe Thierry Mennesson, consultant au cabinet Oliver Wyman.
Ces raisons ont amené certaines entreprises françaises spécialisées en cybersécurité comme Thales et Capgemini à miser sur le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) afin de détecter et contrer plus rapidement les cyberattaques. Ces entreprises estiment que les technologies liées à IA permettraient de s’appuyer sur l’analyse prédictive pour identifier par déduction bon nombre d’événements anormaux pouvant potentiellement constituer des cybermenaces.
L’humain pourrait être associé à cette démarche en lui confiant un rôle clé au niveau de l’analyse des résultats fournis par l’IA et de la prise de décision finale. L’IA devrait notamment permettre de lutter contre des cyberattaques de type « ;Zero Day ;» dont le nombre devrait exploser avec la multiplication des processeurs, des applications, des systèmes, des machines et des objets connectés qui sont autant de nids fertiles favorisant la prolifération des vulnérabilités.
La Commission européenne estime à ce propos que l’impact économique de la cybercriminalité dans l’UE a été multiplié par cinq entre 2013 et 2017 et que cette valeur pourrait encore être multipliée par quatre d’ici 2019. Europol, pour sa part, a évalué ces pertes à environ 265 milliards d’euros par an.
Il faut signaler que l’entrée en vigueur cette année de la GDPR (General Data Protection Regulation) en Europe et la loi française de programmation militaire (LPM) 2019-2015 qui vise à renforcer la protection des opérateurs d’infrastructures vitales (OIV) comme EDF ou la SNCF devraient permettre de soutenir l’approche suggérée par les entreprises de cyberprotection comme Thalès ou Capgemini.
Source : Reuters
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Le , par Christian Olivier
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